Citations de Yolande Egyed (93)
Les actes de torture sur les animaux pour vendre des produits cosmétiques, la vivisection, les abattoirs où croupissent les bêtes faméliques, vos pseudos scientifiques endurcis, concentrés sur le mal, la mine sévère, l’âme affamée de découvertes. Leurs seules pensées rampent vers l’attribution du Nobel.
Attendez un instant, écoutez-moi, écoutez seulement. Tout ce que j’ai fait c’est une expérience scientifique. Vos médecins légistes vont dans les hôpitaux et les morgues et les horreurs qu’ils commettent ne vous affectent pas, ni les familles. Si vous aviez trouvé ces dépouilles dans une salle de dissection, ces hommes gisants dans une chambre froide, auriez-vous pensé que j’étais le mal incarné ? Auriez-vous été pris de malaise ? Peut-être certains auraient imaginé que j’œuvrais pour la science.
Elle a dans la tête un tout autre monde. Il est doux de se croire malheureux, lorsqu’on n’est que vide et désœuvré. Elle pense, les yeux fixes et noyés de langueur, tout ce qui était n’est plus ; tout ce qui sera n’est pas encore. Ne cherchez pas ailleurs le secret de ses maux.
Je suis toujours émue d’utiliser ses instruments, comme s’il était encore un peu près de moi. Je me sers également de mon ancienne mallette de docteur, le cadeau de papa quand je suis partie étudier à Nice. Tant de beaux souvenirs y sont attachés. Mes nantis ne savent pas la chance qu’ils ont.
Un regard perçant à qui on ne saurait mentir, une force intérieure rare, qui n’a rien à prouver. Elle révèle ce qu’il y a de meilleur dans l’être humain, transitant ses valeurs dans l’action, elle s’efface parfois pour mieux créer le manque. Chaque mot prononcé par elle prend dès lors valeur de symboles.
La jeune femme néglige la séduction, sa mission est d’apprendre. Elle obéit aux recommandations parentales. Elle ne sait pas qu’elle est belle. Son corps n’existe pas. Seuls palpitent son cœur ardent et son intelligence aiguisée par une observation sans concession. So british.
Les enfants n’écoutent pas leurs parents, ils les imitent. Comment interroger le regard d’un enfant absent, comme dépossédé de lui-même ?
Le père d’Adélaïde obtenait par son charme tout ce qu’il voulait, il suscitait l’attraction. James Smith avait le pouvoir de scruter votre âme. Poser les yeux sur la beauté, c’est déjà poser les yeux sur la mort. D’aucuns, suspicieux face au brio de son éloquence, s’imaginaient qu’il avait l’apparence de l’inauthenticité.
Margaret était enceinte lorsqu’elle apprit l’infidélité de son mari. Elle pleura durant toute sa grossesse. Adélaïde sentit les larmes de sa mère dans ses entrailles. Margaret Smith savait très bien donner le change, en bonne anglaise, elle ne montra jamais aucun signe extérieur de faiblesse.
Enfant précoce, sachant lire par elle-même dès trois ans, sa mère souhaitait pour sa fille une éducation, certes toute anglaise mais aussi développer son jugement critique et ses connaissances, faits inhabituels pour l’époque. Encore plus étrange, Margaret Smith, la mère d’Adélaïde, issue d’une des plus anciennes familles de la noblesse anglaise. Un portrait d’un de ses ancêtres était accroché dans le grand hall de la propriété, Aidan Wilson. Il apparaissait sanglé dans l’uniforme de Capitaine du roi, arborant un bandeau noir sur l’œil et une splendide moustache.
Elle aimait se promener dans les couloirs vides, imprégnés d’une odeur de cire et de linge propre. Comme si l’enfance était une matière magique, ni aimable, ni légère, ni sociable. Juste une liberté conquise, vraie et spontanée.
Je m’améliore même avec le temps, j’en tire une certaine fierté. Finalement, comme disait mon père, c’est en forgeant que l’on devient forgeron ! . Je suis toujours à l’affût. J’attends de trouver le bon trentenaire. Celui qui mérite que je m’arrête sur son cas. Qui est-il ? Où habite-t-il ? Que fait- il dans la vie ? Et surtout est -ce qu’il fait partie de cette caste ?
Les femmes sont froides et indifférentes à mon égard. Les hommes m’ignorent ou me bousculent dans les ruelles du Vieux Nice. Les faire payer un à un. Leur pseudo puissance disparait quand la mort approche. Quand ils savent que ma main ne faiblira pas. Ils se liquéfient, ils pleurent, appellent maman. Ils sont capables de toutes les bassesses, ils se comportent sans dignité, autant en finir vite. Mon conjoint était d’une autre classe. Cette nouvelle génération, sans tabou, sans respect de l’autre. Leur fortune ne les protège pas,
J’aime tuer quand il fait beau ou nuit. Jour de soleil pour mon époux, le soir, en souvenir de mon père, quand il me parlait de la lune et de ses mystères. Les yeux émeraude du hipster, je les ai emportés avec moi comme un trésor, je les conserve précieusement. Hier, c’était hier, je m’en souviens maintenant. Un italien, un designer.
Lorsqu’elle avait le cafard, ce qui semblait être le cas une fois par mois, elle dérogeait à ses principes et disséquait un trentenaire, en usant préalablement de poison. Elle avait une sainte horreur des jérémiades.
Le temps passe. Le psychologue commence à établir le profil du criminel. Il esquisse à grands traits le portrait d’un personnage sans pathologie particulière avant les passages à l’acte, ayant le goût de la médecine et un tempérament perfectionniste. Le tueur en série s’est probablement entraîné à la dissection pour accomplir son œuvre finale. Il se sent atteint dans son image personnelle par un évènement l’ayant dévalorisé, voire humilié.
Les médias ont joué un véritable rôle de détonateur dans l’accélération et l’aboutissement de l’enquête. Les moyens mis à la disposition de la DRPJ de Nice avait été considérablement augmentés suite à tout ce battage.
Inutile de chercher à décrypter ses sentiments, aucune ride à la surface de l’eau. On s’impose par le silence.
Se perdre m’a toujours attiré, j’attendais un signe. La Nature ne ment pas. Marcher des heures, sentir le souffle du vent et ses mystères. La conscience ordinaire ? Très peu pour moi. J’avais envie d’expérimenter une version augmentée de la réalité, des perceptions que l’on n’a pas en temps normal. Je désirais contacter les esprits.
Le passé pénètre par effraction dans sa mémoire. Les doigts de cette femme. Les souvenirs viennent taper à la porte et lui donnent la nausée. Dans le silence alentour, Nasser perçoit l’écho de sa voix intérieure qui lui est si familière.« Je me souviens des instants solitaires de mon enfance. Je n’étais pas prêt à vivre ce genre de choses. J’avais accès à une réalité banale.