J'ai été biberonné aux comics.
Et qui dit comics dit Stan Lee et Jack Kirby. Désolé pour les autres nominés bien loin de démériter. Et là d'avoir une pensée émue et reconnaissante pour les John Romita Jr, Jeff Lemire, Mike Mignola, Alan Moore et autre Frank Miller pour qui je continue d'éprouver le plus grand respect.
Kirbysphere évoque, dans les grandes largeurs, ce que furent le parcours, les créations et les influences de l'ami Kirby.
Que ce soit seul ou bien assisté de comparses prestigieux comme le furent Simon et Lee, il fut l'un des plus prolifiques créateurs de personnages de comics trouvant encore et toujours écho de nos jours.
Captain America, Hulk, Thor, les X-Men, autant de créations appelées à traverser l'espace-temps et faire office de madeleine de Proust pour les plus âgés avant de fasciner les plus jeunes d'entre nous.
L'objet livre est un beau bestiau d'environ 1,426 kg qui ne dépareillera pas parmi vos appareils de mussecu.
Il égrène chronologiquement le cheminement de Jack, aussi chaotique que productif, en y associant ses moult créations et leur genèse respective.
Comme quoi, là où il y a d'la genèse, il peut y avoir du plaisir.
Le tout se veut un joli précis du multivers Kirby, un rien indigeste par moment, on va pas se mentir.
Car si les infos pullulent, les chapitres se veulent incroyablement denses et blindés d'interactions, donnant parfois l'impression d'une lourdeur narrative, spécifiquement suite à un repas trop copieux légèrement aviné.
Il n'en reste pas moins une kouasi intarissable source de renseignements à laquelle il conviendra peut-être de s'abreuver avec parcimonie au risque de choper une potomanie aigüe un rien dommageable au pays du pinard élevé en presque religion.
A consommer avec modération, il va sans dire, comme toutes les religions.
Un grand merci à Babelio et aux éditions Caurette pour ce moment qu'il était très chouette.
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Chez Huginn & Muninn, nous avons l’habitude de trouver d’épais ouvrages sur des grandes franchises de la « pop’ culture » en général. Star Wars, Lego, Harry Potter, Alien, X-Files et tant d’autres se sont vus obtenir des guides, des anthologies et des essais complets chez cette maison d’édition. Dans cette optique, Xavier Fournier y a d’abord publié en 2014 un large essai sur Super-Héros, une histoire française.
Qui est donc Xavier Fournier ? Si vous ne le connaissez pas encore, déjà honte à vous ! et puis ensuite, sachez qu’en plus d’avoir débuté comme scénariste et graphiste sur des jeux vidéo, il est vite devenu un conférencier et un essayiste spécialisé dans la littérature super-héroïque, étant – au passage – rédacteur en chef du magazine spécialisé Comic Box. Autant vous dire que quand Xavier Fournier parle de super-héros, on l’écoute, c’est tout.
Ici, en l’occurrence, en plus d’être attentif à ce qu’il nous dévoile, il convient d’être prudent. En effet, son ouvrage est massif : mieux vaut ne pas s’endormir dessous ! Et pour le contenu, c’est du même acabit, massif. Son propos est simple : des super-héros, nous en voyons partout et à toutes les sauces actuellement. Et si jamais nous nous demandons d’où vient cette culture super-héroïque, alors la majorité des personnes interrogées répondront à coup sûr : « c’est américain, évidemment ! ». Eh bien non, ce n’est pas si évident, et toute la problématique de Xavier Fournier est de se demander en quoi le super-héros a d’abord été une marque de la culture française, avant de sombrer chez nous pour s’épanouir ailleurs.
Du comte de Monte-Cristo aux personnages de la série Hero Corp, Xavier Fournier nous emmène dans deux cents ans de création et c’est l’occasion de retracer le destin de Vidocq, Rocambole, Mikros, Mustang, Fantômas, SuperDupont et le Garde Républicain, pour prendre quelques exemples marquants. Quitte même à choisir un personnage particulier, retenez peut-être ce deuxième chapitre centré sur « l’Amazone masquée », étrange jeune cavalière armée qui est apparue dans le Paris de 1867. Attraction ou personnalité en marge ? Dans tous les cas, dans cette France où les identités secrètes sont légion et où le masque est devenu rapidement un objet social, cette idée d’Amazone masquée ne vient pas de nulle part (ce fut une des dénominations de Jeanne d’Arc, la « Pucelle d’Orléans », car elle était casquée) et va faire des petits. Ainsi, ce personnage est rapidement récupéré dans des feuilletons journalistiques, mais aussi des pastiches de rue (c’est une époque où on peut avoir des spectacles de catcheurs masqués sur des esplanades publiques) et, comme beaucoup d’autres phénomènes de la fin du XIXe siècle, des déclinaisons littéraires et audiovisuelles une fois la radio et le cinéma développés.
