Lui aussi mourrait par le cœur, il promenait la certitude d’une fin tragique et prochaine. Et, à toute minute, il s’écoutait vivre, dans une telle excitation nerveuse, qu’il entendait marcher les rouages de la machine : c’étaient les contractions pénibles de l’estomac, les sécrétions rouges des reins, les sourdes chaleurs du foie ; mais, au-dessus du bruit des autres organes, il était surtout assourdi par son cœur, qui sonnait des volées de cloches dans chacun de ses membres, jusqu’au bout de ses doigts. S’il posait le coude sur une table, son cœur battait dans son coude ; s’il appuyait sa nuque à un dossier de fauteuil, son cœur battait dans sa nuque ; s’il s’asseyait, s’il se couchait, son cœur battait dans ses cuisses, dans ses flancs, dans son ventre ; et toujours, et toujours, ce bourdon ronflait, lui mesurait la vie avec le grincement d’une horloge qui se déroule.