Il se mit à courir et, parvenu à ma hauteur, il s'exclama : oué ! ... oué ! Puis il se précipita sur moi, m'étreignit à la manière de chez nous, c'est-à-dire qu'il me tint par la taille tout en m'embrassant une fois, deux fois, épaule contre épaule.
- Ma mère m'a bien indiqué le chemin, dit-il.
- Quelles bonnes nouvelles m'apportes-tu ?
- Je suis ton hôte. Ma mère m'a dit que tu pouvais m'aider à trouver du travail. Je voudrais vivre parmi vous.
Pour le coup, j'en eus le souffle coupé : je venais à peine de prendre pied dans la ville. Je ne disposais que d'une chambre modeste. Comment pouvais-je l'héberger ? Mes problèmes n'étaient pas résolus ; comment m'occuper de ceux des autres ? Cependant, il n'était pas question de le renvoyer. Je connaissais mon monde. Mes enfants, plus tard, auraient souffert d'un tel geste. Au village, on en aurait fait un chant qui se serait propagé Dieu sait jusqu'où.