J'ai dû quitter mon appartement, quelques jours, et me suis retrouvé dans un hôtel, pas très cher, location au mois ou à la semaine, dont la qualité restait à désirer. Parfait pour restituer la caricature de l'écrivain paumé, illuminé et tuberculeux. Si mon objectif était effectivement d'écrire quelques lignes, je dois dire que j'en ai pas écrites une seule. J'ai été absorbé pendant tout ce weekend à lire la trilogie des Snopes de
William Faulkner. Pas en entier, bien sûr, mais une grande partie a été lue dans cette minuscule chambre au lit incertain, avec une seule table et chaise dont la spécificité était qu'elle pouvait s'écrouler à tout moment, car il lui manquait un morceau de son articulation. Je lisais donc, immobile, mon premier roman de
Faulkner.
Quelle sensation! Quelle épopée!
C'est tout à fait incroyable: les personnages, les histoires familiales, les péripéties, les magouilles; on s'accroche à cette histoire et on ne peut plus la quitter.
Il me reste également en mémoire, ces phrases, inscrites sur la quatrième de couverture: «La trilogie qui a hanté
Faulkner toute sa vie. « Je les hais, je me moque d'eux, j'ai peur d'eux depuis trente ans », disait-il des Snopes.»