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Critiques de Yann Madé (9)
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Colette Magny : Les petites chansons commun..

Par l’intermédiaire de Pierrot passionné et spécialiste de Colette Magny, Yann Madé se lance sur les traces de cette chanteuse, auteure-compositrice et interprète française née en 1926 et morte en 1997.

Encore aujourd’hui bien que considérée comme incontournable par des musiciens et des militants, beaucoup semblent pourtant l’avoir oubliée et Yann Madé raconte dans cette BD en bichromie qui elle était.

Colette Magny – Les petites chansons communistes, n’est pas vraiment une biographie, encore moins une hagiographie, ce qu’elle aurait détesté mais un hommage à cette artiste engagée et féministe se déroulant comme une enquête sur les engagements et les combats qu’elle a menés. C’est une BD richissime d’informations sur cette chanteuse jugée trop politisée et quasiment bannie des ondes.

Au sein de L’OCDE où elle est employée comme secrétaire bilingue, ils sont quelques-uns à partager la passion du Jazz et Colette y sera initiée par Claude Luter. À 36 ans, elle laisse tout tomber pour chanter, et comme beaucoup de jeunes se politise lors de la guerre en Algérie.

Après un passage au « petit conservatoire de la chanson » de Mireille, où sa voix est remarquée, elle sort Mélocoton, en 1963, une chanson qui lui vaudra un contrat avec CBS, le géant du microsillon. Cette chronique familiale parlant de ses neveux Mélocoton et Boule d’Or, ce grand tube, s’il lui permet de passer à l’Olympia, en première partie de Sylvie Vartan, masquera pour toujours l’ensemble de son œuvre.

Dès les premières pages, j’ai donc été happée par la mémoire de cette voix tellement grave et prenante, une véritable invitation à swinguer...

Pour aller où ?

J’en sais rien…

Viens donne-moi la main…

Quel plaisir de retrouver cette sublime chanson dès les premières pages et ce de manière très originale puisque Yann Madé s’est inspiré des planches de « Keep on Truckin » de Robert Crumb pour la présenter : magnifique !

Il adopte également une police de caractère différente du reste du récit, incluant la chanson dans des pages spécifiques au fond légèrement ocré.

Il renouvelle l’opération pour d’autres chansons « J’ai suivi beaucoup de chemins », « Vietnam 67 », « Babylone USA », « Répression », « Camarade curé », « Exil, Salem » …, et pour les dessins, réitère le processus « à la manière de » : Michael Golden, Reed Waller, Félix Vallotton, Manuel Vasquez, Moebius, ou Joe Sacco pour les titres cités.

Dans ses chansons, Colette Magny donne toujours la parole aux petites gens et aux opprimés de tout genre. Pour elle, il ne s’agit pas de « chanter pour » les ouvriers, mais bien de leur donner la parole … On entend dans ses textes l’histoire des luttes des années 1960 aux années 1990.

C’est donc avec grand plaisir que j’ai recherché à chaque fois la chanson sur la toile pour l’écouter, et du même coup, non sans un brin de nostalgie, j’ai ressorti mes vinyles, avec le souvenir encore intense et bien ancré d’avoir pu assister à un de ces concerts en 1979 …

Il est très intéressant de voir comment Colette Magny a influencé nombre d’artistes et j’ai été surprise de découvrir les noms d’Orelsan ou Olivia Ruiz parmi eux. Moins surprenant de constater que la revue musicale Paroles et musique, que José Arthur, Jean-Louis Foulquier, Ernest Pignon Ernest ou Augustin Trapenard l’ont aidée, lui ont permis de s’exprimer ou ont parlé d’elle, tout comme Télérama qui l’a soutenue en lançant une souscription lors de la sortie de son album Kevork, album inspiré par les pintades de son ami Jean-Marie Lamblard !

Leur soutien a été et est le bienvenu car les médias n’apprécient pas alors cette œuvre politique et ont choisi et continuent de l’ignorer.

