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Critiques de Uršuľa Kovalyk (12)
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L'écuyère

Dans la Tchécoslovaquie de la fin des années 1980, une adolescente solitaire, élevée dans une famille dysfonctionnelle exclusivement féminine, trouve refuge dans sa perception onirique du monde et, surtout, dans un centre équestre où elle découvre l’amitié et la pratique de la voltige au sein d’une équipe. La chute du régime communiste en 1989 et l’ouverture du pays à l’économie de marché viennent toutefois brutalement anéantir les projets de compétition sportive de la jeune fille.





Ce court et étonnant roman au style âpre et direct, pour ne pas dire cru, est l’histoire métaphorique de deux émancipations pleines d’espoir, qui sombrent l’une comme l’autre dans la désillusion et l’amertume. Tandis que la tendre adolescente découvre les cruautés de la vie et voit fondre ses rêves, l’ex-Tchécoslovaquie troque ses barbelés contre la cage dorée d’une société de consommation individualiste en manque d’idéal.





Comme souvent dans les pays de l’Est soviétique où sévit une surmortalité masculine, les femmes ont dans cette histoire l’habitude de se débrouiller seules face à l’absence, la violence ou l’alcoolisme des hommes. Dans cette société autoritaire et refermée sur elle-même, les personnages apparaissent finalement tous aussi cabossés les uns que les autres. Marginaux, inadaptés, mais plutôt solidaires, ils parviennent toutefois tant bien que mal à trouver leur place et à subsister. Cela leur devient bien plus compliqué lorsque le chacun pour soi franchit le rideau de fer et les laisse sur le carreau de la compétitivité, anéantissant leurs naïfs espoirs d’une vie meilleure. Il n’est pas jusqu’au vieux et fidèle Cyril, le cheval de voltige, qui ne se retrouve tristement condamné à la boucherie...





Ce récit sombre et amer, dont la causticité s’assortit de pépites de tendresse et de poésie, est le saisissant instantané de la fin d’un monde qui renaît sous une autre loi du plus fort, avec son même lot de laissés-pour-compte.


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L'écuyère

Quelle jolie découverte, originale et inattendue!



Cru, direct, hyper réaliste, avec des comparaisons imagées, insolites et proches du burlesque, le récit de la vie de L'écuyère commence par sa propre fin dans un duel mythologique avec un étalon.



Karolina naît dans une famille de femmes, dans la Tchécoslovaquie socialiste. Élevée par une grand-mère au franc-parler et aux méthodes éducatives musclées puis par une mère volage, la petite fille voit le monde qui l'entoure encombré de visions oniriques, et grandit dans une solitude enfantine difficile.



Le bonheur va se concrétiser par la découverte de la voltige et le succès rencontré dans une équipe de compétition. Quelques petites années qui se racontent en récit d'apprentissage et d'indépendance, d'enthousiasme et de désillusions, à l'image du désir de liberté collective d'un pays qui ouvre ses portes en 1989.



Auteure slovaque confirmée, femme engagée, Ursula Kovalyk n'a été traduite en français que deux fois et mérite d'être découverte pour sa verdeur de ton et son aisance à décrire l'humain.



Une excellente pioche de Masse critique et mes remerciements aux Éditions Intervalles

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L'écuyère

Un grand merci aux Editions Intervalles et à la Masse Critique de Babelio.



