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EAN : 9782846184458
280 pages
Editions des Régionalismes (PyréMonde) (16/10/2007)
3/5   5 notes
Résumé :
L'homme n'aurait-il pas le droit de se réfugier dans sa pensée, dans son cœur, dans son imagination, pour suppléer à l'Histoire, pour conjurer ce passé, pour toucher le but espéré, pour atteindre la grandeur possible ? Or voici ce que j'ai fait : j'ai écrit l'histoire de Napoléon depuis 1812 jusqu'en 1832, depuis Moscou en flammes jusqu'à sa monarchie universelle et sa mort, vingt années d'une grandeur incessamment grandissante et qui l'éleva au faîte d'une toute-pu... >Voir plus
Que lire après Napoléon Apocryphe - 1812-1832 : L'histoire de la conquête du monde et de la monarchie universelleVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
J'ai entendu parler de ce livre pour la première fois tout récemment, en lisant l'excellent L'Histoire Revisitee: Panorama de L'Uchronie Sous Toutes Ses Formes. Ce Napoléon Apocryphe y était présenté comme l'une des premières uchronies publiées en français, avant même que le terme 'uchronie' n'apparaisse pour la première fois sous la plume de Charles Renouvier dans son livre Uchronie.

Napoléon Apocryphe se présente comme un roman historique qui vise à nous raconter le règne de Napoléon Ier, entre la campagne de Russie en 1812 et la mort de l'Empereur au sommet de sa gloire en 1832. Oui, vous avez bien lu ! le point de départ de cette uchronie est la victoire de l'armée impériale en Russie : après la prise de Moscou brûlée et dévastée par les russes, Napoléon file vers Saint-Petersbourg et défait les armées du tsar a lieu de sonner la retraite dont l'issue tragique a fait entrer le mot Berezina dans le langage courant.

A part de ce point de divergence, les victoires s'enchaînent pour Napoléon qui étend son empire de façon inéluctable sur toute l'Europe, avant de conquérir l'Asie, l'Afrique, l'Amérique et de fonder finalement une Monarchie Universelle à laquelle aucune surface du globe n'échappera. Cette ère de conquête territoriale et de consolidation politique s'accompagne d'un âge d'or scientifique , technique, et culturel.

Cette Histoire fictive est l'invention de Louis Geoffroy-Château, né en 1803 et qui a passé son enfance sous le règne de Napoléon Ier et dans le souvenir de son père, officier de l'armée napoléonienne mort au combat en 1806. Son uchronie est le fantasme d'un homme qui a grandi sous la grandeur bonapartiste et semble regretter l'Empire. Il exprime ainsi ce regret dans l'introduction de son livre :

Et si cela, par malheur, avait existé, l'homme n'aurait-il pas droit de se réfugier dans sa pensée, dans son coeur, dans son imagination, pour suppléer à l'histoire, pour conjurer ce passé, pour toucher le but espéré, pour atteindre la grandeur possible ? Or, voici ce que j'ai fait : j'ai écrit l'histoire de Napoléon depuis 1812 jusqu'en 1832, depuis Moscou en flammes jusqu'à sa monarchie universelle et sa mort, vingt années d'une grandeur incessamment grandissante et qui l'éleva au faite d'une toute-puissance au-dessus de laquelle il n'y a plus que Dieu. J'ai fini par croire à ce livre après l'avoir achevé.

