« Ma jeunesse ne fut qu’un ténébreux orage,
Traversé çà et là par de brillants soleils ;
Le tonnerre et la pluie ont fait un tel ravage,
Qu’il reste en mon jardin bien peu de fruits vermeils. »
C. BAUDELAIRE, « L’ennemi », Les Fleurs du Mal
À travers un écran, les internautes ne mesurent pas l’impact réel de leurs actes car l’espace numérique n’est pas physique.
Un bruit qui rase les murs tel un noir corbeau annonçant le tourment à venir, un bruit qui grince et sème un fourbe et fallacieux venin. Ainsi, glisse habilement de bouche en oreille la diffamation. Le mal est répandu, ne cesse de croître et de se propager indéfiniment dans les consciences de qui veut bien l’entendre. C’est alors un mouvement de haine et d’exclusion qui se dresse contre un être ignorant soumis à la loi du plus fort.
La rumeur accable un homme intègre avec comme seul dessein sa destruction. Il n’existe pas de mince calomnie, pas d’horreur ni d’absurdité qui n’excitent les plus vils esprits. Ceux qui diffusent le mal avec dextérité et vous sucent le sang jusqu’à la dernière goutte, ces affamés-là qui vivent pour répandre la souffrance autour d’eux n’ont aucune limite.
Tant que l’on n’en comprend pas la signification, on ne s’accoutume pas de l’effet produit par une insulte.
« La haine est la colère des faibles. » disait Alphonse Daudet. Les pauvres garçons. La violence comme exutoire. L’ignorance comme unique savoir.
Cependant, en refusant d’en partager le secret, je me condamnais aux affres de l’obsession. Ces infâmes spectres du passé ne s’atténuèrent pas avec le temps. Au contraire, ils prirent possession de ce qui restait de moi, un vaste champ de ruines.