Nicole Vedrès La mercière - où Nicole Vedrès est interviewée par Pierre Dumayet en 1965 pour l'émission "Lectures pour tous", réalisation Robert Bober, à l'occasion de la parution de son livre "Paris 6e" aux éditions du Seuil, interview extrait du film de Robert Bober "ReLectures pour tous", film hommage à Pierre Dumayet (2007)
Qui de nous n'a rêvé à la façon qu'ont les livres de nous tomber sous la main, de se glisser sous nos yeux et presque de frapper à notre porte; de la concurrence, à peine loyale, qu'ils se font entre eux lorsque la pile échafaudée sur la table de nuit bascule et que les plus légers tombent à terre tandis que les plus lourds demeurent, qui nous escorteront aux jungles de l'insomnie, au désert des dimanches. (p. 67)
Et puis, ajoutera-t-on, dans l'histoire de Calet, il n'y a qu'une question de malchance après tout, qui, avec le temps, se serait peut-être arrangée. Le temps. Oui, on sait, il guérit de bien des choses, mais il ne guérit pas, justement, de l'angoisse du temps qui passe. Calet m'avait raconté un jour que son fils, qui devait être âgé de sept ou huit ans alors, lui disait : " Oh, retiens-toi, papa, retiens-toi d'avoir cinquante ans..." Il s'est retenu tant qu'il a pu. Seulement, pour un écrivain, il n'y a guère moyen de se retenir qu'à ses livres. (p. 93)
A force d'aimer un livre, on finit par se dire qu'il vous aime.
...rappelez-vous ce que disait encore le professeur. La coutume des Indiens d'Amérique... le jeu de l'oreille sourde. C'est le jour ou jamais... et nous lui avions promis. Tout le monde doit être sourd, sauf celui qui parle, et qui dit tout...
Passe un insecte, qui se colle à la vitre. Passe, là-bas, sous le ciel aux grosses étoiles, un insecte de même, et Louis Faure, le visage penché, le nez dans ses papiers, le chasse, sans lever les yeux. Non, ne le chasse pas, l'a entendu, le laisse faire… Et trotte sur sa montre, vivante, palpitante, l'aiguille...