La peur est un avertissement. Il suffit de l'écouter d'une oreille un peu plus attentive. Elle permet bien souvent de s'en sortir.
Ils n'avaient rien en commun si ce n'est la terreur qui les habitait tous.
Ils étaient cinq, cinq soldats blottis les uns contre les autres dans une tranchée peu profonde, misérables et apeurés, tandis que les obus des mortiers trouaient en gémissant la végétation touffue et explosaient pour les recouvrir d'une terre boueuse.
- “La première chose que Danny remarqua en entrant dans le magasin de vidéo fut la fille derrière le comptoir. Il se dit qu’elle était beaucoup trop jolie pour travailler dans un endroit pareil pour un salaire de misère. Il était enchanté, c’était encore une autre preuve qu’il se trouvait dans un film.
“Vite, dit-il en se précipitant vers le comptoir. Où sont vos films de Schwarzenegger ?
- Les films étrangers sont dans le fond.
- Étrangers ? Non, non, non. Les films d’action. C’est une star des films d’action.
- Ah ! Une star de l’action, il fallait le dire. Juste là.”
Elle montra une étagère de vidéo du doigt. Devant l’étagère il y avait une grande affiche en carton de Terminator 2. Sauf que ce n’était pas Arnold Schwarzenegger avec le blouson noir, l’œil rouge et la moitié du visage d’un robot, mais... Sylvester Stallone !
Danny était époustouflé. “Non... murmura-t-il. Ce n’est pas possible. Ça ne peut pas être vrai.
- Il était fabuleux, dit Slater. Absolument fabuleux.
Son meilleur rôle jusqu’à présent. C’est vraiment un artiste.
- Mais... mais, c’était toi. C’est toi qui étais dans ce film.
- Écoute. Tu commences à m’ennuyer avec cette histoire de cinéma.”
- “Je vais dîner avec Freddy Krueger et j’irai acheter des scies sauteuses avec Leatherface. Je vais organiser une soirée pour Hitler. Pourquoi pas ? J’inviterai Dr No et Hannibal Lecter, et nous ferons la fête pour le baptême du Bébé de Rosemary. Non mais imagine un peu tous les méchants, Jack.” Bénédict semblait être complètement en extase devant cette vision ensorcelante du mal cinématographique.”
Tout le monde a peur de quelque chose, Fletcher. C'est comme ça qu'on sait qu'on tient à quelque chose. Quand on a peur de le perdre.
- “En plein milieu de Time Square, à l’endroit même où Broadway et la Septième Avenue se rencontrent, il y avait un immense panneau publicitaire, haut d’une trentaine de mètres. C’était la version géante de l’affiche qui se trouvait dans le foyer du Pandora. Slater n’en croyait pas ses yeux, il restait là bouche bée à la regarder.
C’était lui sur l’affiche ! Le même jeans, la même veste en cuir, un cigare de la taille d’un canon entre les dents. Dans un poing géant, il tenait une mitraillette et dans l’autre une charge de dynamite.
La légende disait : Arnold Schwarzenegger est Jack Slater ! Jack Slater IV, bientôt dans un cinéma près de chez vous !”
- “Nom d’un chien ! bégaya le garçon ému. C’est Arnold !
- Dégage, grommela Slater.
- Jack, murmura Danny. Les enfants t’adorent ici...”
Jack se dit qu’il ne pouvait pas décevoir son public.
- “Pardon, dit-il à l’enfant-squelette.
- C’est pas grave.” Il lui montra les deux pouces pour dire que tout allait bien. “Total Recall c’était génial.”
Slater interrogea Danny du regard. “Total Recall ?
- Agent secret sur Mars, lui chuchota Danny.
- Ah ! Merci.
- Continue à nous faire de belles choses, Arnold.
- Je tâcherai.”
Une chance pour lui, Connor n'avait pas ce problème. Après avoir estimé la distance qui le séparait de la passerelle, il dénoua une des cordes de l'échafaudage et se lança dans le vide.
- “Une autre vague de gosses déguisés pour le défilé de la Toussaint dévalaient la rue. En quelques secondes, Jack était entouré d’un Terminator, d’un Commando, d’une Tortue Ninja Mutante.
“J’ai adoré Prédateur”, dit le Commando.
Slater se tourna vers Danny. “Prédateur ?
- Un extraterrestre dans la jungle, dit-il.
- Un extraterrestre dans la jungle ? Ça sonne vraiment nul !
- Pas si nul. Ils ont fait une suite.
- Ah bon ? J’étais dedans ?
- Non.
“J’ai bien fait pour ma carrière”, dit Slater.”
- “Il y a des choses qui sont bien pire que les films. Il y a des hommes politiques et les guerres, les incendies de forêt et la famine et la maladie et la souffrance et les hommes politiques...
- Tu as déjà dit les hommes politiques, dit Slater en l’interrompant.
- Je sais que je l’ai déjà dit, mais ils sont deux fois pires que tous les autres.”