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Citation de ThibaultMarconnet


Parfois, il se rappelait qu’un jour, il avait poussé, excité des blancs à l’appeler nègre, pour pouvoir se battre avec eux, pour les battre ou être battu. Maintenant, il se battait avec les noirs qui le traitaient de blanc. Il était dans le Nord, maintenant, à Chicago puis à Detroit. Il fréquentait les noirs et évitait les blancs. Combatif, mystérieux, renfermé, il mangeait avec eux, couchait avec eux. Il vivait alors maritalement avec une femme qui ressemblait à une statue d’ébène. La nuit, couché près d’elle, éveillé, il se mettait parfois à respirer très fort. Il le faisait exprès, sentant, regardant même sa poitrine blanche s’enfler, plus large, toujours plus large, sous la cage thoracique. Il s’efforçait d’aspirer l’odeur noire, la pensée, la nature sombre, indéchiffrable des nègres, essayant, à chaque expiration, de chasser loin de lui le sang blanc, la pensée, la nature blanche. Et, toujours, à l’odeur qu’il tentait de s’assimiler, ses narines blanchissaient, se contractaient, son être entier se révulsait, se tendait sous la révolte du corps et le refus de l’esprit.

(p. 277)
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