C’est d’ailleurs l’un des autres gros points positifs de cet ouvrage conséquent : Xavier Fournier place l’apparition, l’utilisation et la disparition des figures super-héroïques en France au cœur des évolutions technologiques, littéraires et artistiques de ces deux cents dernières années. Si l’idée du personnage à identité secrète qui contrecarre des complots à l’aide de moyens parfois titanesques est apparue dans Le Comte de Monte-Cristo, selon l’auteur, elle s’est très vite adaptée aux différents médias de l’époque. Ainsi, feuilletons journalistiques, spectacles de rues et adaptations en ouvrages illustrés, en pièces de théâtres et en divers romans, chaque personnage super-héroïsé a vu sa durée de vie sensiblement s’allonger potentiellement indéfiniment. Toutefois, l’auteur sait aussi mettre ces évolutions en parallèle des événements historiques et sociaux de la France. Chaque avancée culturelle a sa réaction autoritaire et les opposants aux genres super-héroïques furent nombreux dès leurs débuts. Malgré cela, les raisons de l’oubli progressif de ces super-héros français tiennent à la fois de soucis éditoriaux trop répétés et de l’influence néfaste (et difficile à oublier) en France des idéologies vantant l’Übermensch allemand ; quoi qu’on en dise, les tentatives d’oubli des pages sombres de l’Histoire passent aussi par la culture.
Heureusement, la pop’ culture française s’approprie à nouveau le genre super-héroïque (le lancement de Fox-Boy de Laurent Lefeuvre chez Delcourt en atteste par exemple), en espérant que cet ouvrage servira efficacement à leur rendre la célébrité qu’ils méritent. Xavier Fournier a publié dès l’année suivante, en 2015, un solide complément à cette parution d’envergure : « Super-Héros français, une anthologie », qui est tout aussi recommandable.
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Ce fut avec grand plaisir que j'ai reçu le mois dernier Kirbysphère et j'en remercie grandement Babelio et les éditions Caurette pour l'envoi de ce livre suite à ma participation à la dernière Masse Critique non-fiction. (Je vous suis tout autant reconnaissante de me faire confiance pour apporter un avis à l'ouvrage de Xavier Fournier dans les délais.)
Je ne vais pas vous cacher qu'il est difficile de savoir par où commencer tant il y aurait de points à aborder et je vous promets d'être la plus brève et la plus précise possible parce que je ne vais pas vous cacher que le livre est suffisamment imposant de lui-même (un petit mastodonte et qui pèse son petit poids croyez-moi) et il serait dommage de toute façon de vous gâcher le plaisir de le lire en vous racontant tout dans le détail… Parce que oui, ce fut un plaisir de le lire et d'en apprendre plus sur un des créateurs des super-héros de mon enfance, adolescence et pas que… (Même au quart de siècle, je suis toujours aussi fan…)
Mon choix s'était en effet porté sur Kirbysphère – entre autres - tout particulièrement pour en découvrir plus sur le monde des comics Marvel dont nous avons tous plus ou moins découvert son univers et ses personnages au moins durant la dernière décennie grâce aux adaptations cinématographiques du MCU (ou Marvel Cinematic Universe). C'est d'ailleurs par ce biais (et quelques séries animées) que j'ai été embarquée dans le monde incroyables des Avengers, des Quatre Fantastiques, des Defenders… Et je déplore ma grande ignorance en ce qu'il est des comics. J'en ai jamais lu et aujourd'hui plus que jamais je suis motivée à m'y mettre (en version originale s'il-vous-plaît, tant que ce sera possible).
Enfin bref. Pour
Enfin bref. Kirbysphère est un très beau livre qui va expliquer en détails la carrière et les inspirations d'un des plus grands dessinateurs du XXème siècle. On peut notamment comprendre ce qu'il aime et en quoi ces iincidents de parcours va l'encourager à créer certains personnages (plus ou moins connus). Je n'en dirais pas plus parce que, encore une fois, je ne voudrais pas vous gâcher la lecture de ce livre qui a forcément demander un travail monstre à Xavier Fournier afin de regrouper toutes les informations que nous pouvons y retrouver.
J'aimerais aussi faire mention honorable à l'auteur qui va nous raconter la carrière du grand Jack Kirby en gardant le plus d'objectivité possible et surtout en toute humilité. J'ai beaucoup apprécié cet aspect du bouquin personnellement.
Voilà. Je pense en avoir dit assez. Et j'espère vous avoir encouragé à vous le procurer. A bientôt.
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Kirbysphère est un beau livre que j'ai reçu dans le cadre de la Masse Critique, je remercie donc Babelio et les éditions Caurette pour leur générosité et pour m'avoir donné la possibilité de découvrir cette oeuvre. En tant qu'objet, il est magnifique : grand format en papier glacé, il est très agréable à feuilleter malgré son poids conséquent.
En ce qui concerne le contenu, je salue l'énorme travail de recherche et de regroupements d'informations de Xavier Fournier. L'oeuvre énonce de façon chronologique les créations de Jack Kirby en parallèle de sa biographie. On peut donc y découvrir à quel moment il a créé tel ou tel personnage, dans quels studios il travaillait et avec quels autres artistes. C'est un livre écrit par un passionné et pour les passionnés. Pour moi qui suis néophyte dans le monde du comics et particulièrement dans l'œuvre de Kirby, j'avoue avoir eu du mal lors de la lecture de certains chapitres. Je me suis sentie noyée sous un flot d'informations, de noms et de références que je n'avais pas et qu'à mon avis seuls les connaisseurs peuvent avoir.
Je peux néanmoins me targuer d'avoir appris énormément de choses après ma lecture sommes toute très sympathique. La lecture de ce beau pavé m'a clairement donné envie de me procurer certains comics cités et de découvrir par moi-même les oeuvres dont Xavier Fournier nous parle avec tant de passion.
En quelques mots : une bien belle découverte, un objet livre magnifique qui s'adresse cependant à des connaisseurs du monde des comics américains plus qu'à des débutants comme moi. Merci Xavier Fournier pour votre travail colossal !
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