La romancière slovaque Ursula Kovalyk n'avait pas pleinement convaincu avec Une femme de seconde main, son premier livre traduit en français. L'écuyère, malgré une relative brièveté, est bien meilleur, trouvant parfaitement un ton original mêlant poésie, humour narquois, et franche causticité, parfois. Le personnage principal, Karolina, une pré-adolescente, et son émancipation progressive sont pourtant monnaie courante dans la littérature mais Ursula Kovalyk échappe aux clichés éventuels en faisant de son héroïne une fillette de "seconde main", vivant dans une famille dysfonctionnelle et intégralement féminine et finissant par passer son temps dans un centre équestre où elle rencontre une future amie de son âge, aussi peu orthodoxe qu'elle. Il est évident que la romancière aime les personnages marginaux déclassés et cela se vérifie même pour les animaux avec ce vieux cheval qui va contribuer à donner un nouveau sens à la vie de Karolina avec l'entraînement puis les compétitions de voltige équestre, ces dernières étant décrites de façon très pittoresque. Précisons que Karolina va vivre ses plus belles années alors que la Tchécoslovaquie est sur le point d'en terminer avec son régime communiste. Le basculement vers le libéralisme correspond au moment où l'écuyère devient femme. Les dernières pages du livre sont les plus belles, avec l'abandon de l'innocence et de l'insouciance en quelque sorte, pourtant vécues au sein d'une société autoritaire et repliée sue elle-même. Un paradoxe que Ursula Kovalyk explique et exprime avec mélancolie et émotion dans une langue simple et attachante.
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Femme de seconde main

Tiens, un roman slovaque s'est immiscé dans la jungle de la rentrée littéraire. Cela mérite un coup d'oeil tant la littérature de ce pays d'Europe Centrale nous est à peu près inconnue. Femme de seconde main, voici un titre qui perturbe quelque peu mais attention, rien d'équivoque là-dedans. Gabriela, l'héroïne, a atteint les trente ans et décidé de quitter sa petite ville pour la grande (Bratislava, sans doute, mais jamais nommée) et de créer sa propre activité, dans un domaine a priori peu concurrentiel. En effet, elle prétend offrir, à ceux et celles qui le souhaitent, une amitié rémunérée, dans des conditions que ses futurs clients décideront. Le roman va ainsi suivre les interventions de Gabriela dans les existences de trois individus, soit, pour résumer, un handicapé souffrant d'une maladie dégénérative, une "Fashion Victim" mariée à un homme qui a deux fois son âge et une femme d'affaires acariâtre, assez souvent alcoolisée. Trois tempéraments abrasifs que Gabriela, bien que plutôt cool, a du mal à canaliser dans l'exercice d'une fonction dont les limites, malgré la signature de contrats, sont assez peu claires. Le livre louvoie entre chaque "client", prétexte pour Ursula Kovalyk à une radiographie douce-amère d'un pays qui gère tant bien que mal l'époque post-communiste et à une description minutieuse de l'ultra solitude urbaine. La romancière, de par une plume relativement relâchée, cherche plutôt la légèreté et son ton primesautier et drolatique, s'il s'avère plutôt agréable, a quelque chose d'un peu superficiel et finit par manquer de substance. Sans doute consciente qu'elle ne peut enchainer les péripéties ad libitum, l'auteure a la bonne idée d'opérer un véritable tournant dans son récit, autour de la 200ème page. Ce qui permet illico de relancer un intérêt qui menaçait de tomber. Vives et amusantes, les dernières pages de Femme de seconde main permettent de laisser le lecteur sur une excellente note. Ce dernier ne repoussant absolument pas l'idée de revenir vers la romancière slovaque, dès qu'une nouvelle traduction sera disponible.
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Femme de seconde main

Gabriela, dite Csaba, est une trentenaire célibataire qui en a marre de vivoter des aides sociales. Au chômage depuis 5 ans, elle décide de partir avec sa petite chienne dans la Grande Ville pour y créer son propre emploi en vendant tout bonnement son amitié ! Elle espère aussi pouvoir y retrouver son frère qu'elle n'a jamais vu.

L'annonce passée dans le journal où elle propose une une relation humaine, une présence ou un accompagnement lui ramène trois clients. qui vont lui donner du fil à retordre. Kornel, un handicapés accro au shit, Cindy addict à un grand couturier et Muriel une femme d'affaire alcoolique au caractère épouvantable. Tous les trois vont l'emmener sur des chemins peu ordinaires.

