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Citation de rkhettaoui


Nous ne nous étions toujours pas embrassé, je pensais à ses lèvres, au goût qu’elles auraient et je me sentais envahie par sa chaleur, nous étions dans ce moment juste avant, submergés de sensualité, et nous avons fini dans un quartier chinois, dans un petit bouiboui enfumé, tapi sous de grandes tours bétonnées, à déguster une soupe épicée trop chaude sur des tabourets trop bas, alors que le désir montait, et Pierre-Yves a réglé les deux plats, quelques francs laissés en pourboire, un dernier verre d’alcool de riz cul-sec, offert par le patron, que j’ai bu, que Pierre-Yves a laissé sur la table, en riant en aparté avec un Chinois mal fagoté qu’il semblait connaître tellement ils étaient familiers, puis de nouveau dehors il a enfin posé ses lèvres sur les miennes, un baiser long et confus sur le trottoir qui a annihilé le reste, un baiser rassurant comme une respiration, puis notre déambulation finale vers un hôtel miteux, un établissement deux-étoiles planté au bord d’un boulevard bruyant, à l’ombre des structures métalliques du métro aérien agité de secousses au passage des rames bleues et blanches, grimper les trois étages sur sur les marches feutrées de la pension, les marches couvertes d’une moquette grenat élimée, et refermer la porte sur nous deux, sur notre histoire, enfin seuls, vraimentseuls, dans la chambre désuète de ce vieux bâtiment, avec le moignon en laiton massif gravé du numéro de notre piaule, la 312, qui oscillait dans le vide, pendu à la serrure, cognant comme un métronome la porte en bois, et mes ongles de s’accrocher aux aspérités de sa chair, arrachant les couches de vêtements, et ma langue avait débuté l’exploration de son corps, ce désir irréfrénable, ce désir surréel avec le sommeil en toile de fond, et lui m’a repoussée, gentiment refoulée, « ma Katia non ma Katia je préfère pas, pas déjà », et moi de poursuivre bien sûr, de redoubler d’ardeur, alors qu’il secouait gentiment la tête, comme un adulte amusé de tant d’enfantillages, et tentait de se défaire de mon emprise, souriant :

« Non, Katia… »
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