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Citation de claraetlesmots


Ca lui fera monter les larmes, Mathilde, à l'automne prochain, l'automne de ses dix-huit ans, quand elle recevra sa première fiche de paie avec ces mots inscrits à la plume, Sécurité sociale, tandis que son père crachera ses bacilles, ruiné. Elle bénéficiaire dès le premier salaire et son père jamais depuis trente-trois ans qu'il trime et depuis quinze ans que la Sécurité sociale existe, commerçant, puis pleurétique, puis vendeur de frites à cause de la maladie qui l'empêche de faire cafetier, la maladie cause la ruine qui prive de soins, aggravant la maladie ; ni pour lui, la Sécurité sociale, ni pour Odile, commerçante, épicière, vendeuse ambulante, éleveuse de souris, professions indépendantes ils disent, débrouille-toi comme tu peux, le rêve c'est pour les salariés. À l'automne prochain, Mathilde lira le montant inscrit dans la petite case sur sa fiche de paie, le chiffre qui aurait changé leur vie, la grande conquête du Conseil national de la Résistance comme elle l'apprendra un jour. Elle apprendra aussi à dater le miracle des Trente glorieuses et la révolution antibiotique, découvrant qu'ils étaient en plein dedans les Blanc, à Limay, à La Roche, en pleine gloire sans le savoir. Ça fait belle lurette qu'on ne payait plus l'assurance privée, avouera Odile. En 1952, pour le sana, ils l’avaient, l'assurance privée. Après ils n'ont plus d'argent pour la cotisation. Ils ont cessé de payer, ont attendu des jours meilleurs. Il n'y a pas eu de jours meilleurs, elle le sait bien Mathilde, de toute façon qu'est-ce que tu crois, ils font des examens avant de t'accepter à l'assurance, pour Paulot après c'est pleurésie il n'avait aucune chance, ils n'en auraient jamais voulu.
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