Il se souvient. La mémoire lui revient par éclairs. Il y croyait. Ils y croyaient tous. […] Semer était sa façon de prier. Paysan n'était pas un métier. C'était ce geste ancestral toujours recommencé. Se nourrir pour ne pas mourir. Se faire l'égal de Dieu en multipliant le grain qui donne le pain. Un champ laissé en repos était un crime. Il fallait défricher le sol, l'ouvrir bien net, tracer une raie franche, semer des graines soigneusement sélectionnées. Féconder, fertiliser. Produire. Lutter sans cesse contre la nature pour s'en rendre maître. Même s'il faisait partie de la nature, lui aussi. p.115