Dans les années 80, Youri alias la taupe y allait fort, il criait à tout bout de champs : "Fuck off, les vieux!!! et Fuck off police! Fuck off la répression !!! Fuck off le système !". Il était punk et fier de l'être sous le joug du communisme de l'ex-Yougoslavie.
30 ans plus tard en 2010, le Youri a changé ainsi que la Slovénie devenue indépendante. Il est marié, a un fiston qui fait sa crise d'ado et s'est embourgeoisé comme tous ses potes.
Mais son groupe Alerte rouge résonne toujours dans sa tête !
Tomaz Lavric TBC , un des principaux auteurs de bandes dessinées slovènes a fait un carton bien mérité dans son pays avec cette BD survoltée en grande partie autobiographique. Il raconte sa jeunesse anarchiste sous le communisme de Tito et pendant la guerre des Balkans. Loin d'être rasant , son récit mouvementé ne manque pas de piquant. Son graphisme en noir et blanc bien aiguisé dégage toute l'énergie punk qui donne envie de pogoter entre les bulles et les lignes et d'écouter en boucle White Riot des Clash, son morceau favori... Toute une époque ! Nostalgie quand tu nous tiens camarade... Tomaz Youri. Alerte rouge...Foncez !
Merci à Masse critique, Babelio et les éditions ça et là pour la pépite slovène.
Et bonne année 2020 à tous les rebelles !
Commenter  J’apprécie         404
Un pauvre lézard est passé par ici.
Celui-là l'a vu
(montrer les soldats qui le pourchassent dans la forêt)
Celui-là l'a attrapé
(montrer le flic sur la touche, seul à chercher à faire éclater la vérité)
Celui-là l'a fait cuire
(montrer les flics pourris qui veulent l’éliminer)
Celui-là l'a mangé
(montrer le chef des flics mouillé jusqu’à l’os)
Et le tout petit riquiqui...
Qu'est-ce qu'il dit...
On m'oublie?
(montrer et remuer la mémé bien isolée, très délurée et prête à l’aider)
Commenter  J’apprécie         392
Humainement vrai jusqu'à la douleur, "Fables de Bosnie de l'auteur slovène Tomaz Lavric, dit TBC, fait partie des quelques rares créations où ce conflit est traité loin des stéréotypes et des idées reçues.
TBC touche au plus près la cruelle réalité de destins individuels balayés par le fracas des armes.
Chaque case, chaque planche font revivre, avec une fulgurante intensité, les lignes de vies brisées des victimes de ce drame. A travers ces pages, c'est l'essence de la tragédie bosniaque qui se joue...
Ce n'est pas un conflit entre nations et états, ni une guerre se jouant sur le terrain géostratégique ou politique, pas plus qu'un affrontement entre armées et populations civiles.
C'est un drame absurde qui a frappé l'homme en tant qu'individu.
C'est le triomphe de l'irrationnel, du primitif et du cynisme.
C'est une guerre contre l'individu et son droit à rester unique.
C'est l'imbécilité collective et sa violence qui s'abattent sur l'être humain.
Avec ses dessins épurés jusqu'à la perfection, parfois brutalement simplifiés.
TBC a dévoilé davantage de vérités sur la guerre en Bosnie que des dizaines d'ouvrages consacrés à ce thème.
Entre le spectacle guerrier et la violence exercée sur l'homme (au plein sens du terme). TBC a choisi les gens et leurs histoires.
Tous ceux qui sont venus en Bosnie ces dernières années avec l'intention de relater les "évènements" à travers livres et reportages n'ont pas réussi à plonger au coeur des ténèbres, car ils n'ont pas pu saisir les faits cruciaux...
"Fables de Bosnie" propulse la Bande Dessinée sur un terrain beaucoup plus important, complexe et riche en idées, que la compréhension souvent superficielle que nous pouvons avoir de ce mode d'expression dans l'espace européen.
TBC possède l'art de retranscrire l'arrière nuance de la vie...
Zlato Dizdarevic
(Ancien Directeur de la rédaction du journal "Oslobodjenje")
Commenter  J’apprécie         250
Le serment, opus IV du Décalogue ne restera peut-être pas mon chouchou mais il n'en demeure pas moins intéressant à de nombreux égards.
La trame historique tout d'abord: l'album débute en 1937, en Bosnie et se prolonge dans l'après deuxième guerre mondiale et ses règlements de compte. Décidément, l'ère de Tito contient les germes de la gangrène qui feront imploser la Yougoslavie de notre XX ème siècle finissant.
