Un monde où il serait possible, comme le rêve l'un de nos héros, d'appeler son âme par son prénom, où tous les mots se feraient, comme les noms propres, désignations uniques, authentiques et adéquates des êtres et des choses.
Les personnages ici présentés sont des fous, et leur folie, leur irrémédiable solitude, l'incommunicabilité de leurs rêves signalent, d'une certaine façon, leur échec en ce monde : ils ne peuvent constituer des modèles pour la vie ici-bas.
Nous avions lu le récit de Hoffmann "Meister Floh". Diverses impressions s'étaient succédé rapidement en chacun de nous, car Hoffmann, cet enfant sauvage de la fantaisie, ce poète et ce fou, lui-même effrayé par les visions de sa propre invention, nous avait conduits du pays du merveilleux au monde le plus banal, du monde de la magie à la cave d'un allemand, il avait plaisanté, s'était joué de nos attentes, nous avait trompés sans cesse et, à la fin, avait disparu, comme un rêve effacé par le profond sommeil du matin !
Parfois, (...), la vision disparaît, le calme m'envahit ...
Mais cela ne dure guère ! La porte fatale est ouverte : moi, un habitant de cette terre, j'appartiens à un autre monde dans lequel je suis malgré moi un acteur et dans lequel je suis - c'est horrible à dire - l'instrument du châtiment !