Il existe dans la médina une rue si étroite qu'on l'appelle "la rue pour un seul",
Elle est la ligne d'entrée, longue et sombre. Les murs des maisons ont l'air de se toucher vers le haut. On peut passer d'une terrasse à l'autre sans effort. Les fenêtres aussi se regardent et s'ouvrent mutuellement sur des intimités. Si une seule personne peut passer à la fois, il est bien sûr exclu que les ânes, surtout chargés, puissent y trouver passage.
Cette rue est dans ma mémoire, ancrée comme un souvenir vif. J'en parle souvent même si elle est au fond insignifiante.
En observant les statues de Giacometti, j'ai su qu'elles ont été faites, minces et longues, pour traverser cette rue et même s'y croiser sans peine."