Et enfin la trame narrative avec notre prêtre, héros bien malgré lui d'une triste et sombre histoire qui commence par une bluette et se termine dans un bain de sang.
Et vous me demanderez avec bonne foi: et la religion dans tout ça? L'histoire illustre le commandement: "Tu ne porteras pas de faux témoignage" où nous constaterons que l'histoire de Pierre qui criait au loup est une excellente illustration des comportements humains. La morale étant que pour être crû il ne faut pas commencer sa carrière dans le mensonge car après quoi que l'on fasse nous porterons les stigmates du menteur éternel.
L'illustrateur TBC que je découvre avec cet album taille les visages au couteau, un peu comme un sculpteur mais, sa sensibilité slovène transpire sur toutes les planches, donnant un peu plus de profondeur et de crédibilité au récit.
J'ai été particulièrement sensible à la dédicace qu'il adresse en début d'album:
"À mes deux grands-pères qui ont combattu dans des camps opposés et qui sont tombés l'un, sous le drapeau à étoile, l'autre, sous le drapeau à croix."
Commenter  J’apprécie         230
Youri, La Taupe, est rangé des bagnoles... Il a pris du ventre. Il ne proteste plus. Il se lamente sur tout. Il a un ado de fils de 15 ans qu'il ne comprend plus. Et en plus il a basardé tous ses disques de punk...
Récit semi-autobiographique, car Tomaz Lavric est né en 1964. La période punk, anar, biture, drogue, épingles à nourrice, OÏ, OÏ, OÏ... il a connu ça.
Mais il y a plus que ça dans cette compilation de 4 histoires. L'anarchie et le rock, certes. Et cela m'a rappelé mes jeunes années aussi. Pas dans le punk, mais dans le métal... Mais Lavric aborde aussi la révolution (soft en slovénie), l'après, les idéaux pervertis, les fachos, le nationalisme, la fermeture des frontières aux réfugiés...
On va à l'enterrement d'un pote... et c'est le moment de se rappeler. Nostalgie Kamarade... mais pas uniquement. Cela brasse tellement de choses, cela remue au fond. Madeleines salutaires... Anarchy in slovenia... Alerte rouge...
Au-delà de la couverture teintée de rouge, quoi de plus normal, les dessins sont en noir et blanc, impeccables. le trait de Lavric est fabuleux. J'adhère à l'ensemble. Il arrive à croquer des personnages en 1981 et maintenant, reconnaissables malgré l'usure du temps. Je suis fan. Où sont mes Doc Martens ou mes Pataugas... OÏ, OÏ, OÏ...
Un tout grand merci aux éditions çà et là ainsi qu'à Babelio Masse Critique de décembre 2019.
Commenter  J’apprécie         150
« Si tant de criminels ont pu nous échapper, c'est grâce à un réseau dont le centre se trouve ici même, au cœur de la cité pontificale. » (p. 29) À Rome, en 1946, et plus précisément au Vatican, le père Davor Stimac cache son beau-frère, criminel de guerre, pour qu'il échappe aux autorités serbes, via ce que l'histoire a appelé la ratline. C'est surtout Milena Mulabolic, premier amour déçu de Davor, qui traque cet homme responsable de la mort de son époux. Dans un enchaînement d'événements apparemment sans lien, un destin implacable se met en route et n'épargne ni innocent ni coupable, dans un étrange sens de la justice.
Nahik a changé de mains et continue sa marche vers le futur, tandis que le lecteur poursuit sa marche vers le passé de ce livre maudit. On découvre progressivement de quoi est fait cet ouvrage et en quoi il constitue une menace ou un espoir pour l'humanité, selon ceux qui le possèdent. « Dans ce monde nouveau qui émerge lentement du chaos, son message œcuménique contribuerait singulièrement à renforcer la paix ! À jeter aux oubliettes les vieux antagonismes religieux ! » (p. 35) Je ne vais évidemment pas tarder à lire la suite de cette saga passionnante !
Commenter  J’apprécie         120
Je remonte encore un peu le temps avec cette série, pour découvrir un autre massacre du XXème siècle pas forcément très connu : on connait mieux sa répétition de fin de millénaire.
Cette série en dévient glaçante, elle expose toute les bassesses de l'espèce humaine, toutes ses pires actions et atrocités.
