En tous temps et en tous lieux -en plantant sa fourche dans le tas de fumier, maniant la faux parmi les andains, foulant le foin sur la charrette ou la paille dans le coffre, ou en regardant par la fenêtre de sa chambre -ses pensées l'entraînaient de l'autre côté de la mer. Et, peu à peu, un pays entier prenait forme, à ses yeux, sur la rive opposée : telle une fleur sortant de l'humus et ouvrant sa corolle, il ne cessait de grandir dans son imagination. Par la pensée, Robert avait déjà traversé l'Océan et s'était familiarisé avec le pays qui se trouvait de l'autre côté : l'Amérique.