"Asylum" (1972), avec Peter Cushing et Britt Ekland - Trailer
Le troisième genre de sagesse est d’essence mystique.
Il s’agit de la connaissance expérientielle de Dieu tel qu’en lui-même.
Les mystiques de la tradition apophatique la décrivent comme étant silencieuse, supra-rationnelle, obscure, infuse par Dieu lui-même.
C’est la plus haute sagesse qu’il soit donné à l’homme d’atteindre en cette vie.
Comparée à celle-ci, les connaissances naturelles ne sont, dans le langage de l’auteur du Nuage, que « folies imaginaires issues de l’illusion… »
(page 51)
Avec les yeux de la foi et de l’amour, le contemplatif passe au travers des qualités corporelles du Christ pour trouver le Verbe de Dieu où il demeure dans un repos trinitaire.
(page 107)
L'humilité n'est en elle-même rien d'autres que la vraie connaissance et le sentiment vrai, pour l'homme, de ce qu'il est en soi-même.
Les concepts s’appliquent au monde qui nous entoure en un sens univoque, puisque c’est précisément à partir de ce monde qu’ils sont abstraits.
Toutefois, lorsqu’on applique ces concepts à Dieu, il faut en partie les nier.
On continue de les utiliser, bien sûr ; mais au risque de tomber dans un anthropomorphisme de mauvais aloi, on doit toujours garder présent à l’esprit qu’aucun concept ne peut s’appliquer de façon univoque à Dieu.
Il est encore moins concevable que quiconque puisse se forger une image mentale de ce qu’est Dieu.
(page 125)
Il est probable que la mystique reste à jamais un sujet qui fâche : d'abord et avant tout parce que la notion d'expérience mystique se prête aisément aux malentendus.
Les pires aberrations ont été présentées comme la plus authentique mystique.
D'ailleurs, ce terme a été défini de façon si imprécise et avec si peu de souci pour la vérité que l'on a confondu l'expérience mystique avec toutes sortes de perceptions affectives, pseudo-religieuses, esthétiques ou censées être extrasensorielles. (Thomas Merton)
(page 9)
Assurément, la justesse de propos avec laquelle il écrit montre assez clairement qu’il faisait lui-même l’expérience du silence du repos sapiential qu’il décrit avec une sereine autorité et qui provient, semblerait-il, non seulement d’une étude approfondie de la théologie, mais également de la communication silencieuse avec Dieu à la fine pointe de son propre esprit.
(page 25)
Au cours de ce travail, j’ai distingué deux sortes de pensée ou d’activité mentale : j’ai désigné l’une comme étant verticale, existentielle, supra-rationnelle, par opposition à l’autre appelée horizontale, essentielle, conceptuelle.
Cette dernière procède par images successives (une image est remplacée par une autre dans l’imagination).
Elle est donc quidditative et s’attache à ce qu’est une chose plutôt qu’au fait qu’elle est.
Dans cette forme de pensée, l’esprit a conscience du temps et de l’espace.
À cette forme de pensée appartient la logique, le discours rationnel ; il s’agit du processus conceptuel opérant dans la vie quotidienne de tout un chacun.
L’auteur du Nuage lui-même se sert de cette façon de penser lorsqu’il fait l’exposé logique de sa mystique.
(page 316)
En effet, l’élan d’amour parfait qui commence ici-bas est en tout point semblable à celui qui durera infiniment dans la béatitude du Ciel, car les deux n’en font qu’un (Nuage, ch. 20, p. 106).
L’amour parfait sur la terre est identique à celui de la vie éternelle.
(page 157)
Devant cette brusque irruption de la pensée mystique, nombre de chrétiens sincères et fidèles sont perplexes.
Que doivent-ils penser de cette avancée vers la mystique et de tout ce désordre apparent ?
Est-ce un progrès ou une régression ?
S’agit-il d’une quête du réel ou d’une fuite névrotique ?
Est-ce un engouement passager ou bien est-ce l’avenir qui s’annonce ?
La mystique a toujours été un sujet délicat rempli de chausse-trappes, recélant maints dangers et remplis d’illusions.
La plus orthodoxe tradition nous met en garde contre la grosse, le panthéisme, le monisme, le quiétisme et autres.
On ne s’étonnera guère que le chrétien soit perplexe lorsqu’il fait le tour de la situation actuelle.
(page 17)
Ce qu’il y a de véritablement commun au Zen et à la mystique du Nuage et du Livre de la direction intime, est l’abandon de la pensée discursive et de son mode quidditatif, ou portant sur l’essence, en faveur du silence du repos ontologique.
De fait, non seulement le Zen, mais aussi d’autres sortes de mystiques orientales, voire même le yoga, parlent de la sérénité d’états de calme mental, lorsque l’esprit, vidé des concepts, se trouve dans une paix sereine, enveloppé d’un « sommeil mystique » semblable à celui qui est décrit dans le Livre de la direction intime.
Tout ceci indique une ressemblance dans le processus psychologique : le même dispositif de « pensée verticale » semble opérer.
(page 259)