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Les enquêtes du commissaire Soneri tome 1 sur 3
EAN : 9782757864326
Points (09/03/2017)
3.58/5   194 notes
Résumé :
Dans une vallée brumeuse du nord de l'Italie, la pluie tombe sans relâche, gonflant le Pô qui menace de sortir de son lit. Alors que les habitants surveillent avec inquiétude la montée des eaux, une énorme barge libérée de ses amarres dérive vers l'aval avant de disparaître dans le brouillard. Quand elle s'échoue des heures plus tard, Tonna, son pilote aguerri, est introuvable.
Au même moment, le commissaire Soneri est appelé à l'hôpital de Parme pour enquêt... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (67) Voir plus Ajouter une critique
3,58

sur 194 notes
On peut dire que dans " le fleuve des brumes" , notre inspecteur au cigare, Soneri, a littéralement les pieds dans l'eau. Tout au long de cet opus, on se promène sur et le long du Po. On s'y promène dans la brume et sous la pluie. Il fait froid, sombre, gris et évidemment c'est humide. Même la lectrice que je suis, je frissonnais sous ce climat de cette vallée du Po. Ce fleuve qui, au cours de l'automne, a décidé de sortir de son lit, d'enfler et de refluer jusqu'à faire évacuer des résidents et mettre à l'épreuve les marins.
Par un beau matin, on retrouve une barge qui a dérivé et échoué durant la nuit, vide...En même temps ou presque, ce même matin, le frère du batelier est défenestré. Suicide, meurtre, noyade? Y a -t-il un lien entre la disparition du marin et son frère passé par la fenêtre ? le Po, ce fleuve qui a tout vu, qui cache dans ses berges et dans son fond les secrets de l'histoire d'une vallée est-il sorti de son lit pour nous en révéler quelques-uns ? le fleuve qui joue le rôle principal et qui met tout en scène, le fleuve qui régit les vies des habitants de ses rives, le fleuve qui cache, qui fait dériver, qui interrompt les habitudes de vie, le fleuve roi qui assujettit ses sujets à ses humeurs...C'est dans ce pays de taiseux, de silence, de rancoeurs que ce fleuve finira par rendre sa sentence et mettre à jour une vengeance...
Il ne faut pas être avide ou pressé pour lire ce titre. Peu d'action ou de rebondissement , plutôt une lente et longue promenade dans cette vallée qui mène toujours à l'eau , à la rencontre de ceux qui depuis plus de 50 ans l'habitent et y ont survécu . Une ambiance, une réflexion et toujours ce fleuve qui mène la danse mais à son rythme...
PS: Je répète , qu'est-ce qu'ils ont tous ces auteurs italiens à toujours nous mettre l'eau à la bouche avec leurs plats? Gourmets et gourmands ils sont et ça me plaît.
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Italie, plaine du Pô. le commissaire Soneri est appelé à l'hôpital où Decimo Tonna vient de se jeter par la fenêtre. Mais un rapide examen des lieux infirme le suicide. le vieil homme a été défenestré. le même jour, son frère Anteo est porté disparu, sa péniche échouée après avoir divagué des heures durant sur le fleuve en crue. Pour Soneri, il n'y a pas de coïncidence, quelqu'un en veut aux Tonna, qui n'ont pas pour seul point commun d'être frères, ils sont aussi vieux et solitaires et ont été des fascistes notoires. Doit-il chercher dans un lointain passé les motifs des crimes du présent ? le long du Pô, dans le brouillard et le gel de l'automne italien, le commissaire se heurte au mutisme des habitants. Les vieilles rancunes entre chemises noires et communistes ne sont pas enterrées et les villageois ne sont pas prêts à partager leurs secrets avec un policier. Mais Soneri s'entête. Il écarte toutes les pistes pour se concentrer sur le passé. le ventre lesté de parmesan et de jambon blanc, il patiente, observe, fouille, pour trouver un meurtrier qui sait se fondre dans les brumes du fleuve.

Valerio Valesi nous fait découvrir l'Italie autrement, loin des splendeurs des villes d'art baignées de soleil. Ici, c'est le froid, la brume et l'humidité qui accompagnent son commissaire dans une région moins connue des touristes. Dans la vallée du Pô, les habitants sont des taiseux qui vivent au rythme du fleuve et de ses crues. Pendant la guerre, ces rives ont connu de violents affrontements entre résistants et partisans du Duce. le temps a passé mais n'a effacé ni les rancunes ni les convictions. C'est donc hier que Soneri devra chercher les responsables des crimes d'aujourd'hui.
Peu d'action, peu de mots, un rythme tout en lenteur mais une vraie atmosphère pour ce polar original qui sait prendre son temps et où le Pô est un personnage à part entière. Beau et mélancolique.
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Un déluge de pluie qui fait sortir le Pô de son cours et les meurtriers de leur impatience, auquel succède une brume angoissante qui masque les âmes mais fait réapparaître le passé, avant que le froid et la glace ne viennent figer la navigation et les espoirs de fuite : une atmosphère parfaite pour le commissaire Soneri qui n'est jamais autant à son aise que dans ces ambiances changeantes.

