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Citation de Charybde2


Jean-Pierre Abraham
(1936-2003)
Jean-Pierre Abraham était un poète de la lumière qui a vécu dans un phare, un lecteur inconditionnel d’André Dhôtel et il a travaillé pour Robert Morel l’éditeur si particulier de Jules Mougin. Ces trois raisons devraient me suffire pour l’aimer d’amour pur. Mais ensuite je l’ai lu et rien ne s’est arrangé. Jean-Pierre Abraham était ce type d’auteur sans posture qui a dévoué sa vie aux mots et à la lumière. Le genre de bonhomme à lire en toutes petites gorgées quand on a du mal à avaler ou que l’homme nous a asséché le gosier. Il ne voulait pas spécialement du statut d’écrivain, il voulait vivre, goûter la mer de Douarnenez, retaper une maison en Haute-Provence, garder une île aux Glénans avec sa famille, élever des chèvres, façonner des bouquins de navigation. C’est ce qui fait que malgré le succès de chacun, plusieurs dizaines d’années séparent ses premiers livres. C’est ce qui fait que chaque phrase était libre et mûrement posée. Pourtant il revenait toujours à sa table, à son monde de pas grand-chose pour se coltiner sans fioriture au noir des mots. Autrement dit il était poète, artisan de la langue, jésuite de la justesse, pas carriériste pour un sou. Il écrivait tout prêt, au tout prêt, ses sensations de peu, qui vous font basculer, et ces moments de vide qui font les cloques aux mains. Il écrivait le vent qu’il connaissait, le sel de la lune, le café à la lampe. Tout est à lire de lui mais en particulier ses trois premiers, Le Vent, Armen, Le Guet. Âpre et vrai. « Je ne fais pas carrière. Je n’écris pas pour rien. » Il déblaie. Allez voir chez Le temps qu’il fait. C’est évanescent, pourtant ça tient au cœur et au ventre. C’est beau comme de recommencer.
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