La ville de Pompéi avaient depuis longtemps reparu dans son entier ; les cendres seules l'avait enveloppée, et il n'avait fallu que la balayer pour la découvrir.
Il n'en était pas de même d'Herculanum ; la lave liquide, en se glissant au milieu des rues et des interstices, avait étreint les monuments dans ses rochers refroidis, comme dans des écailles, les monuments et et les habitations ; il fallait laborieusement dépouiller cette enveloppe solide, et dix années suffirent à peine à son entière résurrection.
Mais ce temps et ces travaux furent plus que payés par les admirables choses trouvées dans les entrailles de la ville ; la vie romaine y reparut aussi actuelle que la veille de la destruction. Les lois, les usages, les jeux, les mœurs, les hommes eux-mêmes, comme pétrifiés dans le roc de lave, rendaient le secret de leur existence, et, mettant en face le siècle d'autrefois et celui d'aujourd'hui, semblaient retrancher dix-huit cents années du cours des temps.
Au moment où, les matelots ayant signalé l’île, le général Bertrand vint apprendre que Sainte-Hélène apparaissait à l’horizon, l’empereur pâlit, une sueur froide parut tout à coup se répandre et briller sur son front ; on eût dit qu’un danger inconnu, qu’une apparition effrayante étaient venus glacer son âme et son sang.
Jamais il n’avait paru plus irrité et plus méprisant ; il sentait que l’Europe était à ses pieds et qu’il pouvait la fouler et la piétiner comme il lui plaisait. Tous sortirent la rage et la honte dans le cœur.