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Citation de Charybde2


« Tu devais me rappeler, tu as oublié ? hurla Angela.
– Le prélude n’est pas dans le ton. Tu as attaqué au moins trop notes trop haut.
– Un de ces jours, tu iras valser là où je pense. Tu te souviens pour ce soir ?
– Bien sûr, nous avions déjà tout décidé, pas vrai.
– Tu sais que les rendez-vous doivent être confirmés ?
– J’ai appris que pour les avocats ça marche comme ça, mais les policiers sont à la merci… »
Il ne parvint pas à finir sa phrase car elle lui raccrocha au nez.
Il détestait les scènes de ménage, mais il avait été absolument sincère : il ne programmait jamais ses journées et, s’il le faisait, il était certain que tout risquait de tomber à l’eau. Par exemple, qui aurait pu imaginer que Tonna avait été assassiné ? Le coup de fil de la matinée lui revint en mémoire : un suicide à l’hôpital, il fallait quelqu’un de la police pour les vérifications de routine. Mais en fait…
Juvara apparut sur le pas de la porte au moment où il pensait qu’il serait inutile de rappeler Angela. Quand elle était en colère, elle coupait tous ses téléphones.
« Deux gros fachos, deux têtes brûlées », dit son assistant sans préambule.
Le commissaire saisit au vol la référence et ne fit aucun commentaire. Il se sentait bien seul face à un mystère qui l’attirait instinctivement, mais qui, en même temps, lui semblait inquiétant et pénible.
« Tu as réussi à en savoir plus ?
– Ils vivaient isolés. Autour d’eux, il y avait une espèce de cocon.
– Ça, je le savais déjà.
– J’ai fait des recherches sur Internet pour savoir si dans ces années-là… »
Le commissaire sentit monter en lui une certaine exaspération. Il détestait l’acharnement informatique de Juvara, même s’il savait que les jeunes générations de policiers passaient plus de temps devant leur clavier que devant les délinquants.
« Tu crois pouvoir tirer quelque chose de cette machine ? »
Juvara resta silencieux alors que Soneri continuait à composer en vain le numéro d’Alemanni. Il devait coûte que coûte obtenir l’autorisation d’étendre ses investigations au PÔ.
Quand il posa à nouveau les yeux sur la porte, l’inspecteur avait disparu. Leurs caractères se compensaient à merveille. L’autre comprenait avec un synchronisme parfait à quel moment il fallait le laisser seul. Lui pensait au Pô, à la crue, au Tonna batelier laissant sa péniche à un complice maladroit, se rendant en ville, puis éliminant son frère pour un mobile inavouable. Est-ce que les choses pouvaient s’être déroulées ainsi ? Ou alors les deux avaient été tués à quelques heures d’intervalle par un seul meurtrier ? Ou bien, enfin, il ne s’agissait que d’une coïncidence ? Il aperçut l’éventail infini des possibilités, qui chaque fois lui procurait un sentiment d’angoisse lié à l’idée de choisir, et qui changeait le cours de ses journées.
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