AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Thierry Van Hasselt (7)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées
La véritable histoire de Saint Nicolas

Il ne faut surtout pas croire qu'il s'agit d'une œuvre destinée aux enfants qu'on va lire un soir de Noël. Ce récit est plutôt une antithèse totalement trash d'une autre vision du Saint-Nicolas qui était le protecteur des enfants en leur offrant des cadeaux et en accomplissant des miracles.



Cette œuvre est destinée aux fragiles, aux rebelles, aux opprimées, aux mutilées, aux sens dents, aux exilées, aux sans-papiers, aux minorités, aux sans domicile, aux invalides, aux militants, aux activistes....



Clodo, Crevard, Epave, Hobo, Mendiant, Crève-la-faim, Sac à vin, Sans-abri, Sans domicile fixe, Traîne-savates, Vagabond, Va-nu-pieds, Zonard, Sans-Dents... Tous ces mots pour désigner une population qui n'a décidément pas la vie facile.



C'est souvent sombre, cruel et sordide comme pour rappeler le manque d'humanité de la plupart de nos congénères. Ainsi va le monde ainsi que cette société qui isole certains êtres qui se débattent pour survivre. Le Saint-Nicolas est désormais là pour les aider et les accompagner à fuir.



Cette œuvre est muette sur une très grande partie avant l'introduction des premiers mots pour se révolter contre un ordre oppressant. Les CRS sont partout pour matraquer les enfants. On les mange également dans des dîners gastronomiques réservés à la haute société.



Bref, comme dit, c'est trash et violent sur la forme comme pour souligner une allégorie parodique de notre monde capitaliste très égoïste. Les vignettes sont présentes pour marquer le malaise et le dégoût, c'est voulu.



Je n'ai pas bien compris la fin qui se termine en queue de poisson au milieu d'une mer agitée vers une destination inconnue. Je n'ai pas trop aimé cette vision très pessimiste des choses et sans doute trop exagéré pour être crédible même si certains éléments peuvent nous interroger sur le devenir de nos sociétés qui ne protègent sans doute pas assez les plus faibles.

Commenter  J’apprécie          663
La véritable histoire de Saint Nicolas

Avec le nom de Saint Nicolas, je m’attendais à un conte fantastique bienveillant, mais il y a un fait assez cru dans la légende originale qui date du IIIe siècle et que je ne connaissais pas : Saint Nicolas aurait ressuscité trois enfants, assassinés par un boucher dans le but d'en faire du petit salé.

Alors non, ce n’est pas une douce histoire de Noël que Thierry Van Hasselt a choisi de nous raconter.



Les pages sont remplies de grandes illustrations aux couleurs un peu crades, ça dégouline, les couleurs se mélangent dans une harmonie verdâtre et boueuse, le trait est énervé, raide et cru, toute douceur est absente.

Les illustrations collent parfaitement au récit, notre Saint Nicolas déambule dans un monde glauque, au milieu de migrants harcelés par la police, de ZAD, de bidonvilles dans des paysages désolés, parmi la jungle calaisienne, et les enfants perdus dans ce monde cruel et violent.



Et le récit, de violent, devient carrément gore, il sera question de cannibalisme entre autres.

Ce n’est pas une bande dessinée pour se mettre à l’aise, elle dénonce, par des moyens graphiques, une certaine politique cynique et inhumaine. Les envolées fantastiques du récit le rendent encore plus violent, c’est une bande dessinée sur la laideur, celle de la répression, celle de l’accaparement des richesses par un petit groupe. Le fait de choisir le personnage de Saint Nicolas pour dénoncer tout cela accentue le malaise : non, ce n’est pas celui qu’on appelle Père Noël, complice des nantis, du système économique actuel, c’est une grand maigrichon dégingandé qui marche du côté des affamés.



Le propos est audacieux, le style est impactant, la démonstration radicale malgré le peu de mots et l’aspect symbolique, cependant, c’est une lecture très inconfortable, trop glauque. Pas facile de jouer le jeu.
Commenter  J’apprécie          234
La véritable histoire de Saint Nicolas

A peine reçu, aussitôt lu et c'est un gros coup de coeur.



Ne vous attendez pas à l'histoire classique sur la vie du grand Saint mais à un roman graphique décalé, très original, j'ai envie de dire une revisite "surréaliste et contemporaine" du conte.



