Nulle part au monde il n’existe d’espace sans kekkai. Si, tout comme les molécules qui s’entrechoquent dans l’univers, l’homme était jeté dans un monde sans kekkai, il serait pétrifié de terreur ; et si nous étions plongés dans un espace où nous ne pourrions percevoir un kekkai, nous serions étouffés, nous nous sentirions captifs.
La porte mon, le muret hei, les fenêtres mado, aussi bien que les cloisons et portes coulissantes, shoji et fusuma, ou les volets de planches itado, tous doivent être perçus comme des kekkai si l’on veut saisir leur caractère profond. C’est ce qui va caractériser les dispositifs de séparation spatiale du Japon.
Faire dépasser la soie, oshiide, litt. "poussez dehors", est une convention pour suggérer sa présence. Les femmes de la cour, assises à l'ombre des misu, laissaient seulement flotter l'extrémité de la manche ou un pan du kimono par-dessous. On nommait cela oshiidashiginu, litt. "pousser la soie au-dehors". D'après la manche et la couleur du motif, on devinait sans mot dire laquelle des beautés de la cour était assise là.
Pour l'esprit japonais ,la goutte de rosée qui brille sur une feuille de lotus sous le soleil du matin n'est pas un simple reflet ,mais concentre et englobe le ciel et le monde environnant sur sa surface miroitante.