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Critiques de Véronique Bruez (5)
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Naples allegro con fuoco

Napoli, Naples, ville singulière qui en italien comme en français s'écrit au pluriel....

Voici l'un des premiers paradoxes d'une ville qui n'en manque pas



Voici ce qu'en dit Dominique Fernandez : "La plus belle ville du monde, selon les uns ; un labyrinthe bruyant et puant, selon les autres. S’il est une ville sur laquelle personne ne peut porter le regard neutre du touriste, c’est bien Naples. Ou bien on la chérit d’amour, en passant sur le désordre, la saleté, les risques divers (précarité de l’hygiène, astuce des filous), ou bien on la rejette d’un bloc, sans en comprendre ni les merveilles architecturales ni les leçons de sagesse. Naples ne se livre qu’à ceux qui l’aiment : inutile donc de s’y rendre sans être prêt à s’y perdre. Le voyageur qui refuse de tenter l’aventure ne rapportera que de maigres satisfactions."



L'auteure nous prévient : " À Naples j’ai été littéralement foudroyée. Par un dimanche orageux, une masse de feu, comme celles des Sept boules de cristal, a frappé, à travers une lucarne, ma bouilloire. Fait marquant : je crois que je ne m’en suis jamais vraiment remise.

Pendant cinq ans, je me demande chaque jour comment apprivoiser cette réalité si déroutante… comment se faire à ses lois, comment y vivre — et même, parfois, comment survivre ? Je ne comprenais pas tout. Je n’avais pas de mode d’emploi.

Survivre à Naples : c’est un complément de lieu et un complément d’objet indirect. Une expérience aussi magnifique que douloureuse quand on y arrive et quand on en part. Comment continuer ailleurs après qu’on l’a quittée, maudite, adorée, sans se sentir en exil ?

J’ai essayé, jour après jour, de capter ce qui rend cette ville unique, de comprendre sa singularité. Elle résiste à tout. Elle résiste aux mots."



Et pourtant, ses mots Véronique Bruez, sait si bien les choisir pour nous transmettre son Expérience napolitaine.

Avec ce E majuscule qui tantôt nous renvoie à l'émotion, à l'effroi, à l'espresso suspendu, à l'envie, aux éléments, à l'enfer,



Naples est une ville, qui aime le feu autant que l’artifice. Et Véronique Bruez n'utilise aucun artifice dans son écriture tant les mots défilent pour nous donner une vision Vraie de cette ville, que finalement très peu connaissent et saisissent.



Ce livre c'est un concentré d'histoires mais également d'Histoire, qui en fait permettent de mieux saisir l'insaisissable, ou à tout le moins de s'en approcher.



Au rang des histoires : " Igor m’a dit un jour qu’il a cessé de croire en Dieu le jour du tremblement de terre de 1980. Il avait huit ans et a vu des centaines de cadavres allongés dans la rue. Cette fragilité de l’homme, cette idée que tout peut basculer en quelques secondes est vécue par les Napolitains dans leur chair."

Où encore cette rencontre avec Antonio, qui lui donne une leçon de vie : « C’est déjà bien de se lever le matin, la santé, l’affection (pas l’argent ou le travail). Il faut profiter de l’instant, être heureux de vivre car rien ne dure. ». Antonio habite Vicolo del Purgatorio, ruelle du Purgatoire. Il offre à l'auteure un petit livre de proverbes et lui apprend : a vita è n’affaciata’ e’ fenesta (la vie, c’est se pencher à la fenêtre).



Au rang de l'Histoire il y a bien sûr Le Vésuve qui est une composante importante de l’ADN des Napolitains. Il inscrit la précarité dans leurs gènes, rappelle la fugacité de toute chose, comme une perpétuelle invite au plaisir. Le volcan est le symbole ambivalent de la mentalité napolitaine, hantée par l’effondrement, mais y puisant une énergie décuplée.

"Les Anciens ne comprenaient pas les phénomènes naturels. C’est d’ailleurs cette curiosité qui fit mourir Pline l’Ancien lors de l’éruption qui ensevelit Pompéi sous les cendres et figea Herculanum dans la lave. On a la chance d’avoir un reportage en direct de cette catastrophe, les deux fameuses lettres de son neveu à Tacite. La Campanie est une terre menaçante depuis l’Antiquité : Héphaïstos habite la Solfatare, Pluton le lac Averne. La guerre des Géants a ravagé la région, si bien qu’Encélade est enfoui sous le Vésuve, Minas sous Procida et Typhon dans les profondeurs de Cumes. Les éruptions étaient expliquées par la colère des Cyclopes."