Première particularité, il n'y a presque pas de dialogues, ce sont les images qui parlent d'elles-mêmes. Les dessins dans des couleurs pastel sont très beaux et très expressifs.



Je vous raconte ce que moi j'ai vu mais à mon avis plusieurs interprétations sont possibles.



Un personnage particulier - peut-être venu d'ailleurs - habillé d'une longue cape rouge, coiffé d'une mître et portant une crosse traverse un monde un peu apocalyptique, un monde détruit par l'homme, inondations, incendies, pollution des voitures ou nucléaire, société de surconsommation... Les forces de l'ordre sont toujours bien présentes pour réprimer, avec toujours plus de violence. Une ZAD, des migrants ou réfugiés, le chaos, des drônes qui surveillent tout.... un monde pas si loin du nôtre en fait.



Des enfants errants perdus dans les bois, d'autres innocents rivés sur leurs écrans de téléphone. Saint Nicolas va en croiser deux, leur offrir une mandarine, il s'était endormi dans l'abribus la veille et avait voulu déguster un drône.... du coup, les enfants vont être traqués, arrêtés.



Le rôle de Saint-Nicolas, souvenez-vous est de sauver des enfants d'adultes anthropophages, il va venir à leur rescousse, recoller, rabibocher, redonner vie aux enfants mais son mutisme présent dans un premier temps deviendra une furie vengeresse, rédemptrice et là croyez-moi, vous n'avez encore rien vu.



C'est décalé, ironique, mais en même temps par moments si réaliste du monde dans lequel on vit. Après c'est du gentil délire, je ne décode plus mais je peux vous dire que j'ai vraiment adoré.



Un univers à découvrir.
Lien : https://nathavh49.blogspot.c..
Commenter  J’apprécie          100
La véritable histoire de Saint Nicolas

Il y a tout et n'importe quoi dans cette BD atypique. Sur une très grande partie de l'ouvrage, la BD est muette. Et elle ne contient en général que 2 cases par planche (l'ouvrage étant grand format, cela donne de l'ampleur aux dessins).



Un Saint Nicolas façon cyber, qui dézingue un drone de la police. Laquelle police déloge des zadistes. Et pendant que Saint Nicolas marche sur une marée de bouteilles en plastique, les enfants mettent des masques anti-pollution ou anti-COVID et se font courser par la police, de nouveau, lors d'une manif. Puis les enfants sont plaqués au mur, mains derrière le dos avant d'être embarqués dans un fourgon...



D'une ZAD à un bidonville, il n'y a qu'un pas que Saint Nicolas franchit, pour... aller raconter des histoires aux enfants. Sacré Saint Nicolas... Quel sens de l'à-propos. On est dans la Jungle de Calais. Retour des keufs. Jungle de béton, forêt d'éoliennes.



SDF, clodos, recalés du système comme dit la chanson des Enfoirés, crevards, exclus, ils sont tous là. Mais dans un restaurant gastronomique, on retrouve l'élite politique qui dirige le monde, Macron avec Poutine et Trump de dos... avec (vu la nationalité du dessinateur) Bart de Wever, leader nationaliste belge. Mais l'auteur n'étant pas un pro de la caricature, on aura un peu de mal à reconnaître Marine le Pen ou Charles Michel un peu plus loin.



Thierry van Hasselt n'est pourtant pas très loin de la légende de Saint Nicolas (mais ne faites pas lire cela à vos enfants). Dans le resto gastro, on sert un pied d'enfant au Grand Saint... et il se fâche. Il part en cuisine pour recoller les morceaux... Puis c'est la longue marche de "Nick" et des enfants... en route pour démonter Conforama, Carrefour ou Decathlon... Mais la lutte armée et l'affrontement mortel sont inévitables...



Et là, j'avoue que j'ai un peu décroché... mais j'étais (à l'insu de mon plein gré) arrivé au terme du voyage de Saint Nicolas... S'il revenait, il ne serait sans doute pas le bienvenu. Il terminerait sur un radeau en Méditerranée et se noierait dans l'indifférence totale. D'ailleurs, Saint Nicolas est mort, étouffé par la masse de jouets made in China inutiles que les enfants réclament et que leurs parents achètent pour se dédouaner du manque d'amour qu'ils leur accordent...



