Il avait le sentiment de posséder un précieux pouvoir. Celui de remonter le temps. De voir ce que les autres ne voyaient plus. À nouveau, il redécouvrait l’Institut. L’amphithéâtre. La réunion de rentrée. Sa dispute avec Saori, et cette fois, il aperçut les tatouages que Chloé lui avait décrits. Il se sentit hypnotisé par la déesse ailée et le scarabée sur ses cuisses.
À en croire leur ressemblance frappante, il s’agissait de jumelles. Elles portaient toutes les deux de longues robes à fleurs, d’un jaune éclatant pour la première, et d’un bleu nuit pour la seconde. Adrien se dit qu’elles représentaient le soleil et la lune. La première rayonnait de tout son être, que ce fût grâce à ses grands yeux azur, son sourire contagieux ou les bracelets colorés qui pendaient à ses poignets. L'autre, au contraire, semblait plus rêveuse, avec son regard perdu dans le vide et ses lèvres closes. Mais si leur attitude s’opposait radicalement, elle possédait les mêmes traits, la même peau dorée et la même silhouette fine et longiligne.
Il devait bien l’avouer, elle possédait un certain charme, mais malheureusement, il savait qu’elle ne s’intégrerait pas dans son long-métrage. L’aurait-il remarqué si elle n’avait pas cassé son mug ? Il en doutait. Cette fille était trop transparente. Trop timide. Trop fade. Trop banale. Elle ne bénéficiait ni du charisme de Chloé ni de l’arrogance glaciale de Saori. Elle ne dégageait rien, qu’importe son air bienveillant et la délicatesse de ses traits.
Mais surtout, elle m’a appris combien il est important de rester déterminé et de travailler dur pour atteindre ses objectifs. Lilie répétait tout le temps que c’est grâce à l’ISAA qu’elle est aussi impliquée dans son travail aujourd’hui. Elle commence à six heures le matin et elle n’arrête pas avant la nuit tombée. J’admire énormément son rythme. C’est la vie que j’aspire à avoir.
Entrer dans la meilleure école d’art de France, ça donne la grosse tête. L’avantage, c’est que ça m’inspire pour mon long-métrage. Ici, je trouverai facilement de quoi réaliser mon thriller. Laisser cohabiter autant de fortes personnalités ensemble dans une même école, ça crée forcément des étincelles. Et moi, ces étincelles, je les filmerai toutes avec toi, mon très cher Canon.
L’intello qui panique à l’idée de mourir. Maintenant qu’il prenait enfin ses marques dans l’établissement, Adrien désirait en profiter pour attribuer chacune de ces personnalités à ses camarades. Chloé serait parfaite en héroïne courageuse. Saori et Raphaël incarnaient le duo autant haï qu’adoré. Et les jumelles s’apparentaient à de parfaites victimes du meurtrier.
Il y avait à peine la place pour y ranger une dizaine de livres, mais Adrien savait déjà lesquels il installerait ici : ceux de sa collection d’Agatha Christie.
Après tout, rien ne valait ses livres. Il adorait leur atmosphère pesante, les indices laissés par l’écrivain, et surtout, les retournements de situation qui ne manquaient jamais de le surprendre.
Elle possédait un visage de poupée, un petit nez en trompette, des joues pleines et de grands yeux noisette qui l’examinaient. Adrien se surprit à garder le silence, incapable de prononcer le moindre mot. Pour l’instant, il avait du mal à penser à autre chose qu’à la beauté de cette fille dont la peau noire contrastait avec le vert éclatant de sa robe.
Une chose frappa Adrien quand elle se releva : sa taille. Elle mesurait pas moins d’une tête de plus que lui, si bien qu’il se sentit bien petit face à une étudiante aussi grande. Ses yeux perçants soulignés par un trait d’eye-liner, ses longs cheveux noir ébène, son air altier, ainsi que son rouge à lèvres : tout le désarmait chez elle.
Maintenant qu’il ne se trouvait plus qu’à un pas d’elle, Adrien put admirer la délicatesse de ses traits. Une beauté certes assez classique, sans surprise, avec ses grands yeux noisette, ses cheveux bruns, ses joues rondes et sa silhouette voluptueuse. Mais un charme qui parvenait néanmoins à attirer son attention.