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Citations de Thierry Goater (36)


Il n'est guère surprenant que l'oeuvre romanesque de Thomas Hardy n'ait pas toujours reçu un accueil très favorable auprès de la critique et des milieux d'influence.Elle se révèle en effet des plus subversives idéologiquement et esthétiquement, en plaçant l'aliénation au coeur de ses préocupations, en déclinant le thème en de multiples figures qui informent toutes les structures des romans et des nouvelles.A tous ceux qui attribuent à la littérature des vertus consolatrices ou le pouvoir de maintenir l'ordre établi, les "Romans de caractère et d'environnement " apportent une fin de non-recevoir cinglante.
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Les personnages souhaitent s'échapper d'une condition jugée absurde, d'un univers qui les ennuie ou étouffe leurs aspirations, mais ils n'y parviennent pas vraiment.La seule issue semble être la mort, liée au désir, à la vie.Avant l'issue fatale et finale, ils ont recours à une fuite figurée afin de transfigurer le monde ou de le quitter.Tantôt ils s'inventent un destin, croient pouvoir se jouer de lui.Tantôt ils métamorphosent le "réel" artificielement ou sensuellement.Tantôt encore ils s'imaginent des mondes à l'image de leurs désirs et de leurs idéaux.
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L'oeuvre de Thomas Hardy, comme toutes les grandes oeuvres d'art, demeure résolument dérangeante parce que polyphonique et, par conséquent, ouverte, inachevée, instable et inclassable.On comprend qu'elle ait beaucoup agacé les critiques qui l'ont exclue de la grande tradition littéraire ou ont tenté vainement de l'emprisonner dans des moules rigides.On a beau essayer de lui donner une définition, de la faire entrer dans un cadre, elle les brise comme autant de carcans.La "signification" de l'oeuvre d'art provient davantage de ses divisions, de ses ambivalences que de son unité.Les "Romans de caractère et d'environnement" réclament, comme Tess, que l'on respecte leur ipséité, le pluriel de leurs significations, l'arbitraire de leurs signes.Leur liberté est au prix de leurs discordances indépassables, de l'acceptation de leur fondamentale aliénation.
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Les identités fausses représentent une forme de mauvaise foi, un moyen de fuir la réalité et l'angoisse de l'existence.Les héros hardyens tentent de s'échapper vers un ailleurs réel plus clément, mais cette fuite littérale est vaine.Ils s'évadent alors dans le divertissement que procurent les paradis artificiels et sensuels, l'imagination, la littérature, le monde des idées ou l'utopie.Toutes ces évasions sont vouées à l'échec, et ils peuvent être séduits par le repli sur soi, le retour à l'immuable et à l'inorganique, prélude et métaphore d'un suicide tragique auquel ils n'ont même plus accès.
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L'incapacité à nouer des liens solides avec autrui se traduit chez Hardy par l'incommunicabilité.L'homme en arrive, comme le héros, dés le début de Jude the Obscure, à se voir nié par le paysage de ses ancêtres, à ne plus comprendre le langage d'un monde devenu absurde et stérile, préfiguration du Waste Land élotien.
Cette aliénation prend une dimension plus grande encore en faisant de l'homme non seulement un étranger dans le monde mais un étranger pour lui-même, en lui ôtant son identité de sujet.Pour le romancier, plus que la fatalité ou le destin familial, le déterminisme spatio-temporel réduit l'être humain à l'insignifiance.A la permanence oppressante des mythes de l'éternel retour succèdent la finitude et l'irréversibilité historiques ainsi que le jeu des coincidences, ce que le romancier appele les "petites ironies de la vie".Poussière cosmique, l'homme pensait pouvoir disposer d'une situation privilégiée dans la nature.Il n'en est rien.Certes il existe une certaine harmonie entre lui et l'environnement naturel mais elle est chargée d'ambivalences.Chez Hardy, contrairement à d'autres auteurs, la découverte scientifique d'un lien organique entre l'homme et la nature ne conduit pas nécessairement à une unité positive, capable de contrebalancer la perte des valeurs religieuses.Car à l'insignifiance viennent s'ajouter l'indiférence divine et l'absence de Providence.Le monde hardyen est un univers darwinien, privé de finalité théologique et dominé par la loi de l'aléa.
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Les fictions hardyennes s'inscrivent dans une esthétique de la rupture, de l'écart et de la mort.La représentation est moribonde et cède peu à peu la place à une figuration déconcertante pour la conscience réceptrice qui y lit sa propre aliénation, celle de l'artiste et de son travail.
