Thérèse Mercier

J'ai découvert par hasard le texte de la conférence de Thérèse Mercier, institutrice et surtout féministe de la première heure. Elle a vécu à la fin du 19ème siècle et au début du 20ème siècle mais je ne sais pas grand-chose d'elle en dehors du fait qu'elle a travaillé en région parisienne à l'école des filles de Stains et de Boulogne.

Elle est l'auteure d'une conférence intitulée « le Rôle de la femme dans la société » organisée par la Section du Suffrage du Conseil National des Femmes Françaises, salle de la Société de Géographie, le 9 Avril 1908.

Grace à sa collection XIX, la Bibliothèque nationale de France fait ses fonds de tiroirs pour dénicher des textes anciens dont ce petit bijou édité récemment au format numérique. Et c'est très bien.

En introduction, il est précisé par la Section du Suffrage du Conseil National des Femmes Françaises que « La conférence faite par Mlle Thérèse Mercier ayant obtenu un très vif succès, et sa publication nous étant réclamée par nombre d'auditeurs désireux de la lire et de la faire lire, nous en avons fait faire un tirage limité au nombre des auditeurs. »

Le Conseil national des femmes françaises est la plus ancienne des associations féministes encore en activité aujourd'hui. Il fait partie du conseil international et vise à améliorer la situation des femmes dans la famille et la société, travaillant étroitement avec les institutions.

Déjà avec le titre « le rôle de la femme dans la société » Thérèse Mercier positionne son discours comme une question sociale et universelle. Elle dresse le constat de l'asservissement des femmes qui varie selon son la condition sociale et le statut de femme mariée ou pas.

Elle montre à quel point la femme est victime tantôt de l'homme et des lois tantôt des préjugés, des habitudes séculaires et des coutumes qui paralysent ses efforts d'émancipation.

Elle revendique l'accès au travail et à l'égalité des salaires. Elle demande des droits comme le droit de vote et à l'engagement politique en participant à l'élaboration des lois et fait référence à la Déclaration des droits de la femme d'Olympe de Gouges. Quel modèle !

Ce qui est vraiment bien dans ce discours c'est que Thérèse Mercier ne cherche pas à déprécier les hommes mais demande l'émancipation car la femme est digne d'être l'égale de l'homme dans la société et de jouir des mêmes droits que lui. Cet affranchissement étant nécessaire aux uns et aux autres et un bien pour l'humanité, permettant l'épanouissement dans la liberté et la justice.

Pour l'avancement du changement y compris du regard des femmes sur elles-mêmes, elle n'oublie pas de rappeler le rôle du conseil international des femmes et de la franc-maçonnerie mixte qui semble être en projet, pour insister sur la dimension internationale du travail à mener.