Je crains le pire pour les tomes suivants
Commenter  J’apprécie         90
C'est l'histoire d'un trio maudit avec au centre une belle et toute jeune héroîne ... vénéneuse, autant et même plus que Barbara Stanwyck dans « Assurance sur la mort » de Billy Wilder. Avec sa façon de bouger, de regarder, d'aguicher sans avoir l'air d'y toucher c'est toute la félinité de l'actrice américaine ; comme elle, elle ravage tout autour d'elle sans jamais se salir, parfaite « monstresse ».
Et pourtant, elle a de quoi culpabiliser le lecteur : elle a des … circonstances atténuantes. Oui, mais...elle est devenue , mais au fait, qu'est-elle devenue cette petite fille grandie enfermée ?
Le prologue donne le ton de toute la BD : le meurtre sauvage d'un paisible commerçant de quartier par un de ses clients habituels, si courtois, et qui semble inoffensif...Bien sûr, il y a enquête de police. Et le lieutenant chargé de l'affaire semble expérimenté, on pourrait dire super cool : faut avouer, qu'on lui apporte sur un plateau la trace du meurtrier. Faut toujours rester vigilant quand la solution semble trop simple : il devrait le savoir tout de même ! Alors pourquoi et comment se laisse-t-il ...embrigader » ?
L'horreur au coin de la rue, les plus noirs desseins cachés derrière les yeux les plus innocents que l'on croit, parce que l'intelligence la plus retorse, se développe encore plus vite et plus dangereusement dans les conditions extrêmes de survie, survie au sens physique autant qu'affectif et qu'intellectuel.
C’est l’affaire Natasha Kampusch qui a inspiré à Jean-David Morvan l'idée de ce récit ; et d'autres affaires du même type ont fait la une des journaux ; des pères, de bons-citoyens, enferment des enfants au fond d'une cave, des mères victimes de dénis de grossesses suppriment le bébé encombrant...Les ogres et les sorcières de nos contes sont nos voisins.
Le ressort du récit c’est la relation d’amour - haine qui s'est tissé entre Appoline et son ravisseur, le seul type d'amour qu'elle connaisse. Elle a développé un véritable flair de carnassier pour pister les êtres solitaires : la solitude elle connaît, elle sait la reconnaître comme faille chez l'autre et s'y glisser.
BD somptueusement noire et sans aucun pathos. Le dessin de TBC épouse l'intrigue, l'éclaire, l'obscurcit et explose de vitalité, de mouvements, de dynamisme, pour nous laisser ou dans un bain de sang, ou dans les cris de joie d'une sortie d'école et se referme sur une porte qu'il faut fermer à clé, tout en devinant que ce n'est pas celui qui possède la clé et la tourne dans la serrure, qui est le moins en danger.
Commenter  J’apprécie         80
J'ai trouvé cette histoire d'enlèvement de fillette très intéressante car elle semble sortir des sentiers battus dans son développement. Le thème exploité est celui de la manipulation.
Qui est la victime ? Qui est l'agresseur ? Ce n'est pas parfois aussi clair que l'on pense. Ce récit sur un scénario de Morvan apporte en tout cas des réponses troublantes. Est-ce à la fois horrible et peu convaincant ? Pourtant, l'actualité récente sur ce genre de kidnapping semblerait prouver le contraire.
La femme fatale sordide et immorale va encore faire des siennes. Jusqu'où les auteurs iront-ils à l'avenir ? Ce genre de nouvelles aurait été impensable il y a encore 10 ans. L'époque a bien changé. Les auteurs ont su s'adapter à l'air du temps. Reste la question de savoir où nous allons ? Et une autre question accessoirement : la pauvre petite princesse Appoline parviendra-t-elle à s'échapper ?
Ce thriller sombre et glauque nous emmène dans les voies du psychologiquement incorrect. Cela sera avec délice pour certains lecteurs et avec mépris pour d'autres. Evidemment à ne pas mettre en toutes les mains. L'efficacité est de mise notamment dans la mise en scène et des personnages très bien campés.
Tout ceci explique ma notation un peu vers le haut (3.5 étoiles). Bref, un bon polar psychologique !
Commenter  J’apprécie         61
"Tu ne porteras pas de faux témoignages". Avec le Serment, nous voici plongés en pleine seconde guerre mondiale. L'histoire de Nahik continue de nous faire voyager dans le temps et dans l'espace. Entre Italie et Yougoslavie, nous suivons un groupe d'amis déchirés par la guerre et les choix de chacun. Encore une fois Giroud nous offre un album à l'intrigue très aboutie. C'est une histoire poignante, où nous sentons arrivé la fin inéluctablement. Nahik est un livre maudit ne l'oublions pas.