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L'oeuvre de Thomas Hardy est dominée par les dissonances et les ruptures.(...)
Les horizons d'attente sont continuellements déçus et le non-sens, l'absurde résultant des fins dédoublées et des sens pluriels menacent de l'emporter.
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Au-delà de la pastorale romantique, l'intertexte biblique ou d'inspiration religieuse subit un traitement parodique.L'allégorie de Bunyan, The Pilgrim's Progress, est citée directement ou de manière allusive dans The Woodlanders mais surtout, nous l'avons vu, dans Tess et Jude.Mais le pèlerinage des héros n'aboutit ni à la Cité Céleste ni à la rédemption chrétienne traditionnelle: Tess est exécutée pour meurtre et Jude meurt dans l'apostasie.Ou peut-être la rédemption s'accomplit-elle dans la subversion: les deux personnages, à la fin de leur parcours, trouvent une forme de sérénité en rupture avec les conventions sociales et les codes religieux.
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Le surnaturel ne reçoit d'explication à aucun moment et verse par conséquent dans une forme de merveilleux, inhabituelle chez Hardy mais qui lui permet d'exprimer les pulsions de l'inconscient et l'irrationnel de l'existence.
La plupart des épisodes analysés correspondent à des moments d'intense révélation, à des "moments de vision" pour reprendre le titre du recueil de poèmes publié par Hardy en 1917.Le narrateur use de cette veine capable de dire l'indicible, l'invisible.Grâce à la logique appartenant à un au-delà du réel, qu'il soit merveilleux, étrange ou tout simplement d'ordre expressionniste, le romancier exprime l'absurdité et le mystère de l'existence et de la psyché.La "logique du rêve" et du fantastique chasse les fantômes de la censure et convoque les esprits qui hantent l'inconscient.
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Le récit hardyen accorde au macabre une place considérable.La mort envahit l'espace textuel dans les ruines, les tombeaux, les scénes d'enterrement et de cimetière en général.On peut d'autre part la lire dans une nature mimant la condition humaine, ses sentiments.
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Hardy se donne pour objectif de faire ressortir l'étrangeté et l'absurdité de la vie et de toucher son lecteur en jouant sur son émotion.(...)
Il puise son inspiration dans une esthétique appartenant à la littérature gothique où l'on trouve des éléments du mélodrame, du macabre ou du grotesque.
Ses personnages si souvent stéréotypés et les nombreuses coincidences ironiques proviennent directement du mélodrame populaire et le romancier les utilise pour mettre en évidence l'artificialité de la société et l'absurdité de l'existence.
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Le destin des personnages hardyens s'avère terriblement lié à l'humaine condition.Les processus d'extranéation et de réification à l'oeuvre dans l'univers et la société se trouvent aggravés par le comportement des hommes, esclaves de leurs passions et de leurs pulsions.L'idée d'un asservissement aux passions n'est bien sûr pas neuve.Elle s'inscrit dans une tradition qui court de l'Antiquité aux Lumières en passant par la Renaissance, mais Hardy s'en démarque, y compris par rapport à d'autres romanciers victoriens.Alors que pour ses prédécesseurs comme pour beaucoup de ses contemporains encore, les passions peuvent être maîtrisées par le jugement, celui-ci a, chez Hardy, perdu sa souveraineté: des personnages tels que Gabriel Oak et Elizabeth-Jane, héros de type éliotien, voire austénien pour la jeune femme, disparaissent totalement dans les derniers romans.
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Le suicide ou la minéralisation représentent les stades ultimes des comportements de fuite que l'on peut observer chez de nombreux personnages hardyens.afin de combattre leurs frustrations et leurs angoisses devant l'expérience de la vie et l'attente de la mort, ils sont tentés de fuir leur village ou leur pays, de s'imaginer un destin, une maîtrise du monde, de recourir aux paradis artificiels et sensuels ou de s'inventer des mondes imaginaires.Ils finissent parfois par prendre conscience que leur aliénation est plus profonde,qu'elle se trouve en eux, au coeur de l'homme, et qu'ils sont leur propre prison.
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Les personnages solitaires, les ruines, les tombeaux sont omniprésents dans la fiction de Thomas Hardy et l'envahissent progressivement.Ces motifs s'inscrivent dans un courant philosophique, la philosophie de Schopenhauer notamment, et une veine esthétique, celle du gothique et du romantisme avec une attirance pour la mélancolie, la mort.