Entre satire sociale et comédie de moeurs, Ursula Kovalyk croque ses personnages avec beaucoup d'humour, égratignant au passage un monde où les apparences sont trompeuses. Le style est enlevé, le ton impertinent et les métaphores pleines de poésie. C'est une lecture que j'ai appréciée pour la qualité de son écriture et qui m'a bien fait rire, mais qui me laisse perplexe. Je n'ai compris ni titre ni le sens de cette histoire. Je n'ai pas non plus trouvé d'intérêt à l'histoire du frère aussi tordue que superflue.
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L'écuyère

Dans la Tchécoslovaquie des années 80, Karolina et Romana sont deux pré-adolescentes à la vie morne. Coincées dans des familles bizarres (voire malsaines), piégées dans des corps contournés et maladroits, enfermées dans un pays que régente la propagande socialiste, isolées des autres jeunes par leurs esprits trop indépendants et leurs comportements peu conventionnels, elles trouvent enfin une échappatoire à ces multiples prisons. Et c'est un troisième personnage, tout aussi central, qui leur offre cette possibilité d'évasion : Cecil.

Cecil, qui deviendra leur meilleur camarade de jeu, n'est pas un enfant de leur âge : c'est un vieux cheval, peu gracieux, mais qui a su rester fier et se montre, surtout, très coopératif quand les deux jeunes filles, encouragées par une monitrice de l'école d'équitation, se lancent dans un défi inimaginable pour leurs corps bancals : faire de la voltige équestre.

Le choix d'un rythme vif et d'un style sobre, aux phrases courtes, sans fioritures, permet à Uršuľa Kovalyk de rendre aussi bien la laideur des décors (nouvelles constructions pas finies ou vieux bâtiments décrépits), que les questionnements et les émois de Karolina, gamine qui devient femme au fil des pages, ou encore la volonté et la force de ces deux acrobates inattendues. Par cette plume très réaliste, l'auteur sait aussi parfaitement évoquer la puissance de la musique (Pink Floyd, King Crimson...) qui transporte Karolina loin de son quotidien gris, et elle parvient à créer toute une galerie de personnages secondaires et, à travers eux, à nous immerger dans la réalité des dernières années de cette république socialiste. On découvre alors surtout des femmes (la mère, la grand-mère, les tantes de Karolina, ainsi que ses coéquipières de voltige) et les quelques hommes qui apparaissent brièvement ou sont même simplement nommés s'avèrent tous peu fréquentables : pervers, ivrognes, violents, dominateurs, ils semblent n'être là que pour démontrer que la moitié de l'humanité ne vaut pas grand chose. Sujet à méditer... Finalement, seul Arpi, un ado marginal qui initiera Karolina aux groupes de rock impérialistes et à la cigarette, relève un peu le niveau de la gent masculine. Et encore...

Dernier point à signaler, le contraste entre ce réalisme, parfois très cru, et le "pouvoir " de Karolina, capable de sonder les âmes des personnes qu'elle croise. Est-ce un effet de son imagination ? une manifestation de son hypersensibilité ? une forme très particulière d'intelligence émotionnelle? ou encore une petite touche de surnaturel dans un univers trop concret ? L'auteur ne nous en dit rien... et c'est très bien ainsi : elle nous laisse le plaisir d'imaginer l'explication qui nous convient.

En conclusion, L'Ecuyère est un roman élégamment écrit, et plutôt sombre, même s'il est émaillé de scènes d'amitié ou de tendresse maternelle qui posent, de loin en loin, quelques points de lumière. C'est aussi un roman qui permet une plongée dans une époque et un mode de vie révolus, tout en initiant des réflexion sur l'amitié, le dépassement de soi et la place de la différence. Un roman court, mais qui continue à faire réfléchir une fois la dernière page tournée.
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Femme de seconde main

D'après l'éditeur, l'excellent maison Intervalles, Uršuľa Kovalik est slovaque et "depuis longtemps impliquée dans la défense du droit des femmes et dans l'aide aux sans-abris. Elle dirige également une troupe de théâtre composée de personnes sans domicile fixe. Femme de seconde main est son premier roman traduit en français", et c'est fort dommage car si les autres sont aussi bons que celui-ci, il est plus que temps de découvrir cette auteure, ou alors, si je prends ce constat avec mon optimisme naturel, c'est une excellente nouvelle, car ça me fera plein de textes à découvrir lorsqu'ils seront traduits. Uršuľa Kovalik part d'une idée simple, les gens dans les grandes villes sont seuls accaparés par leur travail ou dans le cas de ses héros, gêné par leur maladie ou acheteuse compulsive qui ne vit que pour cela. Sur ce constat, elle bâtit son histoire et la société de Gabriela qui vend de l'amitié et rien que cela, pas de sexe. Elle-même est seule avec sa chienne Hilda et son nouveau travail est sans doute aussi important pour elle que pour ses clients.