Deux frères, deux meurtres, mais un seul secret tiré du passé qui rassemble les deux, dans ces villages des berges du fleuve où les traces des combats fratricides entre fascistes et communistes à la fin de la Seconde guerre mondiale n'ont jamais été totalement effacées.

Sous la pression judiciaire et médiatique, Soneri comme à son habitude prend le temps de flâner, d'observer, d'écouter et de se laisser guider par son instinct, sans oublier de garder quelques précieux instants pour la bonne chère lors de tablées roboratives mémorables comme pour l'autre chair, celle d'Angela à l'occasion de 2-3 galipettes impromptues.

Avec le fleuve des brumes de Valerio Varesi -traduit par Sarah Amrani-, je termine dans le désordre mais avec toujours autant de plaisir la saga (en cours) du commissaire Soneri, débutée avec Les ombres de Montelupo (le meilleur de la série à mon avis). Car au risque de me répéter, Varesi excelle dans ces polars d'atmosphère où le lecteur est embarqué dès les premières pages, tant par l'ambiance atypique de ces paysages des environs de Parme, que par le caractère attachant d'un commissaire que j'ai déjà hâte de retrouver.
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Cette enquête policière a la lenteur d'un fleuve au repos : Elle fascine, calme, impressionne, ne provoque pas de grands chamboulements et captive par son histoire ancrée sur une terre fascinante.
Valerio Varesi pose son crime dans une région d'Italie que je ne connais pas mais que j'ai appris à découvrir à travers les lignes de ce roman. Avec beaucoup d'intérêt, j'ai découvert le passé trouble, les affrontements humains, les phénomènes naturels et la vie quotidienne au bord d'un des cours d'eau les plus célèbres d'Italie, le Pô.
Un bon policier pour un superbe dépaysement.
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Nouvelle venue dans le monde littéraire, Agullo Editions porte le nom de Nadège Agullo, ancienne cofondatrice de Mirobole Editions, une maison publiant des romans noirs issus de terres étrangères méconnues. Pour ce nouveau voyage elle est accompagnée de Sébastien Wespiser, libraire avisé, passionné et amateur de beaux textes qu'il n'a de cesse de faire partager et parmi lesquels figure le prodigieux roman Les Noirs et les Rouges d'Alberto Garlini. Une belle association donc pour cette maison d'éditions prometteuse qui s'embarque sur le registre des publications atypiques. Et puisque j'ai évoqué l'Italie et le fascisme par le biais du roman de Garlini, restons-y pour découvrir le Fleuve des Brumes de Valerio Varesi qui inaugure une série mettant en scène le commissaire Soreni.

Puisqu'il s'agit d'une nouvelle maison d'édition il faut tout d'abord dire un mot sur le superbe concept de la maquette du livre composée d'un couverture légèrement rugueuse et d'un bandeau mettant en exergue le titre du livre ainsi que les différents vins servis durant le récit dans l'auberge d'Il Surdo comme pour prolonger l'ambiance d'un roman où le plaisir de la table fait partie des instants chaleureux d'un récit se déroulant durant une période hivernale froide et humide.

Rien ne va plus au cercle nautique. le Pô est en crue et a emporté dans son sillage indolent une énorme barge antique, mystérieusement libérée de ses amarres. Dans la brume nocturne, l'embarcation vogue telle un navire fantôme avant de s'échouer à l'aube sur une berge sablonneuse. Son capitaine semble avoir disparu et le cas est d'autant plus troublant que son frère est retrouvé, le jour même, mort défenestré. En charge de la levée de corps, le commissaire Soneri va rapidement découvrir que les deux frères ont servi, cinquante ans plus tôt, dans une milice fasciste qui a sévi dans la région. Au rythme de la crue et de la décrue, le Pô met en scène les terribles révélations d'un passé s'étiolant inexorablement dans les brumes de l'oubli. Les rancoeurs peuvent-elles survivre à l'usure du temps ?

L'incarnation du fleuve donne tout son sens à ce roman dont l'intrigue se noue et se dénoue au lent rythme d'une crue et d'une décrue inexorable dévoilant des pans d'une histoire que l'on pensait enfouie dans les brumes de l'oubli. Des histoires anciennes qui refont surface au travers d'un texte envoûtant dégageant une atmosphère trouble et prenante dans laquelle le lecteur installera son imaginaire en arpentant une région mystérieuse empreinte d'une certaine générosité qui s'incarne par le biais des vins et des plats typiques servis dans l'auberge d'Il Sourdo où le commissaire Soreni installe ses quartiers afin de résoudre cette affaire tortueuse.

