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Citation de asphalte


J’étais parti. Quand tout était devenu trop confus dans ma tête. Une sorte de déserteur. Déserteur au temps du fleurissement de la nation. À l’arrivée des magnats allemands, des investisseurs américains, des émissaires européens, du vent de la liberté, des foules libérées en costume-cravate, des grosses berlines, des crédits à la consommation, des Tesco ouverts vingt-quatre heures sur vingt-quatre, j’étais parti. Alors que tout se colorait. Mes camarades avaient risqué leur vie pour fuir le régime et moi je m’échappais quand tout le monde célébrait la victoire sur l’Histoire et l’arrivée de la liberté. Peut-être juste que je moisissais. On ne peut pas toujours rattacher la destinée d’un homme à celle de sa nation.
Ici, dans ma ville natale, j’avais dû prendre une chambre d’hôtel. Le type à la réception m’a accueilli en anglais et demandé mon passeport. Il s’est amusé de mon nom tchèque : « You know, you have Czech name, sir! » J’ai feint la surprise et l’ai remercié. En anglais. Sept ans que j’étais parti, que mon passeport avait changé de couleur et j’étais devenu étranger.
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