Grégory Coupet

J'espère sincèrement que les apprentis footballeurs retiendront une chose: il ne faut surtout pas rêver de faire ce métier, il faut le vouloir. Être habité, dévoré par la passion du ballon rond. J'ai vu trop de gens quitter la route, passion du ballon rond, alors qu'ils avaient les dispositions pour devenir des professionnels, pour être aujourd'hui convaincu que le football doit s’apparenter à une obsession. C'est un investissement. De tous les jours. Il faut croire en soir, ne pas s'arrêter fac aux coups de pied au cul et aux injustices. Ne jamais baisser les bras, ne pas abdiquer.

L'angoisse du quotidien, la peur du lendemain. Un sentiment étrange qui m'habite à quelques jours, seulement, du terme de ma carrière. J'ai peur d'arrêter, oui, inquiet de ne plus imaginer, chaque matin, mon départ à l'entraînement, préoccupé à l'idée de ne plus traverser l'Europe afin de disputer des matchs à enjeux. Qu'il est difficile d'imaginer l'après, de se dire qu'on ne va plus vivre de sa passion. Il s'agit du plus gros transfert de ma vie et je ne sais comment l'aborder.

Nous étions aux premières heures de la saison 2000-2001. Moi, entraîneur des gardiens de but de l'Olympique lyonnais, lui, titulaire à part entière depuis plusieurs saisons. Lors d'un match contre Rennes, en raison du mauvais état de la pelouse, Greg encaisse un but gag qui le plonge en plein doute pendant plusieurs jours. Je décide de lui offrir un ouvrage de Paolo Coehlo, Manuel du guerrier de la lumière, dans lequel est inscrite cette phrase qui lui correspond si bien:"Un peu de folie est nécessaire pour faire un pas de plus."

La patience n'existe plus, la tolérance non plus. C'est un peu simple de se focaliser uniquement sur les joueurs.