Très habilement, la romancière parle de la solitude, de la difficulté de vivre très isolé et très chichement, de l'anonymat des grandes villes, d'une génération de trentenaires qui semble en difficulté, sans vrai repère dans ce pays jamais nommé mais dont on imagine aisément qu'il est le sien, la Slovaquie, qui fut jusqu'en 1993, une partie de la Tchécoslovaquie communiste.

Les personnages de Uršuľa Kovalik sont très présents, Gabriela en tête, mais ses clients itou, tous avec leur forte personnalité et leurs blessures visibles ou enfouies, et l'on apprendra à les connaître tout au long du roman.

Deux-cent soixante-dix pages auraient pu paraître longues, et c'est au moment où l'on commence à y penser que l'auteure crée le rebondissement qui relance son histoire qui prend ainsi une tournure et une dimension différentes. Uršuľa Kovalik s'attarde aussi pas mal sur des descriptions de lieux, de la nature, de personnes, de situations pas forcément en rapport direct avec son histoire mais qui apportent un côté décalé, comme lorsqu'une conversation ou une réunion de travail nous ennuient -qui n'a jamais vécu cela?- et qu'on regarde dehors si les lieux le permettent où que notre esprit divague à la suite d'un mot entendu ou d'une attitude d'un collègue, c'est sain et naturel -enfin, ça l'est pour moi, j'espère ne pas être le seul dans ce cas, ça m'arrive souvent (j'espère que mon chef ne lit pas mon blog).

Une auteure et un roman à découvrir qui débute justement par une des descriptions dont je parlais à l'instant, non dénuée d'humour, un humour présent malgré un thème pas toujours gai, un humour parfois noir, grinçant qui donne à la lecture un goût de légèreté tout en faisant passer le message :

"La peinture marron fécal et bon marché des murs de l'agence pour l'emploi semblait ce matin-là un soupçon moins merdâtre. L'écorce rigide d'une branche, parsemée d'un jaune fluorescent, dessinait une longue ligne oblique sur le crépi du bâtiment. Des tickets de bus usagés traînaient au bord du trottoir, tels des vieillards desséchés sur une plage naturiste. Personne ne se pressait." (p.5)
Lien : http://www.lyvres.fr/
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Femme de seconde main

Je ne vais pas me lancer dans un long résumé, puisqu'il y en a déjà plusieurs.

Femme de seconde main raconte l'histoire de Gabriela, qui vit des aides sociales dans sa petite ville, et décide de partir pour la Grande Ville pour proposer un service unique : devenir votre amie, contre rémunération bien entendu. Elle se forme ainsi sa petite clientèle (enfin... trois personnes), composée de gens assez "excentriques". Nous suivons donc les visites de Gabriela à ses clients, avant que les choses ne... commencent à déraper.



J'ai eu dû mal à entrer dans ma lecture. Le début était assez lent à se mettre en route, et ce n'est vraiment qu'à partir du moment où elle a commencé à rencontrer ses premiers clients que j'y ai trouvé un intérêt.

Je crois qu'en fait je m'attendais à tout autre chose, et le rythme assez lent de ce roman m'a surprise. On vivote avec Gabriela au fil des anecdotes de ses clients, on observe les bâtiments, on promène le chien....



Le style de l'auteur n'est pas désagréable à lire, mais les scènes descriptives, assez nombreuses tout de même, et supposées nous plonger dans une certaine ambiance, me passaient un peu à côté. J'ai lu dans une critique que cela manquait un peu de "substance", et je suis assez d'accord. Il manque quelque chose pour profiter vraiment de l'instant, de la scène, pour partager le ressenti de Gabriela.