Un grand plaisir pour moi également de retrouver dans ces pages de grands artistes comme Catherine Ribeiro, Francesca Solleville, Allain Leprest, Julos Beaucarne, Mouloudji, Cora Veaucaire, Axelle Red… sous le trait noir énergique, nerveux et très efficace de l’auteur.

Un seul regret que je partage entièrement avec lui « qu’on ne l’entende jamais assez », je dirais même jamais…

Un immense merci à notre fils Vincent pour nous avoir offert cette Magny.fique BD de Yann Madé superbement dédicacée par l’auteur.


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Colette Magny : Les petites chansons commun..

« J'ai fait des erreurs, bien sûr, mais j'ai fait exactement ce que je voulais, on ne m'a rien imposé, jamais, jamais, jamais ! »

Colette Magny (1926-1997) chanteuse et auteure-compositrice-interprète française, était une « Léo Ferré au féminin ». Ce n'est qu'à trente-six ans qu'elle a commencé à chanter et ses textes engagés n'ont pas toujours été diffusés sur les ondes. Certaines radios rayaient volontairement ses disques, c'est dire….

Yann Madé a rencontré Pierrot, un admirateur de cette femme et lui a promis une bande dessinée hommage d'où cet ouvrage complet, foisonnant, intéressant, publié aux éditions Jarjille qui n'en finissent pas de me surprendre !

Certains parlaient d'elle en la surnommant « la chanteuse noire blanche » à cause d'une voix aux tons de jazz et de blues. Elle a été connue, au départ, pour Mélocoton.



Mais la résumer à un tube serait bien trop restrictif !

Elle ne se destinait pas forcément à chanter et puis elle a découvert le jazz, en travaillant comme secrétaire à l'OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques), comme quoi une rencontre peut changer une vie. Ce que j'ai découvert en lisant ce recueil, c'est une femme qui assume sa vie, ses choix (au point de faire un disque avec une face vierge). Elle fait tomber le masque, met sa vie en chansons et exprime avec tendresse ou colère ses émotions, ses ressentis. Elle est la voix de ceux qu'on oublie d'écouter : les immigrés en grève ou en exil, les ouvriers malmenés, ceux qui luttent et ne sont pas entendus. Elle prend le relais et elle les représente. Bien sûr, elle dérange, elle fait même fuir un de ses musiciens qui refuse de l'accompagner sur un de ses textes, mais elle ne cède pas. Elle a une force de caractère impressionnante !

Quand j'ai découvert tout cela, j'ai pensé : « Mais comment ai-je pu passer à côté ? », surtout qu'en discutant avec mes parents, je me suis aperçue qu'ils la connaissaient….

Il y a plusieurs textes de Colette Magny et à chaque fois, Yann Madé s'inspire d'une bande dessinée existante pour les mettre en exergue. C'est bien car le lecteur peut chercher le lien et qui a dessiné (et si on ne trouve pas, c'est écrit en tout petit en bas de page).

Les planches sont en noir et blanc, avec beaucoup de dégradés et de variantes. Mais la couverture est en couleur et si vous dépliez le rabat, vous voyez le visage de Colette en entier ! J'ai trouvé le contenu des bulles très complet en informations ainsi que les notes. La BD est vivante, les bulles peuvent être à cheval sur plusieurs cases, certains visages sont coupés comme si on avait « photographié » l'essentiel : un geste, une mimique, un regard …. le dessin est vif, toujours en mouvements et les différents contextes évoqués bien représentés. Cela donne un ensemble aux multiples entrées tout en restant concentré sur une femme exceptionnelle comme on en rencontre peu.


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Cher Moktar,

Suite aux attentats de 2015, il y a eu une véritable cassure en France et surtout dans le cœur des gens. La société et surtout sa pensée a beaucoup évolué même chez les plus tolérants. Beaucoup ne croit plus en une France multiculturelle à savoir black, blanc et beur. Tout cela, c’était avant. Il y a un après. On ne sait pas encore où tout cela va nous conduire. On craint le pire mais il reste toujours un espoir que les choses s’arrangent.



