http://www.passion-bouquins.com
http://www.facebook.com/pages/Blog-Passion-Bouquins/327561607257926
33e Foire du livre Saint Louis 2016
Table ronde animée par Hervé Weill avec Thomas Dietrich, auteur du roman Les enfants de Toumaï et Daniel Segla des éditions Monde global
Je comprends encore plus profondément que, en ce bas monde, nous ne sommes ni noirs, ni blancs. Nous sommes gris, parfois gris bruine, parfois gris anthracite, mais nous n'avons rien de la caricature que certains pseudo-érudits veulent faire de nous.
Je voulais assassiner l'aurore pour que dure à jamais cette nuit féerique et que ce parfum d'éternité continue à planer au-dessus de nous. Si j'avais réussi à arracher le coeur convalescent de l'aube, j'aurais pu converser avec toi des années durant et j'y aurais toujours trouvé autant de bonheur. Mais il fallut bien se résoudre à accueillir l'apparition du jour et ce furent deux silhouettes trempées jusqu'aux os qui se présentèrent à ton père, attendant avec anxiété devant ma baraque.
Elle sait que lorsqu'elle sera vieille, obèse d'enfants crachés et coups récoltés, entourée de rejetons et de petit-rejetons dont elle aura arrangée les unions - car les mères ne font jamais autrement que de faire subir à leur tour les injustices qu'elles ont endurées - elle se souviendra de leurs lèvres unies et chérira, entre deux rideaux de larmes, le curieux manège de leurs langues, entrechoquées.
« Depuis toute petite, elle a appris à dissimuler ses émotions, aussi indomptables soient-elles. Elle s’est laissé forger au fer du silence, ce qui, pour la société musulmane de son pays, est sans doute la qualité la plus estimable chez une femme. Ne rien montrer. Ne jamais rien montrer. Même dans les situations les plus désespérées. »
Il savait tout, mais il n'a jamais rien dénoncé. Au contraire, écervelé par une servile loyauté, il a participé à ses crimes odieux.
Une dictature a tous les droits sur les vivants : de les opprimer, de les voler, de les tuer, de les plonger si profondément dans la vase qu'elle peut être certaine qu'ils mettront un temps infini à se relever. Mais elle n'en a aucun sur les trépassés. Lorsque, dans sa folie des grandeurs, elle se croit assez puissante pour leur faire subir le même sort, elle précipite sa chute ; car elle aura touché à une peur bien plus prégnante que celle de la mort, la peur de perdre l'éternité. Et loin d'insuffler un sentiment de crainte encore plus grand, elle déchaînera les enfers enfouis, toutes ces colères et ces injustices qui avaient été tues pendant des années, par égoïsme, par lâcheté, par lassitude, amenant les vivants à se dresser contre elle, enfin dignes et fiers.
Les femmes finissent toujours par courber l'échine. Elles y trouvent même une certaine fierte, rivalisant les unes avec les autres pour être celle qui se pliera le plus allégrement aux oukases des mâles et n'hésitant pas couvrir de leurs médisances la brebis égarée.
Et, dans ces moments-là, c'était lui qui se mettait à douter de l'inexistence de Dieu.
Ils sont bien ainsi, ils ne manquent de rien. Ni de Vierge Marie, ni de Prophète, ni de Petit livre rouge. De quelles amulettes peut-on avoir besoin quand on a celles de l'amour ?
Toute femme douée de raison se serait inclinée devant ce compromis entre tradition rt amour, devant la schizophrénie d'une sociétaires qui jette un voile hypocrite sur ce que l'Homme ne pourra, malgré des siècles de fatwas et d'anathèmes, jamais réfréner.