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Citation de michelekastner


Il disait après la guerre j’étais muet, je traduisais en sentant ma gorge se
dessécher et durcir, et j’ai compris : avant de partager la même langue, avant que l’hébreu soit conquis au terme d’un combat où chaque mot
introuvable était un désarroi amer et chaque mot correctement employé un
soulagement, avant cela nous avons partagé le silence hébété des « nouveaux immigrants ». Puis nous nous sommes mis à parler cette langue
dans laquelle nous n’avions pas vécu, c’est-à-dire une langue dans laquelle
nous n’avions pas découvert le monde ni été aimés, dans laquelle nous n’avions pas souffert non plus, et surtout dans laquelle n’étaient pas inscrits
les silences de l’enfance. Nous nous sommes glissés dans l’hébreu comme
dans des draps rugueux, dans une hospitalité qui créait grossièrement mais
sûrement un espace inviolable par le passé, dont on pouvait se donner
l’illusion qu’il n’avait pas eu lieu. Le merveilleux oubli avait aussi permis
la renaissance.
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