Louis Geoffroy-Château témoigne d'une admiration profonde et fervente pour Napoléon Bonaparte, qu'il met en scène comme un monarque tout-puissant et quasi-infaillible dans son récit. Quand il décrit l'aboutissement de l'oeuvre de ce Napoléon fictif, la Monarchie Universelle, on le sent partager entre réalisation d'un rêve et effroi face à la terrible grandeur du fruit de son imagination. Semblant pris d'un vertige, il prête ses mots à un général épris de liberté et qui préfère la mort que la soumission au règne total de Bonaparte :

Oui, Bonaparte, il faut que je meure, je ne peux plus vivre au milieu de ton despotisme ; tu as renié ta mère, tu as étouffé la liberté sous des monceaux de gloire, et on a oublié jusqu'à son nom dans ton empire. [...] Vivre libre ! et où ? Tu ne sais donc pas toi-même, Napoléon, ce que c'est que ta monarchie universelle..... Dis- moi donc un coin de la terre qui soit libre ? dis-moi le flot des océans qui ne soit point à toi ? dis-moi s'il y a une parcelle d'atmosphère et d'air qui ne soit empoisonnée par ton despotisme universel ? Et que sais-je, si, fouillant les entrailles de la terre pour y chercher une tombe, je ne trouverai pas encore ta monarchie universelle dans ses profondeurs !

Au moment où le récit donne à Napoléon la toute-puissance sur Terre, où toutes les conquêtes sont réalisées, ou tous les projets sont accomplis, l'auteur écrit :

Arrivé à ce terme, le moment est venu d'achever ce livre. J'hésite moi-même devant l'histoire de ces dernières années, toutes pleines de la grandeur et de la félicité des hommes, mais qui ne furent pas les meilleures de la vie de Napoléon. le maître de la terre était en effet, à cette époque, parvenu au faîte, mais il était aussi parvenu au bout. Il avait dompté les hommes, épuisé les choses et usé le monde sans pouvoir s'user lui-même. Monté si haut, il portait la peine de son élévation, car il n'avait trouvé au sommet que l'humanité avec sa misère et son impuissance. N'ayant plus rien à faire, parce qu'il avait tout fini, ni rien à désirer, parce qu'il n'y avait plus pour lui de désirs possibles, trop loin des choses et des hommes, il se trouvait seul dans l'univers. Il sut alors qu'il n'y a que Dieu qui trouve, dans sa divinité, le moyen de supporter son éternelle solitude. Serait-il donc permis de sonder les dernières pensées de cette grande âme, et le maître de la terre, le roi des rois, le monarque universel, n'avait-il donc plus d'autre avenir, et peut-être d'autre espoir, que la mort !


L'ouvrage s'achève alors en juillet 1832 par la mort naturelle de Napoléon, Empereur des Français et Monarque Universel, sans que l'on sache si dans l'imagination de l'auteur sa Monarchie Universelle lui aurait survécu.

