UN RAMEAU VERT
XXXIII
Ai-je autrefois connu l'amour ? Etait-ce amour ou douleur
Ce corps placide auprès duquel je reposais,
Et mon cœur, feuille solitaire et obstinée
Qui ne veut pas mourir bien qu'aient péri racine et branche ?
Bien que, réchauffé dans les ténèbres entre les seins de la Mort,
Cet autre sein ait oublié où je reposais,
Et que de l'arbre se soient détachées les feuilles du souffle,
Il est encore une feuille obstinée qui ne veut pas mourir
Mais sans repos dans la terre triste et amère,
Meurs à chaque aube et renaît à chaque crépuscule.