Les images "fortes" se succèdent. Sans explication pendant la majorité du tome. Cela laisse la porte ouverte à toutes les fenêtres point de vue interprétation. J'ai ressenti confusément que le propos était plutôt anar, contre les dérives de notre société, contre le consumérisme... mais cela pourrait tout aussi bien être anti-vax et pro-black block...



En tout cas, la vision noire et dépressive de Thierry van Hasselt pousse à réfléchir. Je ne pense pas qu'il veuille notre assentiment ou notre bénédiction. Je suis fermement convaincu qu'il pousse le bouchon loin afin de nous faire réagir. Afin de susciter un réflexe de rejet viscéral en nous. Quelle place accordons-nous à l'humain... telle est sans doute la question de base. Et graphiquement, il faut se souvenir (ou savoir) que Thierry van Hasselt participe à la S Grand Atelier, un centre d'art brut et contemporain pour artistes fragilisés par une déficience mentale. Il y a un aspect expérimental très marqué à son oeuvre. Dans ce tome, il se rapproche à mon avis d'un James Ensor ou d'un Félicien Rops.



Et si tout cela n'était qu'une grosse farce carnavalesque et surréaliste... Rassurez-vous, Saint Nicolas reviendra le 6 décembre, rien que pour vos petits souliers.
Commenter  J’apprécie          90
Gloria Lopez

Il m'arrive souvent de me dire que la bande dessinée est loin d'exploiter toutes ses potentialités, un peu comme si le cinéma se contentait du champ/contre-champ ou que la chanson se limitait à la structure couplet/refrain. Bien sûr, cela ne signifie pas qu'une chanson qui respecte cette structure est automatiquement sans intérêt. Les Beatles, pour ne citer qu'eux, ont composé des merveilles absolues sur ce canevas. De même, certaines des plus belles bandes dessinées que j'ai lues sont d'une forme indubitablement classique. Pourtant, même dans l'édition alternative, j'ai la sensation d'une uniformisation du langage dessiné. Les explorateurs restent rares. Le rapport du texte au dessin reste souvent basique. Cette réflexion me revient régulièrement, la dernière fois en relisant Une trop bruyante solitude de Valérie Berge, Lionel Tran et Ambre, adaptant Bohumil Hrabal. Et j'ai repensé à Gloria Lopez, ce diamant noir de Thierry van Hasselt paru chez Fréon en 2000.

Le premier choc est graphique.

Van Hasselt opte pour la technique du monotype, apparentée à la gravure. L‘artiste travaille sur une plaque de plexiglas avec de l'encre de gravure, au pinceau et avec du White Spirit. Il pose l'encre de gravure au pinceau, qu'il peut ensuite diluer, ajouter ou enlever à l'aide de White Spirit . Le White Spirit dissout un peu l'encre et créé des nuages ou des flous. L'effet du White Spirit reste aléatoire, mais l'utilisation du plexiglas implique aussi qu'une planche n'est terminée que quand l'artiste l'a décidé. Grâce au plexiglas, il n'est pas, ou peu soumis, au problème du séchage qui fixe définitivement le dessin sur le papier.

Le résultat est magnifique, et il faut rendre hommage au très beau travail d'impression qui rend justice au travail de l'auteur.







A propos du parti pris graphique, Thierry van Hasselt déclarait à l'époque Je me demande justement pourquoi nos techniques sont habituellement peu utilisées en bande dessinée. Pourquoi la plupart des dessinateurs travaillent-ils encore avec un trait noir qui cerne tout et des couleurs mises en à-plat à l'intérieur ? Même quand ils utilisent de la couleur directe, ils se maintiennent tellement loin des possibilités de la tradition de l'image pure.



Vient alors l'envie de feuilleter le livre, de vagabonder au fil des pages et de s'arrêter sur l'une au l'autre page, de se noyer dans la lumière qui s'en dégage. Sombre de prime abord, chaque case se révèle pourtant beaucoup plus riche qu’elle ne le semble si on s’y attarde. Le lecteur est maître de sa lecture. Il se promène, s’arrête où l‘envie lui commande de prendre son temps.

Puis le lecteur s'arrête sur ces successions de portraits de cette dame au chapeau. Qui est-elle ? Que lui est-il arrivé ?

