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Citation de Josephine2


Page 36
D’ailleurs raconter des histoires n’est absolument pas une chose naïve et bénigne. Disons plutôt : maligne. Quand quelqu’un sait bien raconter, tu ne respires pas, tu ne cilles pas, tu es tout entier transformé en oreille. Tu écoutes. Les linguistes ont démontré, depuis longtemps, que dans un message oral bien organisé, qui accapare entièrement l’attention de l’auditeur, le sentiment de l’écoulement du temps disparaît. Le temps cesse : on entre dans l’intemporel. Dans les messages mal organisés (par exemple, lorsque quelqu’un oublie où il en est ou qu’il se met à bégayer), dans cet état intemporel de nirvana, le temps se faufile immédiatement, tel un intrus, et détruit ce monde paradisiaque. Tu comprends que tout était mensonge, illusion, tu te rends compte de nouveau que le temps continue de couler, et là où est le temps, là se trouve la réalité. C’est pour cela qu’il arrive, quand tu te laisses bercer par une histoire, que tu oublies le temps, l’éphémère, la fin, et que tu te frappes sur le front quand tu vois l’heure. Il est temps de dormir mais tu es pris par des mantras ou un prêche. Les narrations servent à faire passer le temps d’une façon inouïe. Elles sont une anesthésie. C’est pour cela que l’effet des narrations, surtout chez les petits enfants, est le sommeil, le rêve. C’est une petite mort – qui, heureusement, se termine avec la résurrection de l’éveil, le matin suivant.
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