AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Citation de viedefun


— Qui vous a retrouvée ? demanda-t-il. Izzy grimaça à la perspective de lui révéler la vérité que, d’ici quelques minutes, elle ne pourrait plus lui dissimuler. Mais cela n’allait pas plaire au duc. Pas du tout. Elle s’apprêtait à tout lui expliquer lorsque Ransom la prit par les épaules, la mine sombre.
— Écoutez-moi, maintenant. Je ne sais pas qui ils sont ni ce qu’ils vous veulent. Mais tant qu’il restera un souffle d’air dans mes poumons et de la force dans mon corps, je vous jure une chose : je ne les laisserai pas vous faire de mal. Oh. C’était reparti : de nouveau cette faiblesse dans les genoux. Jamais personne – et certainement pas un homme tel que lui – n’avait fait à Izzy pareil serment. Du moins, pas spontanément. Pendant un instant, elle ne put que garder le silence. Sa promesse de la protéger lui tournait la tête. Et elle se sentait coupable de le voir s’inquiéter ainsi pour elle. Un tout petit peu coupable.
— Il s’agit d’une invasion, expliqua-t-elle, mais amicale. Nous recevons la visite de l’armée morangliane. Venez voir, si vous le pouvez. Elle l’emmena vers la galerie de fenêtres qui donnaient sur la cour. Une vingtaine de cavaliers paradaient, suivis de trois voitures. Des chevaliers en armure mirent pied à terre à l’unisson, et les portières des véhicules s’ouvrirent, livrant passage à une douzaine de jeunes demoiselles en tenue médiévale. Des bannières claquaient dans la brise matinale. Izzy ne pouvait distinguer les mots gravés dessus, mais c’était inutile. Elle savait ce qu’ils disaient : « Ne doutez point. »
— Qui sont ces gens ? s’exclama Ransom tandis que l’incroyable cortège franchissait la voûte et pénétrait dans la cour. Que diable veulent-ils ?
— Je vous l’ai raconté, les lecteurs les plus enthousiastes de mon père s’appellent entre eux les Moranglians. Ils ont créé des clubs et, par le biais de lettres circulaires, échangent des nouvelles. Et les Moranglians les plus fervents… eh bien, ceux-ci vont un peu plus loin : ils s’amusent à se costumer comme les personnages créés par mon père et mettent en scène certains des épisodes des Contes. Ils sont très organisés. Ils prêtent serment, ils ont des écussons…
— Quel est cet affreux bruit de ferraille ?
— Ce sont… Elle soupira.
— Ce sont des armures
—Des armures ?
— Je sais que cela doit vous paraître absurde… Elle chercha son châle brodé.
— Je ne vous demande pas d’approuver. Mais ne vous moquez pas d’eux. Elle s’enveloppa de son châle, se pencha par la fenêtre et agita une main.
— Brave peuple de Moranglia ! Tous les jeunes gens réunis dans la cour levèrent les yeux. Les hommes, avec leurs armures de carnaval, se rassemblèrent. L’un d’eux s’avança et mit un genou à terre.
— Gente dame. Je suis sir Wendell Butterfield, commandeur des chevaliers de Moranglia, division du West Yorkshire, et je représente également nos sœurs, section locale des demoiselles de compagnie de Cressida.
— Vous venez de bien loin avec votre équipage, sir Wendell.
— En effet. Ai-je l’honneur de m’adresser à Mlle Izzy Goodnight ?
— C’est moi-même, lança-t-elle en souriant. Mademoiselle Izzy Goodnight. Vos chevaliers et gentes dames sont les bienvenus céans. Pendant que la foule dans la cour l’acclamait, Ransom émit un bruit qui ressemblait à un haut-le-cœur.
— Vous recommencez à parler de cette voix mielleuse.
— Chut, le gronda-t-elle du coin de la bouche. Je ne peux pas leur gâcher ce moment. Ils sont pleins de bonnes intentions.
— Qu’en savez-vous, alors qu’ils font irruption ici à l’aube sans prévenir ? Que peuvent-ils bien vouloir de vous ?
— Il s’agit vraisemblablement d’une simple visite de courtoisie. Peut-être aimeraient-ils faire un tour du château. Nous n’allons pas tarder à en savoir plus. Elle cria par la fenêtre :
— Mon bon sir Wendell, mettez-vous à l’aise. J’arrive tantôt. Ransom tendit une main vers elle.
— Attendez. Vous ne pouvez pas laisser ces imbéciles travestis débarquer ainsi dans mon château, ni tantôt ni jamais. C’est hors de question, Goodnight.
— Ceci est mon château. Et je ne les invite pas à rester ici, mais je tiens à manifester un minimum d’hospitalité envers mes hôtes.
— Ce ne sont pas des hôtes mais des intrus. Vous n’allez rien leur demander, mais leur ordonner de partir. Il fit un signe en direction de la montagne de correspondance, légèrement moins haute qu’avant mais encore impressionnante.
— Si vous comptez toujours revendiquer ce château, il nous reste énormément de travail.
— Le travail devra attendre, dit-elle en se dégageant et en se dirigeant vers la porte. Ils viennent de très loin. Je ne peux les repousser.
Commenter  J’apprécie          00









{* *}