Le seul document personnel en sa possession, qu’elle conservera jalousement jusqu’à sa mort, est un diplôme.
Il n’atteste pas de son identité. Il atteste de sa croyance. Sa croyance naïve en une civilisation où l’instruction et l’éducation pouvaient sauver le monde de ses haines recuites, de son obscurantisme, de sa bêtise. Un monde idéal, rêvé par son mari, où l’homme ne serait plus un loup pour l’homme. Où il serait impossible de se transformer en bêtes sauvages, puisqu’on serait éduqués.
Caché sous sa robe, ce diplôme a été son talisman. Si le progrès et la science peuvent sauver le monde, ils sauveront peut-être Aravni, dix-sept ans, convoi d’Amassia, juillet 1915.