Ils sont nombreux dans ce livre, tous semblables, tous différents, témoins d'une lente dégradation.

Il est temps de s'atteler à la lecture. Très vite, il est évident que Thierry van Hasselt n'a pas voulu d'un scénario au sens classique du terme. Il n'y a pas à proprement parler d'intrigue, même s'il y a un embryon d'enquête policière. Gloria Lopez est morte. Mais comment est-ce arrivé ? Depuis qu'elle a débarqué en Europe de son Amérique du Sud natale, quel enchaînement d'événements l'a-t-elle entraînée vers sa mort ?

La narration voulue par van Hasselt est particulière. Elle n’impose pas de rythme à proprement parler. On a tendance à valoriser les page turner, ces livres qui induisent le besoin de tourner la page pour continuer la lecture, quitte à négliger les détails. Dans le cas de la bande dessinée, j’ai l’impression d’y voir un dessin inféodé au scénario. La narration est de fait imposée au lecteur qui se laisse porter, presque passivement. Cette sensation est souvent agréable, et j’aime m’y abandonner aussi. Mais Gloria Lopez n’est pas un page turner. Sa narration laisse le lecteur maître de sa lecture. Il choisit son rythme, ralentit quand il le désire, s’égare devant une page, où une case, peut opérer des retours en arrière... Le lecteur explore son livre. J’avais la même impression dans relisant Une trop bruyante solitude. Encore une fois, je me dis que la bande dessinée n’exploite que très peu ses potentialités.

Au fil des chapitres, le lecteur pense se rapprocher de cette femme, sans jamais pouvoir la saisir. Que sait-il d'elle ? Que sa fin fut tragique. Puis, en lisant entre les lignes, nous découvrons des fragments de sa vie, de son arrivée en Europe, de sa lente descente aux enfers... Sans jamais pouvoir toucher du doigt l'essence même de Gloria Lopez.

Elle apparaît tellement passive et creuse qu'elle devient un miroir pour le lecteur. Sa passivité induit une naïveté, voire une innocence, qui tranche avec la violence qui l'entoure. Elle peut aussi être interprétée comme une peur teintée de fascination, comme un lapin pris dans la lueur des phares. Elle ne bouge pas, se laisse guider par de mauvaises personnes et lui arrive ce qui devait arriver.

Le lecteur est témoin de cette chute, fasciné et dégoûté. Le choix du narrateur n'est d'ailleurs pas innocent. Il impose même une identification qui prend un tour particulier lorsque nous découvrons son identité.

Evidemment, ce livre est exigeant et risque de rebuter pas mal de lecteurs. Mais pour qui à l'envie de s'y plonger, la récompense est magnifique.
Commenter  J’apprécie          30
La véritable histoire de Saint Nicolas

Une BD avec matière à penser...



qui en surprendra plus d'un.



C'est le présent qui nous y est raconté, mais à la manière d'une histoire de saint médiévale : il y a des passages absurdes et on ne comprend pas tout. Cependant, ce néo-Saint-Nicolas, à l'allure d'un playmobil, finit par faire des miracles.



Évidemment, les lecteurs d'extrême-droite ou les béni-oui-oui n'y trouveront pas leur compte...



...Parce que ce bouquin est une façon de dénoncer l'hyper-sécurisation, les politiques anti-migrants, le rapprochement de Macron et de Le Pen (planche 71), les problèmes écologiques et autres catastrophes climatiques... en bref, les difficultés qui s'annoncent pour nos enfants...



...Mais les autres pourront profiter de cette bouffée d'oxygène, cette liberté de ton, ces graphismes puissants, ce découpage personnel (de deux cases par page, l'auteur complexifie ensuite son découpage comme pour la planche 46).



Une lecture sensible et résolument engagée...



Qui laisse une lueur d'espoir.
Commenter  J’apprécie          00
La véritable histoire de Saint Nicolas

Thierry Van Hasselt (...) nous livre sa vision du monde actuel à travers le parcours du saint préféré des enfants.
Lien : https://www.lalibre.be/cultu..
Commenter  J’apprécie          00


Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Thierry Van Hasselt (25)Voir plus

Quiz Voir plus

Philip Roth ou Paul Auster

La tache ?

Philip Roth
Paul Auster

10 questions
16 lecteurs ont répondu
Créer un quiz sur cet auteur

{* *}