Quand elle revient en France et qu'elle est parachutée à Strasbourg,
Véronique Bruez est engluée dans la tristesse. On n'en saura pas plus sur les raisons de son spleen. Ce qu'elle choisit de raconter dans ce petit essai délicieusement écrit, c'est comment la beauté d'un tableau – "
Une jatte de fraises", de Sébastien Stoskopff, 1597-1657 (musée de l'Oeuvre-Notre-Dame, Alsace) – l'a aidée à retrouver sa joie de vivre :
"Quatre siècle après vous, vous m'offrez vos fraises toujours fraîches", déclare-t-elle à l'artiste, qu'elle appelle par son prénom. "Vos natures mortes sont sorties de leur silence pour rejoindre le tintamarre de mon coeur. Vous avez envoyé ma mélancolie en exil comme les aigrettes d'un pissenlit au vent."
Pour parler du peintre, dont on sait en réalité très peu de choses, l'auteure imagine son existence. Et nous projette, au fil de courts chapitres joliment baptisés ("Topaze", "Fleur de soufre", "Bleu mourant"...), dans l'Europe des artistes du 17e siècle.