Et au moment de prendre congé du lecteur l'auteure de "souligner" : Naples n’est pas pour moi un paradis perdu, je n’en ai pas la nostalgie. Je continue de la découvrir, elle recèle encore mille charmes. Je n’en aurai jamais fini avec cette histoire. Non fugit amor… Allégresse et désespoir, fatalisme et énergie, cette ville m’aura offert l’apprentissage de soi, dans l’épreuve et la plénitude, l’amour des contradictions, et la rencontre d’âmes qui vivent…



Comme un récit en suspension, comme un café en suspension, comme une ville en suspension....



Tiens un ultime paradoxe au sujet de cette ville : "La rue du Grand-Paradis se trouve près de Scampia, banlieue oubliée de Dieu, la ville de Gomorra." Une entrée des Enfers
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La terrasse des paresseux : Carnets marocains

ça ne pourrait être qu'un livre pour happy few. Coterie des services d'action culturelle en ambassade ou cercle fermé des amoureux de Matzneff. Car Gabriel, dont Véronique est manifestement intime (confirmé par les Carnets noirs du maître) est à chaque détour, à chaque coin de page. Et cela déteint sur le livre de Véronique, indéniablement : même structure des carnets, même mélange foutraque aussi roboratif qu'audacieux, qui alterne recettes de cuisine et réflexions métaphysiques, en, passant par des analyses de la société marocaine contemporaine.

Mais comme le dit Gab la Rafale, la littérature c'est un univers soutenu par un style et l'oeuvre de Véronique Bruez est manifestement dans ce registre. Et elle est en cela universelle, et nous parle, même à nous qui ne sommes d'aucune coterie.
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La terrasse des paresseux : Carnets marocains

Epicée comme la Maroc, cet ouvrage a été une sacrée surprise, ô combien savoureuse. Une fois le très beau préambule passé (et même relu !), je dois reconnaître avoir été franchement déroutée en début de lecture : peu habituée à ce type de livres, mon cerveau s’est montré récalcitrant à « entrer » dedans. Peu à peu, je me suis laissée bercer, envoûtée par ces paragraphes qui au départ, me paraissaient totalement décousus, incompréhensibles, sans lien. Désarçonnée lors des premières pages, j’ai donc ensuite été vite hapée par ce livre hors du commun.



L’auteure y jette, en vrac, ses états d’âme, des citations glanées çà et là, des phrases attrapées au vol, des surprises linguistiques et culinaires, des réflexions, des descriptions de paysages visités, du choc des cultures, de ses amours et désamours, …. Tantôt drôle, tantôt plus grave, ces réflexions ne peuvent laisser indifférent. On y trouve aussi bien des remarques sur la vie religieuse, que sur la politique, le sexe, les animaux. Variées et hétéroclites.



En fin de compte, le lecteur peut prendre ce livre à n’importe quelle page, ne lire que quelques paragraphes, les goûter avec délectation, le refermer, et recommencer.



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Une jatte de fraises

Quand elle revient en France et qu'elle est parachutée à Strasbourg, Véronique Bruez est engluée dans la tristesse. On n'en saura pas plus sur les raisons de son spleen. Ce qu'elle choisit de raconter dans ce petit essai délicieusement écrit, c'est comment la beauté d'un tableau – "Une jatte de fraises", de Sébastien Stoskopff, 1597-1657 (musée de l'Œuvre-Notre-Dame, Alsace) – l'a aidée à retrouver sa joie de vivre :

"Quatre siècle après vous, vous m'offrez vos fraises toujours fraîches", déclare-t-elle à l'artiste, qu'elle appelle par son prénom. "Vos natures mortes sont sorties de leur silence pour rejoindre le tintamarre de mon cœur. Vous avez envoyé ma mélancolie en exil comme les aigrettes d'un pissenlit au vent."

Pour parler du peintre, dont on sait en réalité très peu de choses, l'auteure imagine son existence. Et nous projette, au fil de courts chapitres joliment baptisés ("Topaze", "Fleur de soufre", "Bleu mourant"...), dans l'Europe des artistes du 17e siècle.
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La terrasse des paresseux : Carnets marocains

C' est bien le genre de livre â lire en paressant sur une terrasse. Ce recueil de notes de l' auteur contient tout un coktail de saveurs et d' arômes parfumées et épicées qui nous font bien voyager dans les mystères de l'Orient. On peu reprendre ce livre à tout moment, pour y pécher une recette, des idées de lectures, proverbes, musique,tout y est. Réflexions sur l'humanité et son rappel de la colonisation qui lie et éloigne à la fois les occidentaux et les orientaux. L' auteur nous délivre à l'état brut ses ressentis avec son écriture tantôt soutenue tantôt crue, ce qui nous donne une approche beaucoup plus intime avec elle. J' ai aimé appronfondir avec elle toute la vie paradoxale des orientaux.
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