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Citation de viedefun


—J’aimerais bien savoir ce qui se passe ici. Et qu’est-ce que c’est que cette histoire de « Ne doutez point » ? Elle lui prit le bras, et ils se dirigèrent à pas lents vers la folie.
— C’est un célèbre discours des Contes de minuit. Ulric le clame à Cressida juste avant de partir pour une quête lointaine : « Ne doutez point, ma mie, de mon retour. » Et cela continue indéfiniment – « Ne doutez point de mon courage, de ma force, de mon ardeur… »
— Mais pourquoi veulent-elles me le faire dire ?
— Je crains que cela ne vous plaise pas beaucoup, répondit à regret Mlle Goodnight. Mais vous avez des traits communs avec Ulric.
— Moi ? Je ressemble à Ulric ?
— Oui. C’en est même troublant. De larges épaules, des cheveux blond foncé un peu trop longs, le visage mal rasé… Vous êtes pour ainsi dire son sosie, jusqu’à vos bottes élimées.
— Mais… Ransom fronça les sourcils. C’était donc pour ne pas enflammer davantage les imaginations qu’elle avait voulu le soustraire à leur vue.
— Ce personnage, Ulric, il n’a certainement pas de cicatrice.
— Eh bien, figurez-vous que si. Depuis le trente-quatrième épisode, durant lequel il se bat contre le Chevalier des Ombres dans la forêt de Banterwick. Ransom relâcha son souffle. Il commençait à comprendre. Et la nausée l’envahissait lentement. Il la fit s’arrêter et se tourner vers lui. Ce matin, il voyait presque bien. Mieux que jamais. Il était capable d’éviter une grosse racine devant ses pieds ou de distinguer le vague contour des arbres et de la construction en ruine, à défaut de la couleur ou de la forme des oiseaux qui les traversaient. Mais comme il était cruel de savoir qu’il ne la verrait jamais mieux ! Il discernait la courbe large et rouge de sa bouche, et cette masse de cheveux noirs qui se détachaient sur la teinte claire – jaune ? – de sa robe. Mais il n’y voyait pas assez bien pour pouvoir identifier ses émotions sur son visage.
— Je n’en crois rien, déclara-t-il. Vous êtes en train de vous raconter une petite histoire. Depuis le jour de votre arrivée, vous semblez vivre dans un étrange monde imaginaire. Votre propre château, votre propre Ulric balafré et torturé. C’est pour cela que vous ne voulez pas partir d’ici, pour cela que vous ne me laissez pas en paix et que vous descendez tous les matins me regarder dormir. Je suis votre jouet.
— Non, protesta-t-elle. Il vit sa tête se secouer avec vigueur.
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