Les enfants de Toumaï de
Thomas Dietrich
Une dictature a tous les droits sur les vivants : de les opprimer, de les voler, de les tuer, de les plonger si profondément dans la vase qu'elle peut être certaine qu'ils mettront un temps infini à se relever. Mais elle n'en a aucun sur les trépassés. Lorsque, dans sa folie des grandeurs, elle se croit assez puissante pour leur faire subir le même sort, elle précipite sa chute ; car elle aura touché à une peur bien plus prégnante que celle de la mort, la peur de perdre l'éternité. Et loin d'insuffler un sentiment de crainte encore plus grand, elle déchaînera les enfers enfouis, toutes ces colères et ces injustices qui avaient été tues pendant des années, par égoïsme, par lâcheté, par lassitude, amenant les vivants à se dresser contre elle, enfin dignes et fiers.