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Citation de nightsreadings


« Le lendemain, je me réveillai lorsque le calmant cessa d’agir, juste après le lever du soleil, alors que la lumière était encore pâle. Je sortis du lit comme je le faisais toujours, par à-coups, en m’arrêtant pour reprendre mon souffle telle une vieille femme. J’enfilai ma tenue d’entraînement, en tissu synthétique de Tepes, léger et flottant. Personne ne savait conserver la fraîcheur du corps comme les Tepesit, dont la planète était si brûlante que nul n’en avait jamais foulé le sol pieds nus. Je tressai mes cheveux le front appuyé contre un mur de ma chambre, les yeux fermés, en tâtonnant pour saisir chaque mèche. Je ne brossais plus mes épais cheveux bruns, du moins plus comme lorsque j’étais enfant, méticuleusement, dans l’espoir que la brosse les amadouerait pour former des boucles parfaites. La douleur m’avait volé ces petits plaisirs. Quand j’eus fini, je pris une petite lame-flux – éteinte, pour éviter que les vrilles noires du flux ne s’enroulent autour du métal affûté –, et me rendis dans le petit cabinet d’apothicaire au bout du couloir, là où Akos avait installé son lit. Je me penchai sur lui et appuyai la lame sur sa gorge.
Ses yeux s’ouvrirent, puis s’agrandirent. Il se débattit, avant de s’immobiliser lorsque j’augmentai la pression sur sa peau. Je lui décochai un sourire goguenard.
– Vous êtes folle ? me dit-il d’une voix encore enrouée par le sommeil.
– Bien sûr ! répondis-je gaiement. Tu as dû entendre les rumeurs ! Mais j’ai une autre question, plus importante : Toi, es-tu fou ? Tu es là, à dormir à poings fermés sans même avoir pris soin de te barricader, alors que l’un de tes ennemis loge au bout du couloir ? Si ce n’est pas de la folie, c’est de la bêtise. Je te laisse choisir. Il plia vivement la jambe pour me frapper le flanc. Je parai avec le coude et pointai la lame sur son ventre.
– Tu avais déjà perdu avant de te réveiller, signalai-je. Première leçon : le meilleur moyen de gagner un combat est de l’éviter. Si ton ennemi a le sommeil lourd, tranche-lui la gorge pendant qu’il dort. S’il a bon cœur, fais appel à sa compassion. S’il a soif, verse du poison dans son verre. Tu me suis ?
– En résumé, jette ton honneur par la fenêtre.
– Ah, l’honneur, ricanai-je. Celui qui veut survivre doit oublier l’honneur.
Cette citation, extraite d’un livre ogran – traduit en shotet, bien sûr ; personne ne lisait l’ogran –, parut chasser toute trace de sommeil de son regard plus efficacement que ne l’avait fait mon attaque.
– Maintenant, lève-toi. Je me redressai, glissai la lame dans ma ceinture et quittai la pièce pour le laisser se changer. »
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