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Ne pouvant quitter une réalité intra-mondaine insignifiante et étrangère, le héros lui substitue un univers compréhensible, maîtrisable ou transfiguré par l'alcool, les sens ou l'imagination.La fuite métaphorique est bien cette quête du héros ayant pour but de donner un sens à un monde absurde et de gagner son lieu d'élection, sa patrie, celle de l'unité qu'évoque Lukacs:
"Mais il existe une aspiration de l'âme à qui n'importe que l'essentiel,d'ou qu'il vienne et quelles que soient ses fins; il existe une nostalgie de l'âme en qui l'appel de la patrie est si fort qu'il lui faut à tout prix avancer -dans une impétuosité aveugle- par le premier chemin qui semble le conduire chez elle; et si grande est cette ardeur qu'une telle âme peut poursuivre sa route jusqu'au bout; pour elle, en effet, il n'est voie qui ne conduise à l'essence, car c'est sa vraie patrie."
Cette quête, pour indispensable qu'elle soit, présente un caractère désespéré, démonique.Son terme est celui du roman, celui de l'aventure -et de la vie le plus souvent- d'un héros qui renonce à la fuite.Car l'évasion métaphorique, tout comme la fuite littérale, aboutit à une impasse pour peu qu'on y recherche d'emblée l'absolu.
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Ainsi, les utopies des héros hardyens ont toujours pour fonction de substituer à une réalité déplaisante et frustrante un lieu d'épanouissement.Elles ont toutes un point commun un certain démonisme marquant le côté dégradé des valeurs auxquelles ils aspirent, leur aveuglement et don leur réification.Mais elles traduisent toujours un réel besoin de dépassement et représentent parfois, comme dans le cas de Jude, le passage obligé vers une meilleure connaissance du monde et de soi.
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Jude est bien le héros d'un roman,"l'histoire de cette âme qui va dans le monde pour apprendre à se connaître, cherche des aventures pour s'éprouver en elles et, par cette preuve, donne sa mesure et découvre sa propre essence".(Georg Lukacs, La Théorie du roman).
Les propos qu'il tient sont ceux du héros qui, au terme de sa vie, de son histoire, atteint un niveau de conscience que d'autres personnages n'entrevoient jamais: il comprend et accepte son aliénation personnelle et sociale, et cette compréhension et cette acceptation marquent le début de sa libération.(...)
A l'instar de l'auteur de romans selon Lukacs, Jude semble ressentir le désespoir de sa quête mais le désespoir plus grand encore contenu dans le triomphe du réel sur tout idéal.
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Loin de se contenter de mondes imaginaires, le héros hardyen voudrait réaliser ses rêves, trouver le lieu de son propre épanouissement, un lieu qui conjugue un idéalisme et un bonheur d'ordre purement individuel ou collectif.Il encourt alors le risque d'être pris par le démon de l'utopie, de transformer cette recherche utopique en quête dégradée dans la mesure ou les valeurs recherchées n'existent que dans son imagination, ont perdu leur caractère authentique ou ne sont pas partagées par la communauté ou il vit.Son utopie progressiste ne se réduit-elle pas souvent en fait à une nostalgie, celle du mythe de l'éternel retour ou du roman des origines?
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Nous avons observé dans la deuxième partie de notre étude la croyance de nombreux habitants du Wessex hardyen en une fatalité, en un destin d'origine extérieure.Il convient certes de replacer cette croyance dans le cadre de sociétés encore très traditionnelles et fermées, malgré les avancées scientifiques et l'ouverture sur le monde extérieur.Ce que ces superstitions nous enseignent en outre c'est la volonté farouche et éternelle de l'homme, qu'il soit "primitif" ou "moderne", de fuir l'angoisse d'un néant et d'une liberté qui l'écrasent.Face à l'absurdité, il reste attaché à tout ce qui peut conférer du sens à l'existence, le déresponsabiliser ou lui donner une illusion de pouvoir sur un destin qui lui serait extérieur.
En avançant progressivement dans la "modernité", l'homme fait l'expérience de son "décentrement" dans un temps et un espace qui lui échappent ou l'écrasent.L'existence d'une fatalité, d'un Dieu le replace au centre du monde: même malveillant, ce Dieu s'intéresse à l'homme et ses volontés donnent l'illusion d'un monde intelligible.Superstitions et croyances possèdent ce que Bergson appelle la "fonction fabulatrice".
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Le destin qui poursuit l'homme est son propre destin.Il ne peut échapper à ce destin qui résulte avant tout de ses choix.Ceux-ci se rappellent à son bon souvenir sous la forme d'un passé qui ressurgit sans cesse.
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