Cette "amitié de seconde main", je trouve, n'en devient plus vraiment une sur la fin, puisque ses clients viennent lui rendre visite, lui rendent service, et qu'elle même n'hésite pas à se déplacer au milieu de la nuit pour aller les aider. De temps en temps l'auteur rappelle que son personnage fait cela pour de l'argent...



Au début du livre, certaines phrases prononcées par Gabriela nous font entrevoir un futur plus lointain (comme lorsqu'elle mentionne qu'aujourd'hui elle ne vit plus dans ces barres d'immeubles grises) que nous ne découvrirons aucunement. Cela m'a laissée un goût un peu amer sur la fin, parce que j'avais un sentiment d'inachevé, qu'on m'avait enlevé la vraie conclusion. D'autant plus que j'avais vu venir la scène avec son frère depuis le moment où elle l'avait rencontré.



Bref, pas vraiment emballée par cette lecture. Pour moi, il manquait trop de petites choses pour que je sois vraiment accro et que je sois triste de tourner la dernière page.

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Femme de seconde main



Csabika, femme trentaine, vit seule dans la Petite Ville, d'un pays d'Europe de l'Est. Elle rumine sa situation car elle est au chômage de puis de trop longues années. Alors elle décide de prendre son destin en main, d'aller affronter la Grande Ville, la foule, l'inhumanité des rencontres, la pollution et la grisaille, les prix exorbitants et les exploitations diverses. Elle y trouvera peut-être, qui sait, son frère qu'elle n'a jamais vu. Mais elle s'y rend avec un projet professionnel aussi abouti que déroutant : tant de solitude dans ces grandes villes, et elle avec ses qualité d'écoute, sa patience et sa sociabilité. Elle va proposer ses services d'amitié, facturer des après-midi, des soirées d'échanges amicaux ou d'activités sociales. Et ça démarre rapidement, avec Muriel, la manager active, riche et alcoolique, Kornel handicapé accro au cannabis, et Cindy, une fashion addict.





Ce roman nous livre très vite son héroïne qui prend le parti-pris de la marchandisation de l'amitié, à l'heure de l'ubérisation de la société, de l'auto entreprenariat, de la débrouille, de l'exode rurale en Europe, et de l'image de soi à assurer en société. L'écriture est belle, les pages sont fluides, les dialogues assez énergiques sont ponctués de temps de respiration presque contemplatifs où la Grande Ville devient un personnage vivant.





Très vite un rythme de visites et de sorties s'installe entre Csabika et ses clients, d'abord dans une relative harmonie même si elle doit gérer les crises d'humeur éthyliques de Muriel, puis avec des conflits liés à l'évolution des relations et des attentes que chacun a.



Les espoirs d'une reconversion professionnelle dans la ville s'accompagnent pour notre personnage principal de l'envie secrète de retrouver par chance et par hasard un frère qu'elle n'a jamais connu. La romancière slovaque s'emploiera à achever son roman par des événements un peu rocambolesques.



Une lecture que j'ai bien appréciée aux côtés d'une femme désillusionné qui se débat dans un monde terne, en témoin de nombreuses détresses sourdes.






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L'écuyère

Karolína vit avec sa mère et sa grand-mère dans la Tchécoslovaquie de la fin des années 1980. Lorsque sa grand-mère meurt, elle se retrouve souvent seule, sa mère travaille et fréquente beaucoup d’hommes. La jeune fille fugue alors et se lie d’amitié avec Romana et Matilda dans un centre équestre. Il y a aussi Arpi qui lui fait découvrir les Pink Floyd et la cigarette.



La vie d'une petite fille devenue adolescente dans ces années-là qui virent le passage du régime totalitaire à la démocratie. La vie de Karolína est relativement détachée du régime politique, même si, les leçons apprises par coeur à la gloire du parti, les règles strictes, les conditions de vie sont bien présentes et n'encouragent pas à l'ouverture d'esprit ni à l'épanouissement. Elle l'est beaucoup moins sur le passage à l'adolescence, sur les rivalités entre enfants. Et puis il y a les rencontres, avec Romana d'abord, puis avec le cheval incarné ici par un vieil et doux étalon nommé Cecil.