Là, nous avons un auteur Yann Madé qui ose nous donner sa vision un peu personnelle de la situation sur ce qui a amené à ce déferlement de violence. Les attentats ne sont pas évoqués mais c’est à l’esprit. Il est question de racisme et de la peur de l’autre. Moi, j’avouer aisément comprendre cette peur presque irrationnel mais qui se base pourtant sur des faits réels. Ils nous haïssent réellement et nous devons faire face sans angélisme.



Je salue le courage de l’auteur même si je ne partage pas tout à fait sa vision des choses. Dans sa démonstration, il y a beaucoup d’éléments qui me sont apparus comme assez pertinents. Je sais qu’il y a une certaine pudeur à ne pas parler de ces choses-là. On va faire comme nos ainés avec la guerre d’Algérie qui parlait des événements. L’auteur d’ailleurs cite cet exemple assez éloquent. On essaye d’effacer de notre mémoire ces petites choses qui dérangent afin de pouvoir continuer à vivre tous ensemble dans le calme, l’harmonie et la paix.



Une lecture assez courageuse qui pousse à la réflexion. Avec cette bd, on entre dans une France qui a du mal à boucler ses fins de mois loin des analyses médiatiques qui sont dirigées par la bienpensante. C’est vrai que la construction de cette bd est un peu brouillonne. Mais au-delà de cela, ce sont des propos qui ne manquent pas de sens bien au contraire.
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Cher Moktar,

Intelligente et drôle, la lettre de Yann Madé, au trait parfois hésitant, vise très souvent juste sur le fond.
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L'apéro

Ce nouveau sous bock met en scène des hommes, des potes devrais-je dire, qui discutent à Marseille. C’est l’été 2022 et Yann Madé est avec « sa bande ».

C’est une discussion entre « mecs », il suffit que l’un d’eux prenne de l’eau en apéro et les moqueries et questions fusent ainsi que les souvenirs. Ces derniers sont beaux, liés à la musique, à l’amitié avec un brin de folie.

C’est sans doute avec beaucoup de tendresse que l’auteur a laissé les images, les sons affluer vers lui pour devenir cette courte bande dessinée. On est vraiment au cœur de la rencontre, on sent l’ambiance entre eux.

Les dessins sont expressifs, en nuances de gris. Les bulles rectangulaires semées ici et là sur les vignettes sans indication de prise de parole. Peu importe que ce soit l’un ou l’autre qui s’exprime, ils sont copains, amis, comme les doigts d’une même main. Ils ont tant partagé et le font avec nous pour notre plus grand plaisir.


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Sandiniste !

« Je me suis aperçu que ceux que je considérais comme des idoles essayaient juste de faire ce que j’avais tenté moi-même. Sortir de la rage et de la violence pour devenir des gars un peu meilleurs. »

Une bande dessinée autobiographie sur une période de la vie de l’auteur. Pourquoi ? Parce qu’il se rappelle le 20 Juin 1979. Ce jour-là, Bill Stewart, journaliste américain est assassiné à Managua. Il couvrait la révolution nicaraguayenne, et parlait des forces rebelles sandinistes en disant « des jeunes qui font la guerre aux vieux ».

Yann Madé, alors jeune adolescent, s’est retrouvé dans ses paroles. Il était mal dans sa peau, un peu dissipé et ce genre de réflexion faisait écho en lui. Une envie de combattre mais quoi et pour qui ? Alors, quelque temps après, la découverte du groupe The Clash avec le disque « Sandinista » est une révolution musicale pour lui. Avec cet album, la musique punk rentre dans sa vie. Les titres ont été enregistrés à Londres, Manchester, New York et en Jamaïque. Yann Madé nous fait voyager aux côtés des artistes qui les ont chantés, joués.

Je pense que cette BD n’a pas été facile à « construire ». Il fallait trouver un équilibre entre les souvenirs, parfois déformés, les ressentis, les extraits de journal intime (merci à Yann Madé de partager ce qu’il a écrit ado, avec le lecteur). Est-ce que Sandinista ! a réellement changé sa vie, sa façon d’être ? La réponse a-t-elle beaucoup d’importance ? L’essentiel est ailleurs, dans le cheminement de ce gosse de treize ans qui est devenu un homme et qui assume ses choix. Il est « vrai » et rien que pour ça, la lecture vaut le coup !

