"Un jour un porteur..."
ll grimaça de douleur.
"C'était en 1922. Non, en 1921. Il a perdu ses deux mains. Elles ont gelé. On a beau l'entendre raconter, je ne croyais pas qu'un corps humain pouvait geler pour de bon. Il avait mal fermé la porte de la tente. Au matin, ses mains n'étaient plus que deux morceaux de chair blanche. [...]
Et ensuite, les mains du coolie ont fondu. Je ne sais pas ce qui était le pire, qu'elles gèlent ou qu'elles dégèlent..."
Les deux étaient le rappel sinistre que le corps n'est rien d'autre que de la viande, facile à éclater et à briser, à congeler et à décongeler. Le pire c'était ça : savoir qu'un corps humain pouvait être détruit de mille façons.