Uršuľa Kovalyk écrit là son deuxième roman paru chez Intervalles après le très bon Femme de seconde main, déjà traduit par les mêmes garçons. Court roman très différent du précédent, puisque ici, c'est une adolescente mal dans sa peau qui s'exprime. La romancière use d'une langue simplifiée, directe, qui va au plus court et raconte son histoire en moins de 130 pages sans que rien ne manque. Les situations sont parfois tragiques, parfois comiques, le langage est cru sans être grossier. Des exemple ?



"Une fois que j'ai appris à parler et que ma cervelle a fonctionné à plein, j'ai demandé à quoi ressemblait mon grand-père. Mamie a alors souri mystérieusement avant de sortir du tiroir une photo sur laquelle on voyait un grand monsieur avec une fine moustache noire sous le nez. Il avait les cheveux gras, tenait un chapeau dans la main et une jeune femme avec deux longs traits noirs en guise de sourcils s'appuyait contre lui. Elle portait elle aussi un chapeau, mais le sien était orné de magnifiques fleurs. Mamie a dit que Grand-père était un beau gosse doublé d'un sacré queutard. [...] Elle [Mamie] lui [maman] disait qu'elle avait un clitoris à la place du cerveau. Je m'imaginais qu'elle avait une très belle fleur dans la tête, quelque chose comme un glaïeul." (p.13/14)



L'humour est parfois plus tragique, plus noir. Karolína étant doté d'un caractère fort, elle ne se fait pas que des amis et doit se défendre contre des attaques pas toujours fines. C'est un roman à la fois caustique et poétique, drôle et émouvant, celui d'une jeune fille qui se métamorphose en même temps que son pays. Uršuľa Kovalyk est une romancière à découvrir rapidement, une plume singulière et riche.
Lien : http://www.lyvres.fr/
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Femme de seconde main

C'est la première fois que je lis un roman slovaque ! C'est aussi le premier livre de l'auteur traduit en Français. Merci à Babelio et aux éditions Intervalles pour m'avoir offert ce roman dans le cadre de l'opération Masse Critique.

Je me suis jetée avec enthousiasme dans cette lecture. Le style est concis, phrases courtes et peu de descriptions. Nous suivons le quotidien d'une jeune femme de la Petite Ville partie chercher du travail dans la Grande Ville. Elle décide de proposer ce qu'elle sait faire de mieux : Elle va vendre de l'écoute et proposer ainsi des amitiés de seconde main. Par la même occasion, elle va rechercher - en se fiant à son intuition - son frère qu'elle n'a jamais connu.



Le thème est inspiré. De nombreuses critiques sociales vont se succéder en filigrane. Alors pourquoi lui avoir juste donné la moyenne ? Parce que j'ai le sentiment que l'auteur s'est ennuyé de son livre au fur et à mesure de l'écriture. Les mots employés par la narratrice se font lapidaires. Il m'a semblé être prise dans une course pour en finir au plus vide (sans savoir comment finir justement).



La fin est également convenue. Quel dommage ! La couverture et le résumé m'avaient beaucoup attirée.



Bonne lecture :)

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L'écuyère

Après le décès de sa grand-mère, Karolina, une jeune adolescente plus ou moins livrée à elle-même, fait la connaissance dans un centre équestre d'une jeune fille brutalisée par son père, alcoolique. Toutes deux, à force de persévérance, vont parvenir à monter Cecil, un vieux cheval proche de la retraite, et à réaliser quelques acrobaties. Matijda va repérer ces deux cavalières délicieusement inadaptées. Ensemble, elles forment bientôt une équipe de voltige équestre détonante.

Dans le même temps, la chute du communisme bouleverse le quotidien du pays, et va apporter des changements importants au centre équestre.

Un excellent roman, assez triste, sur le passage de l'adolescence à l'âge adulte, et la perte des dernières illusions de l'enfance. C'est très bien écrit et il y a de très beaux passages sur la voltige équestre. L'écriture est sensuelle et âpre.
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