C'est un livre très particulier, une uchronie poussée à l'extrême par un auteur nostalgique de l'Empire et qui semble réaliser un fantasme intime, mais c'est aussi un récit qui se lit bien malgré parfois quelques longueurs, et une fresque "historique" passionnante. On peut regretter que ce récit ne soit pas plus critique sur Bonaparte, ses projets de conquête, sa personnalisation du pouvoir et sa volonté de contrôle total sur toute la société. Cette interrogation est présente en filigrane, mais elle semble légère face à ce semble tout de même un rêve de l'auteur.
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Une oeuvre surprenante, écrite en 1832, par un fils de grognard, qui porte dans son prénom même la vénération pour l'Empereur.
Elle peut être considérée comme une des premières uchronies : le récit repose sur une hypothèse, qui permet de changer l'histoire. Et si Napoléon avait gagné la bataille de Russie, sans retraite, sans Bérézina, sans coalition en 1813, et donc sans Cent Jours et sans Waterloo... "Tu désertais, Victoire, et le sort était las" écrit Victor Hugo dans les Châtiments évoquant Waterloo.
Ici, la Victoire ne déserte pas, elle suit l'Empereur.
C'est un roman hagiographique, au sens propre, puisque Napoléon devient quasiment un saint, voire un dieu, et pas seulement celui des batailles. le texte a donc un caractère répétitif, une succession de conquêtes - la Russie, l'Angleterre, l'Egypte, la Perse... jusqu'à l'instauration d'une monarchie universelle. L'Empereur n'a pas d'obstacles, il triomphe de tout et de tous. Par la force magnétique de son regard, il réussit même à dompter un lion... Sa toute-puissance s'exprime dans les arts, dans les sciences, dans l'urbanisme, la géographie... C'est ainsi lui qui retrouve les ruines de la Tour de Babel et la restaure. Oui, c'est gros, mais ça passe.
Ce récit manque donc forcément d'incarnation, de psychologie. A part Napoléon, il y a très peu de personnages, il dit, les autre exécutent. Seules deux scènes peuvent apporter de l'émotion, celle avec un vieux soldat qu'il nomme roi, celle avec Murat qui a encore trahi, celle avec un fanatique qui se suicide sous ses yeux.
C'est long, répétitif et lourd, certes. Mais c'est aussi visionnaire par certains aspects. Ainsi, Napoléon fait la conquête de l'Afrique du Nord pour en faire des colonies françaises, réalise l'union politique de l'Europe, perce les canaux de Suez et du Panama, lutte contre l'islam politique et le djihaad, instaure un libre-échange universel...
Une découverte, pas pour le style mais pour la vision et l'exaltation qui s'exhale de chaque paragraphe.
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Une uchronie sur Napoléon qui commence au grand incendie de Moscou lors de la Campagne de Russie. Alors que dans la réalité, Napoléon attend la reddition de l'Empereur Alexandre qui ne viendra jamais, précipitant une retraite dans l'hiver Russe catastrophique. Ici, Napoléon est plus actif et décide d'en découdre et d'anéantir ses ennemis.
Un roman tout d'abord écrit en 1836, peu de temps après la fin de l'Empire et la mort de Napoléon et au style presque historique, descriptif, laissant peu de place aux dialogues.
Ce style donne un côté plus véridique à l'uchronie mais nous immerge moins dans le récit. Ajouter au français du XIXe siècle (Enfin a une utilisation des temps plus rares dans les romans actuels), on n'accroche moins à l'histoire.
Également, on peut reprocher à l'auteur de décrire un Napoléon déifié et un conquérant invincible. Napoléon conquis le monde presque trop facilement, en peu de temps et sans coup férir la plupart du temps. Une vision très simpliste de la guerre.
Même la petite note d'humour / clin d'oeil sur l'île Sainte-Hélène manque de saveur.
Un livre finalement presque trop court pour décrire un sujet si vaste qu'est la conquête du monde par Napoléon.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
La ville de Pompéi avaient depuis longtemps reparu dans son entier ; les cendres seules l'avait enveloppée, et il n'avait fallu que la balayer pour la découvrir.
Il n'en était pas de même d'Herculanum ; la lave liquide, en se glissant au milieu des rues et des interstices, avait étreint les monuments dans ses rochers refroidis, comme dans des écailles, les monuments et et les habitations ; il fallait laborieusement dépouiller cette enveloppe solide, et dix années suffirent à peine à son entière résurrection.
Mais ce temps et ces travaux furent plus que payés par les admirables choses trouvées dans les entrailles de la ville ; la vie romaine y reparut aussi actuelle que la veille de la destruction. Les lois, les usages, les jeux, les mœurs, les hommes eux-mêmes, comme pétrifiés dans le roc de lave, rendaient le secret de leur existence, et, mettant en face le siècle d'autrefois et celui d'aujourd'hui, semblaient retrancher dix-huit cents années du cours des temps.
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Au moment où, les matelots ayant signalé l’île, le général Bertrand vint apprendre que Sainte-Hélène apparaissait à l’horizon, l’empereur pâlit, une sueur froide parut tout à coup se répandre et briller sur son front ; on eût dit qu’un danger inconnu, qu’une apparition effrayante étaient venus glacer son âme et son sang.
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Jamais il n’avait paru plus irrité et plus méprisant ; il sentait que l’Europe était à ses pieds et qu’il pouvait la fouler et la piétiner comme il lui plaisait. Tous sortirent la rage et la honte dans le cœur.
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