Les tracés sont au crayon avec des nuances de gris, des ombres, parfois un peu de jaune. Les vignettes et les bulles peuvent se chevaucher, se diviser, se croiser. Cela donne du « rythme », du mouvement, aux pages. Si en plus on écoute les titres évoqués en fin d’ouvrage, on est embarqué.

J’ai beaucoup apprécié cette lecture. J’ai senti que l’auteur se dévoilait, nous offrait un peu de lui … les écrits de ses carnets intimes sont souvent bouleversants, et on ne peut pas s’empêcher de penser à ce qu’on rédigeait au même âge… A-t-on accompli un de nos rêves ? Lui, oui, (voir page 83) et avec brio !

NB : En fin de livre, quelques pages très personnelles puis toutes les références citées ou dessinées.


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Microsillons

La vie quotidienne n’a pas d’histoire.

Qu’elle soit en forme de spirale comme sur le microsillon ou en ligne droite avec des virages, la trajectoire de notre vie est soumise à des influences, des rencontres, des questions, des partages. En parlant de partage, c’est ce que fait Yann Madé dans ce nouvel ouvrage où ses dessins, ses textes nous offrent son regard sur son parcours de jeune garçon à artiste et père plus ou moins « accompli ».

« La vie, on a beau l’enfermer dans des sillons, ça ne tourne pas vraiment rond. »

Trois parties rythment cette bande dessinée : disque /dessin/ danse, comme trois « entrées » importantes dans la vie de l’auteur, trois chemins qu’il a pris pour se découvrir, rencontrer l’autre et avancer. Suivant notre âge, ce qu’il présente nous « parlera » plus ou moins mais quel que soit notre âge, le plaisir de la découverte sera le même. Le « schéma » est le même pour tous, il y a ce qu’on choisit parce que les amis nous disent « il faut absolument que tu écoutes, que tu lises, que tu regardes etc (barrez les mentions inutiles) et puis ces « rendez-vous » pas prévus, pas calculés où on se dit « waouhh » et où on devient à notre tour, celui qui conseille aux autres de ….

Il est intéressant de lire comment Yann Madé est venu au dessin, puis à la BD. Un cheminement qui passe par la reprise d’études, tout en ne perdant pas de vue la danse qu’il affectionne particulièrement. Ce parallèle est une belle réflexion.

« Chorégraphier signifie « dessiner le mouvement », rythme, ligne, trait, case… on utilise le même vocabulaire. »

Yann Madé revisite les airs qui l’ont accompagné tout au long de ces années et il explique ses choix. Cela nous renvoie à notre propre histoire. Quels titres ont jalonné notre quotidien ?

Les planches ne sont pas toujours constituées de cases, on peut avoir un seul personnage entouré de plusieurs bulles. Il y a beaucoup de texte et de nombreuses références musicales. Les couleurs varient dans les tons de gris, noir, marron sans autre apport comme un album de souvenirs en noir et blanc. Yann analyse son lien avec les femmes, les difficultés qu’il a eues pour entrer en relation avec elles. Il n’hésite pas à se moquer de lui-même, presque dans une auto critique bienveillante de celui qu’il a été avec ses maladresses (notamment quand il reproduit ce qu’il a vécu tout en sachant qu’il est dans le cliché).

C’est un album original, bien pensé, plaisant à lire et qui permet de chantonner !


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Un autre dessin du monde

Le propos se double d'une ode à la puissance évocatrice de l'image, quelle que soit sa nature. Le dessin y représente un souffle de liberté, quitte à être perçu comme dangereux ou blasphématoire.
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Microsillons

Si vous aussi avez quelques airs qui vous reviennent en évoquant certains souvenirs, je vous conseille cette belle lecture qui ne vous laissera pas indifférent !
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