Si l'histoire peut enseigner quelque chose, c'est que les civilisations sont fragiles, que les libertés sont plus faciles à perdre qu'à gagner, qu'il faut les protéger sans relâche et que la démocratie est loin d'être un régime naturel. Tapie au coeur de ces douloureuses vérités, l'évidence que l'humain ordinaire nourrit d'extraordinaires aptitudes à la bestialité.
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Le 16 août 1941, Staline émit son ordre 270, dans lequel il décrétait que tout soldat soviétique qui se rendrait serait considéré comme traître à la patrie. "Il n'y a pas de prisonniers de guerre soviétiques, déclara-t-il. Seulement des traîtres." Ordre fut donné aux soldats soviétiques de combattre jusqu'à la mort ou de se tuer.
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Je répète de la façon la plus formelle que l'extrait de la directive "Nuit et brouillard" cité précédemment doit être observé de la façon la plus stricte. Le but de la directive "Nuit et brouillard" est de laisser les tierces personnes dans les territoires occupés dans l'ignorance la plus totale quant au sort des prisonniers déportés vers le Reich. A cette fin, il convient que les proches ne puissent jamais savoir si un prisonnier de cette catégorie est décédé dans un camp de concentration.
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Même à l'aune des méthodes criminelles nazies, l'invasion de la Pologne, en 1939, releva d'un extraordinaire cynisme. Les Allemands prétendirent qu'ils ne réagissaient qu'à des raids de provocation des troupes polonaises sur des postes-frontières allemands, à des actes de harcèlement et à des exécutions d'Allemands de souche installés en Pologne. La réalité, dans le cadre e l'opération Himmler, fut que ces agressions furent menées par des SS revêtus d'uniformes polonais. Les soldats polonais prétendument tués par les Allemands au cours des combats défensifs étaient en fait des prisonniers politiques polonais assassinés par les nazis puis habillés en soldats polonais.
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