Il y a la brume qui s'insinue partout tout comme l'eau qui ronge les berges d'un paysage hivernal qui peu à peu se fige sous l'assaut du givre. Deux éléments omniprésents qui rappellent la mémoire et le remord rongeant les coeurs de protagonistes figés dans un passé qui n'inspire plus qu'une mélancolie teintée de regrets. C'est dans ces décors sublimes, emprunts d'une troublante poésie nostalgique, que le commissaire Soreni explore le passé obscur de ces anciens qui se sont affrontés autrefois dans des combats sanglants évoquant ainsi cette période peu glorieuse de la République de Salò. L'auteur installe donc son personnage sur le registre de l'enquêteur solitaire à l'écoute des autres en s'immergeant dans le contexte du crime qu'il doit résoudre. Dans une atmosphère de méfiance, voire même de défiance le commissaire Soreni dénoue peu à peu les noeuds d'une intrigue sombre qui trouve sa résolution dans un passé historique qui secoue encore la conscience de ses habitants.

Malgré son côté individualiste le commissaire Soreni s'adjoint la collaboration de plusieurs collègues ainsi que de toutes les ressources judiciaires nécessaires à la résolution d'une enquête qui pourrait aisément s'avérer insoluble et qui bénéficie parfois de hasards bien trop circonstanciés pour être tout à fait crédibles. Défauts mineurs qui ne nuisent nullement les qualités indéniables d'une intrigue bien ficelées, mettant en exergue les rivalités entre la police judiciaire et les carabiniers ainsi que les trafics d'êtres humains liés à l'immigration clandestine. Et puis il y a la belle Angela, compagne du commissaire, dont la sensualité quelque peu débridée donne droit à quelques scènes à la fois cocasses et surprenantes conférant au commissaire Soreni un supplément d'humanité.

Avec le Fleuve des Brumes, Valerio Varesi nous entraîne donc dans le cadre peu commun de cette belle région de Parme propice à de belles scènes se déroulant dans le lit d'inondation d'un fleuve impassible qui renferme au creux de son lit de troubles secrets inavouables. Mystérieux et envoûtant.
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Citations et extraits (47) Voir plus Ajouter une citation
Il profita de la pénombre jusqu'à ce que la lumière couleur cendre du matin s'éclaircisse sombrement au-dessus des toits. Alors, avec beaucoup d'avance, il sortit et pris la direction de la morgue. L'eau continuait à tomber de nuages bas, effrangés côté terre, qui lui rappelèrent les entrailles laineuses des matelas éventrés par la brigade des stups lors des perquisitions. Il avait l'impression que le seul endroit au sec était la braise de son cigare. Même ses os, au premiers pas du matin, s'étaient amollis comme des manches de pelles que l'on mettrait à tremper.
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"La situation ne cessait de s'aggraver. Les métérologues disaient que le salut arriverait par les vents froids de l'Est qui geleraient les montagnes et solidifieraient toute cette eau. soneri regarda les gouttes décomposées par l'air. Le vent était vraiment levé, mais il semblait ne pas savoir quel route prendre. Il arrachait des lambeaux de fumée aux cheminées et la répandait alentour violemment."
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- Même le Pô dévore ce qu'il a créé. Tout se modifie perpétuellement. Au parti (communiste), il y a seulement vingt ans, on nous enseignait que l'Histoire va toujours de l'avant, vers un futur meilleur ; à présent, non seulement l’optimisme a disparu, mais le parti aussi. Je ne crois franchement pas que les choses puissent s'améliorer. Comme le Pô, nous marchons vers la fange d'une mer fétide.
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Quand on est jeune, c’est le corps qui gouverne ; quand on est vieux, c’est l’âme qui commande. Les communistes, eux, au moins, ont gardé une certaine cohérence : ils ne croyaient pas en Dieu étant jeune et ils n’y croient pas davantage devenus vieux.
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Le fleuve, d'habitude, rend toujours ce qu'il prend. Mais ici on dit que celui qui ne sait pas nager de son vivant ne flotte pas non plus quand il est mort.
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Videos de Valerio Varesi (7) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Valerio Varesi
À chaque ville italienne son auteur de polar. Parme, c'est Valerio Varesi et son commissaire Soneri dont paraît la cinquième aventure traduite en français. Écriture fluide, poétique, sens des dialogues, art de l'intrigue et charme entêtant de la mélancolie. de quoi vous donner des envies de voyage... "Or, encens et poussière" de Valerio Varesi. Traduit de l'italien par Florence Rigollet, éd. Agullo. UNE ÉMISSION ANIMÉE PAR Michel Abescat et Christine Ferniot RÉALISATION Pierrick Allain TÉLÉRAMA - JUIN 2020
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