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Citation de chartel


Il observe alors la récurrence de ce qu'il a découvert pour la première fois trois jours auparavant : que l'aurore, la lumière, n'est nullement déversée du ciel sur la terre mais au contraire émane de la terre même. Sous le dais tissé par les radicelles aveugles des herbes, soudées entre elles, et par les racines des arbres, ténébreuse dans les ténèbres aveugles du riche limon et des riches déchets du temps, parmi les vers anonymes, assouvis et toujours en éveil, et dans l'inextricable enchevêtrement d'ossements connus - ceux d'Hélène de Troie et des nymphes, des évêques qui ronflent avec leur mitre sur la tête, des sauveurs, des victimes, des rois - l'aurore s'éveille, s'infiltre vers la surface, se fraie un passage par d'innombrables canaux sinueux : d'abord la racine, puis feuille par feuille, d'où, s'échappant comme un fluide par les pointes, elle s'élève, se répand et macule du murmure assoupi des insectes la terre profondément endormie puis, rampant toujours plus haut, gagne les mailles rugueuses du tronc et de la branche d'où, soudain plus bruyante, de feuille en feuille, et se répandant avec une soudaine rapidité, mélodieuse de toutes les gorges ailées et rutilantes, elle éclate et emplit le globe négatif de la nuit d'un tonnerre jonquille.
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