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Citation de PetiteBichette


Quand il fait un effort et regarde en arrière (mais cela lui est de plus en plus difficile) il se souvient de son enfance, de sa jeunesse, de ces sommeils foudroyants qui n'étaient pas un combat et qui le saisissaient, l'emportaient, le défaisaient de son corps, oui c'est cela, cette sensation d'échapper quelques heures à son corps à sa vie ,à soi, et l'emportaient au loin puis le ramenaient quelques heures plus tard sur la rive comme déposé par une vague et il se souvient encore de cette sensation de coton qu’il éprouvait au réveil et qu'il n'a plus ressenti depuis de longues années.
Au début, le sommeil s'est seulement fait lent à venir, comme l'ennemi qu'on attend dans la plaine et qui n'apparaît pas, comme l'ami absent au rendez-vous. Mais cette époque -le colonel date ça vers la fin de l'ancien régime- il finissait par s'assoupir, souvent à l'aube, il se tournait et se retournait dans le lit devenu trop tiède poisseux jusqu'à apercevoir l'est, par la fenêtre, la première lueur de l’aurore et alors il avait la sensation qu'un poids dans sa poitrine se relâchait, comme si le lynx féroce lynx de métal et de velours assis sur son cœur et ses poumons se relevait et s'en allait de ses pattes feutrées, et les yeux fixés sur la lumière rosée, il finissait par fermer les yeux et pour quelques heures, parfois seulement quelques minutes, il s'échappait de son corps, il accédait à l'oubli bienheureux du dormeur. (p.27)
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