[...] en Occident, nous sommes presque tous occupés à polir notre miroir personnel et à chercher quelque perfection, au lieu de comprendre que ni celui qui polit, ni le miroir, pas plus que la perfection, n'ont jamais existé et ne sauraient jamais exister.
Tant que nous ne percevons pas l'aveuglement d'un phé- nomène qui s'extasie sur lui-même, nous ne pouvons at- teindre à la connaissance de ce que nous sommes quand nous avons compris qu'en tant que phénomènes, nous ne sommes pas.
Pourquoi es-tu malheureux ?
Parce que 99,9 pour cent
De tout ce que tu penses
Et de tout ce que tu fais
Est pour toi -
Et il n'y a pas de « toi ».
Toute soi-disant volonté est une manifestation du je-concept. Qui recherche l'illumination ? Dans la mesure où cette dernière est recherchée sous la contrainte du je-concept, comment pourrait-elle être atteinte ?
Ceci est la raison pour laquelle toute "méthode", "discipline", etc... assujétie au je-concept est nécessairement un chemin qui nous éloigne de chez nous. Etant donné que toute action qui n'est pas une non-action, et ne peut être spontanée, se trouve accomplie sous la contrainte du je-concept --car il n'y a pas d'autre "acteur", j'entends d'autre acteur véritable -- l'illumination ou satori ne peut être que la conséquence de la non-action.
Il semble y avoir deux types de chercheurs : ceux qui visent à faire de leur ego quelque chose d’autre qu’il n’est, quelque chose de saint, de gai, de généreux (comme si l’on pouvait rendre « non chat » un chat) et, d’autre part, ceux qui comprennent que toutes les tentatives de ce genre sont seulement des gesticulations et de la pure comédie. Ces derniers réalisent aussi qu’il n’y a qu’une seule chose qui puisse être faite, elle consiste à se désidentifier de l’ego en prenant conscience de sa non réalité et en prenant conscience également de notre identité éternelle avec le pur Etre. Autrement dit, il s’agit juste de sortir du rêve éveillé comme nous sortons tous les matins du rêve endormi.
Il n’y a rien à chercher quand c’est trouvé
Il n’y a nulle part où aller quand c’est ici,
Il n’y a rien à faire quand c’est fait,
Il n’y a rien à regarder quand c’est vu,
Il n’y a rien à être quand nous SOMMES.
Qu’y a-t-il à trouver quand « trouver » est le « cherchant » ?
Où peut-on aller quand « aller » est l’ « allant » ?
Qu’y a-t-il à faire quand « faire » est l’ « agissant »
A voir quand « voir » est le « regardant »,
A être quand « être » est l’ « étant » ?
Quoi donc ?
Quand il n’y a point d’acteur pour « agir »,
Aucun « moi pour jouer « Je »,
Le spectacle est terminé.
A qui puis-je être présent, de qui puis-je être absent ?
Pourquoi choisir ?
Pourquoi ne pas tout simplement faire ce que, de toute façon, vous avez à faire ?
Ne pas choisir, c’est « être présent dans le présent ». Notre vie entière, emprisonnés que nous sommes par l’illusion personnelle, est en fait une suite de choix. Du matin au soir, nous ne faisons rien d’autre que choisir. Si nous cessions de choisir et répondions juste aux circonstances, cela serait agir en accord avec « la nature réelle des choses ». C’est ce que l’intégré fait. Oui, nous choisissons du matin jusqu’au soir, bien qu’il n’y ait aucune chose telle qu’un choix.
"Derrière le conditionné est le non-conditionné ». Derrière l’Être est le Non-Être. Derrière l’Action est la Non-Action (pas inaction). Derrière le Moi est le Non-Moi. « Je ne suis pas Je, par conséquent Je suis Je » : le Prajnâpâramitâsûtra l’a dit, il y a mille ans. Transformez « Je » en « Non-Je » et alors « Non-Je » deviendra « Je ». Seul Dieu est « Je » (Je suis seulement « Je » dans la mesure où je suis Dieu ou l’Absolu, c’est-à-dire mon Principe »
L’événement Satori (Eveil, Illumination, Réalisation…) étant la réalisation du fait qu’il n’y a pas de Je, il n’y a pas de Je pour réaliser l’événement Satori. Et puisqu’il n’y a jamais eu de Je, il peut ne jamais s’être produit non plus d’événement Satori pour l’annihiler, car aucun Satori n’a jamais existé dans la Réalité.