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Citation de NICETTE


HUMANISME
Je ne savais pas, en commençant les recherches qui ont conduit à ce livre, que Montesquieu et Rousseau allaient y juger Chateaubriand et Michelet, Renan et Péguy; mais c'est bien ce qui s'est passé. Montesquieu et Rousseau, en effet, incarnent, quand on les prend à leur mieux, la philosophie humaniste qui m'a permis de constater le détournement de son projet au cours du XIXe siècle.
C'est Rousseau qui affirme que l'éthique ne doit pas être soumise à la science; que le cosmopolitisme et le patriotisme sont incompatibles, et que le premier est supérieur au second; qu'on ne peut imaginer un individu asocial. C'est Montesquieu qui trouve, dans la modération, un principe universel de la vie politique, indépendant des conditions oibjectives propres à chaque pays ; qui montre que l'attention pour les cultures (pour "l'esprit de la nation") n'impliquepas nécessairement un patriotisme aveugle ; qui met en évidence le rôle du groupe social auquel appartient l'individu. Ce sont Montesquieu et Rousseau qui refusent de voir la vie humaine comme régie par un déterminisme sans faille, et qui reconnaissent dans la liberté le trait distinctif de l'humanité. Les idéaux qu'ils mettent en avant nous permettent de comprendre les "détournements" du 19e siècle, et de les condamner. Ces détournements, loin de constituer l'apogée de l'humanisme, en sont la ruine.
Tzvetan TODOROV - "Nous et les autres" - pages 431-432
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