Le dessin de Tomaz Lavric est parfaitement adapté à l'histoire, et apporte, par les traits donnés aux personnages, du caractère à l'album.
Une réussite.
Commenter  J’apprécie         60
Nouveau voyage dans le temps et l’espace avec ce T4. Nous nous retrouvons en 1937 en Bosnie puis en 1946 en Italie. L’histoire se passe au saint du Vatican et à pour thème le rôle de ce dernier dans l’exfiltration de certains criminels de guerre. BD que je qualifierais d’espionnage, elle se démarque fortement des précédentes. Le dessin est également beaucoup plus anguleux. De loin l’album le plus décevant depuis le début.
Le Nahik est ici en second plan mais continue son voyage et de troubler la vie de ceux et celles l’ayant en main.
Commenter  J’apprécie         40
Tout en noir et blanc, la violence de la guerre de Bosnie, les journalistes disséminés et leurs observations, les militaires, la cruauté, sniper alley. Tout en petites histoires de guerre, mélangé, voire un peu confus, on ne comprend pas toujours qui est qui ?
Commenter  J’apprécie         30
Ce quatrième tome va puiser son inspiration dans l’Histoire et plus particulièrement dans l’après-guerre et dans un réseau d’exfiltration de criminels de guerre dont le centre opérationnel se situe au Vatican : le réseau Ratline.
C’est dans cet environnement chaotique et propice au drame que l’auteur va placer de nombreux personnages et y mêler amour, vengeances, drames, religion, mensonges et meurtres. Un cocktail efficace au sein duquel Giroud parvient à nouveau à placer son «Nahik» de manière efficace, tout en illustrant le quatrième commandement «tu ne porteras pas de faux témoignage» dans une conclusion efficace.
Graphiquement, c’est le Slovène TBC ("Fables de Bosnie") qui vient illustrer cette histoire sur fond d'après-guerre en pays slaves. Malgré un dessin assez épuré, ce dessinateur parvient à exprimer de manière très convaincante les sentiments des différents protagonistes et les différents éléments dramatiques de ce récit, qui est probablement un des meilleurs depuis le début de la série.
Commenter  J’apprécie         30
Tomaz Lavric, auteur de BD a grandi dans l'ex-Yougoslvaie dans les années 1980 et se souvient d'Alerte Rouge, son groupe de rock punk quand ils écumaient les scènes "underground".
Au début de l'histoire, en 2015, Youri rencontre par hasard Mike, ex-membre de son groupe. Ils échangent des souvenirs et se remémorent leurs frasques de jeunesse et leurs soirées musicales bien arrosées.
L'histoire en alternance entre 1980 et 2015, montre les préoccupations actuelles du narrateur dans lesquelles tout quinquagénaire se reconnaîtra.
Préoccupations universelles : enfants qui grandissent, conflit des générations, difficultés sociales, maladie mais surtout perte des illusions de jeunesse. Super BD, avec un graphisme en noir et blanc qui transmet bien la mélancolie d'une jeunesse achevée. A lire absolument avec beaucoup de scènes drôles où l'on se dit que la maturité a du bon!
Commenter  J’apprécie         30
Un bon épisode sur base de liens amicaux, fraternels et amoureux.
J'ai beaucoup aimé le dessin que j'ai trouvé précis, élégant et très à-propos.
Les personnages sont bien campés et j'ai trouvé que la douleur et le chagrin qui sont le lot de chacun des personnage étaient parfaitement transmis et ressentis.
A mon sens, il s'agit ici d'un des meilleurs épisodes de la série.
Commenter  J’apprécie         30
Une lecture très difficile, faite de dessins en noir et blanc dont la violence et l'absurdité suintent de toute part. Les personnages ravagés y côtoient les no man's land et les animaux fantasmés ou réels.
C'est peut-être finalement, comme le suggère le rédacteur de la préface, la seule manière adéquate de saisir et de raconter ce que fut la guerre en Bosnie.
Glaçant.
Commenter  J’apprécie         20
L’aventure continue autour du livre Nahik.
Si l'histoire autour de la Yougoslavie pendant la seconde guerre moniale et le positionnement du Vatican sur la fuite des nazis est assez interessante, on ne voit que peu de rapport avec la fameuse sourate. On arrive donc à la limite de l'exercice et le thème récurent devient un peu artificiel.
Commenter  J’apprécie         20