Sonnet XXIII
Je n’admettrai jamais de divorce valable
Au mariage des esprits ; l’amour n’est pas
L’amour, s’il doit changer quand on change ici-bas,
Quitter quand on le quitte et par un mal semblable,
Oh ! non. Voici l’amour : un phare inébranlable
Qui regarde les flots tumultueux ; l’éclat
D’une étoile guidant la nef qui se débat,
Sans prix, dans sa hauteur vainement calculable.
Il n’est pas le jouet du Temps, bien que la rose
Du visage demeure à l’ombre de la faux :
Il ne s’altère point comme le temps dispose ;
Et si ce que j’affirme en ce langage est faux,
Avant le dernier Jour s’il connaît sa défaite,
Nul n’a jamais aimé, je ne suis pas poète.