Rendant le télégramme à Rivière, le lui posai la question:
- C'est toi qui a donné l'ordre ?
- Pas du tout
- Mais c'est signé par toi !
- C'est Weygand qui a donné l'ordre et on a mis ma signature.
- Et tu n'en savais rien ?
(...) Alors, Rivière de lever les bras en l'air. J'étais stupéfait. Mais Rivière de confesser:
- C'est tout le temps comme ça.
Parce que dans une telle période, toutes les valeurs normales étant bouleversées, et même annihilées, les meilleurs esprits désaxés, le sens du collectif perdu et le sauve-qui-peut individuel jouant à plein, les hommes vont à celui qui, dans le trouble et la confusion, donne un exemple de fermeté.
p 85
Madelon m'a retracé le triste tableau, lui aussi répété d'un bout à l'autre du pays, d'officiers de tous grades, surtout supérieurs, passant en auto, direction du Midi, avec femmes, enfants et chiens !
p40
- Comment abstenu... et pourquoi ?
- Je te le donne en mille... il m'a expliqué: "Moi, je suis juif, alors, il valait mieux m'abstenir..." Comment trouves tu celle là ?
- Je la trouve raide (...) il voudrait porter de l'eau au moulin antisémite qu'il ne ferait pas mieux.
p 149
On n'est vaincu que lorsqu'on accepte la défaite.